un nouveau cycle qui commence aujourd’hui
Jeffrey Bevilacqua
Suite à une saison paradoxale, ponctuée par une 7e place en Ligue 1 et une
demi-finale de Ligue des champions, l’OL joue gros dans ces mois de septembre
et octobre. Avec une vague de départs annoncés, les rôles de Juninho et Cheyrou
ou la nécessité de ne pas s’affaiblir pour retrouver les sommets nationaux, le
mercato lyonnais sera animé. Et surtout plein d’enjeux.
Le 19 août 2020, à 22h49, la saison de l’OL s’est achevée. La folle épopée
lisboète est venue éclaircir un exercice marqué de déceptions,
d’incompréhensions et de frustrations. Pour l’Olympique Lyonnais, il est donc
temps de se tourner vers la saison 2020-2021, en surfant sur la vague du Final
8, tout en redorant le blason lyonnais sur la scène nationale. Pour cela, le
club de Jean-Michel Aulas doit s’élancer avec une équipe compétitive. Si l’OL
peut toujours compter sur son centre de formation pour sortir de nouveaux
joueurs, le mercato lyonnais va être scruté d’un oeil avisé. Tant pour les
départs annoncés de ses stars, que pour les recrues visant à les remplacer.
À LIRE AUSSI – Les leçons estivales de l’OL
Si la première phase du mercato a vu le départ de Martin Terrier pour Rennes,
Lyon est resté calme, préférant préparer les échéances nationales et
européennes. La deuxième phase se déroule donc du 15 août au 5 octobre et
devrait voir l’effectif lyonnais se chambouler. Et si il pourrait relancer un
effectif pointé du doigt pour son manque de talent, c’est bien le mercato de
tous les dangers pour le club lyonnais.
La confirmation de Juninho, la découverte de Bruno Cheyrou
Pour la première fois depuis 2009, l’OL va aborder une fenêtre de transferts
sans Florian Maurice. Le nouveau directeur sportif rennais a fait la pluie et
le beau temps pendant plusieurs années, mais laisse comme héritage un mercato
estival 2019 à première vue raté (88 millions d’euros dépensés sur
Reine-Adélaïde, Andersen, Mendes, Koné et Lucas). Désormais, Juninho a seul la
main sur les départs et les arrivées au club. Yannis, chroniqueur pour
l’émission Le Club des 5, se satisfait de cette liberté de mouvement du
directeur sportif : « Une hiérarchie claire doit être établie. Juninho est le
leader du sportif et doit être accompagné par Cheyrou. Vincent Ponsot (ndlr :
Directeur général du football) et Aulas doivent s’occuper de tout ce qui est
juridique, administratif et financier. Avec Florian Maurice, Juninho n’avait
pas tous les pouvoirs, il avait les mains liées. Désormais, il faut lui faire
confiance, qu’il prenne les choses en main, sans
parasitage autour. »
Dans le même temps, ce mercato sera l’occasion de voir les premier pas de Bruno
Cheyrou dans le costume de directeur de la cellule de recrutement. Son rôle est
simple : « Cheyrou doit assister Juninho, doit être son subordonné, établi
Yannis. Il doit mener son équipe de recruteurs vers la bonne direction,
sillonner le plus de territoires possibles et avoir un bon réseau pour aider
aux transferts. Mais Juninho doit avoir la main sur le recrutement. » Cenk
Özkaçar (19 ans), provenant de l’Altay SK (2e division turque), porte le sceau
de la première recrue signée Cheyrou.
Pleurer les cracks, relâcher les boulets
Avant d’acheter, cet OL doit vendre. Juninho l’a d’ailleurs confirmé ce jeudi 3
septembre, sur OLTV : « Il faudra certainement diminuer l’effectif avec le peu
de matches à jouer. Il y aura sans doute plus de départs que d’arrivées. Par
exemple, nous avons 3 latéraux de chaque côté, c’est trop. » Aussitôt dit
aussitôt fait, Fernando Marçal est envoyé du côté de Wolverhampton. De leurs
côtés, Rafael et Tete sont annoncés partants, respectivement en Turquie et en
Angleterre. Bertrand Traoré et Marcelo semblent également sur la liste des
transferts. Ces départs ou futurs départs sont de bonne augure pour Yannis, qui
voit un moyen de « dégraisser les joueurs qui ont fait leur temps à l’OL. »
D’autres cas soulèvent plus de questions. Jeff Reine-Adélaïde est l’un d’entre
eux. À la surprise générale, il a publiquement demandé son transfert dans les
colonnes de L’Équipe. Malgré son talent certain et l’investissement de 25
millions qu’il a suscité, faut-il le conserver ? « Il n’y a aucun problème pour
que nous discutions dans mon bureau de sa situation », annonce Juninho.
