[cedar] Re: enseigner?

  • From: Samuel Bianchini <biank@xxxxxxxxxxxxxxx>
  • To: <cedar@xxxxxxxxxxxxx>
  • Date: Mon, 24 Jun 2002 19:51:31 +0200

Bonjour a tous,

QQs mots concernant les questions posées autour de max et de la
programmation.
Comme bcp d'entre vous, nous nous interessons a cela a Nancy et cette annee
notre Atelier Electroshop, que je coordonne, etait specifiquement dedie aux
installations interactives. Nous en avons realisees et exposees 4 avec la
chaine : Capteur/AtomicPro/InterfaceMIDI/MAC/Max/Director/Sortie (image
ou-et son, ou-et lumiere).
Vous pourrez trouver les projets sur le site Electroshop :
http://www.ensa-nancy.fr/electroshop.
Je vais mettre en ligne des videos presentant les installs realisees, et
nous allons envoyer (si ce n'est pas deja fait) un catalogue avec CDrom a
ttes les ecoles.
Pour tt cela, et nous avons deja eu des discussions l'annee derniere
concernant ces questions, nous avons opte a Nancy pour la realisation des
projets avec le soutien de specialistes : Emmanuel Flety de L'Ircam pour la
partie capteur et Atomic, Thierry Fournier sur la partie temps reel (Max),
et Sylvie Tissot pour la partie Director. Bien sur cela implique des
methodes differentes de l'experimentation proposee par Douglas et repond
surtout a la "troisieme categorie" d'etudiants dont il parle.
Je pense effectivement que l'approche methodologique est essentielle, c'est
d'ailleurs sur cette question que j'ai centre le texte d'intro de l'atelier
Electroshop de cette annee, et j'ai bcp pense a nos discussions du cedar
2001 en l'ecrivant. Vous le trouverez ci dessous ou sur le site ElectroShop.

A bientot,


Samuel



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ELECTROSHOP 3.0
installations interactives

Manipuler. Conditionner une situation. Prévoir les possibles gestes qui
activeront le dispositif pour accomplir l¹¦uvre. La réalisation
d¹installations interactives implique des stratégies particulières : les
créateurs prévoient et, en retour, les spectateurs, parfois devenus
utilisateurs, s¹emploient à manipuler les dispositifs proposés. Chacun
élabore sa tactique et se projette dans l¹activité de l¹autre, dans un
croisement actif de l¹écriture et de la lecture. Cette manipulation à double
sens est à comprendre aussi bien sous son acception idéologique que
gestuelle. Qu¹il soit explicite, implicite, ludique, sournois voire pervers,
le conditionnement, le dispositif appelle le spectateur à passer à l¹acte
mais aussi à comprendre ce qui se passe : une articulation du geste et de la
pensée favorable à tout exercice de conscience.
Si ce champ particulier de l¹installation interactive semble nouveau, il
n¹est pas pour autant privé de référents, et en particulier dans le domaine
artistique où depuis les Minimalistes et les pionniers de l¹installation
vidéo, que ce soit par exemple Peter Campus, Dan Graham, Bruce Nauman, Bill
Viola, l¹¦uvre se réalise particulièrement dans sa coprésence avec le
spectateur. Trop souvent, dans nos écoles, l¹engagement artistique qui peut
avoir recours aux technologies est soumis à la seule connaissance des
outils. Ainsi la ³PAO² engendre naturellement le ³webdesign² et le ³off
line² (CDrom, DVDrom). Finalement, la  situation arrange tout le monde : les
uns se reconnaissent dans un champ spécifique pendant que les autres
s¹abstiennent sous prétexte de ne pas confondre art et communication. Certes
la situation évolue, et la mise en place de telles recherches entend
contribuer à cet élargissement des points de vue.
Au centre de cette démarche pédagogique, un terme permet de se confronter
avec intelligence à ces technologies : la méthode. Ne nions pas, qu¹après
quelques hésitations, nous avons aujourd¹hui opté pour des méthodes proches
de celles de ³l¹industrie culturelle². Non pas pour en épouser les formes
mais pour déjouer les vices de toute expérimentation mal dosée qui finit par
s¹empêtrer dans du formalisme gratuit ou dans des formes intellectuelles
éculées comme la métaphore. Loin d¹être réfutée, l¹expérimentation trouve sa
place dans des étapes cadrées par un projet général énoncé. En effet, c¹est
ici le passage obligé par l¹écrit et le schéma, la description qui structure
toute notre méthodologie et nous positionne dans le champ technologique.
Dans ce domaine, il est essentiellement question de procédures et de
logiques. Si l¹ordinateur ne tolère pas l¹ambiguïté, pour en jouer il faut
accorder nos langages, le nôtre et le sien, en choisissant les outils et les
modes de programmation appropriés. Il faut aussi se comprendre entre nous,
puisque, rappelons-le, les Ateliers de recherche et de création de l¹Ensan,
dans le cadre du projet de nouvelle École Artem, impliquent des étudiants de
trois écoles : l¹École des Mines de Nancy, l¹Institut Commercial de Nancy,
et bien sûr, l¹École d¹art de Nancy. Une méthode structurée est alors
également structurante pour ces équipes pluridisciplinaires. Si ces
relations engagent une conscience plus forte du positionnement de chacun,
des débats formateurs et des échanges de compétences productifs, reste que
la responsabilité et le principe de réalité devant le travail artistique
nécessitent évidemment un cadre pédagogique plus soutenu. Notre pédagogie
s¹articule principalement autour des projets des étudiants, mais l¹atelier
est aussi le lieu privilégié pour rencontrer des artistes et des chercheurs
engagés dans ce domaine particulier. Ainsi, Emmanuel Fléty de l¹Ircam,
ingénieur spécialiste des capteurs, Thierry Fournier architecte et
compositeur fortement engagé sur la question du temps réel, Cécile Le Prado
compositrice ayant réalisé nombre d¹installations sonores, Sylvie Tissot
développeuse multimédia très impliquée dans l¹enseignement de la
programmation informatique, et Brigitte Zieger artiste enseignant la vidéo à
l¹École d¹art de Nancy, sont intervenus dans le cadre de cet atelier. Je les
en remercie vivement. Leurs interventions ont donné lieu à une présentation
de leurs recherches ainsi qu¹à un accompagnement artistique et technologique
pour la réalisation des projets.
Ces projets initient une pratique nouvelle au sein de notre École et font
également la preuve que les images, les médias, et plus généralement toute
³matière² informatiquement contrôlable ne sont pas exclusivement l¹apanage
de quelques-uns en mesure de former et de transformer nos réalités à leur
profit. Au contraire, opérer nos réalités est bien un acte de conscience à
partager.


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