Parmi les départs à prévoir, certains vont être des crève-cœurs pour les
supporters et le board lyonnais. Étincelant lors du Final 8, Houssem Aouar est
plus que jamais annoncé loin de la capitale des Gaules. C’est le directeur
sportif lyonnais himself qui l’avait annoncé. À un an de la fin de son contrat,
Memphis Depay est également déclaré partant, à Barcelone ou à la Roma, selon
les dires de Jean-Michel Aulas. « Un départ de ces deux joueurs devra être
compensé par un élément créatif au milieu, capable de jouer haut. Ça pourrait
être JRA ou Cherki, mais c’est possible de prendre un joueur supplémentaire »,
anticipe Yannis. 3e meilleur buteur de Ligue 1 la saison passée (16 buts),
Moussa Dembélé fait aussi partie des joueurs majeurs qui pourraient partir,
contre un gros chèque.
Compenser les départs avec intelligence
Sans coupe d’Europe l’année prochaine, le calendrier lyonnais sera allégé. Pas
besoin d’un effectif de 25-30 joueurs donc. Le nombre de recrues devrait être
limité et servira surtout à remplacer les nombreux départs. La stratégie du
trading, dictée par Florian Maurice depuis quelques années, va-t-elle prendre
fin avec l’avènement de Juninho ? Il serait temps, selon le chroniqueur du Club
des 5 : « Il faut la tempérer pour plus de logique sportive, annonce Yannis.
Avec le trading à tout va, personne ne se reconnaissait dans cette équipe, il
n’y avait pas de cohérence dans le profil des joueurs. Avec cette stratégie, un
mercato loupé et c’est la catastrophe. » Dur de lui donner tort, quand on sait
que l’OL a investi près de 90 millions l’été dernier, pour finir à la 7e place
de Ligue 1 et, surtout, n’avoir aucune recrue estivale titulaire lors du Final
8 de Lisbonne.
Cette phase finale de la Ligue des champions a montré à Lyon les qualités dont
il disposait, notamment au milieu du terrain. Mais également les limites dans
le jeu et dans l’exploitation du ballon. Alors, même s’il a éliminé la Juventus
et Manchester City, surfer sur ce 3-5-2 lors de ce mercato estival serait un
pari risqué. En effet, ce système à la mode a besoin de pistons qui disposent
d’une technique balle au pied intéressante. Et c’est pourtant là que pêche
l’OL. Contre Dijon, lors du premier match de la saison, Cornet et Dubois ont
cumulé 26 centres, pour un seul réussi. Si Rudi Garcia et Juninho veulent
vraiment poursuivre avec ce dispositif, des recrues à ces postes clés
s’imposent. Sinon, un passage à quatre défenseurs semblent plus opportun.
L’autre facteur à ne pas négliger avec ce système est l’utilisation de Bruno
Guimarães. La très (très très) bonne pioche du dernier mercato hivernal se sent
mieux avec plus de libertés offensives. Contre Dijon, on l’a vu se porter vers
l’avant, pour apporter sa patte technique dans les 30 derniers mètres, chose
qu’il ne peut pas faire avec un rôle de sentinelle. « Avec un système de double
pivot, il est plus intéressant car il s’occupe de la relance, mais peut aussi
se projeter. Dans un système à trois milieux, il perd de son influence, ajoute
Yannis. Je pense qu’il suffit de quelques mauvais résultats pour que l’OL
repasse à quatre derrière. Donc calquer ce mercato sur ce système, je ne pense
pas que ce soit une bonne idée. »
Ne pas négliger « l’ADN du club »
Le mercato dans le sens des arrivées s’annonce donc plutôt calme, surtout sans
l’argument d’une coupe d’Europe pour attirer des joueurs supérieurs. Et puis,
la grande force de l’OL réside également dans son centre de formation, qui a su
combler les nombreux trous ces dernières années. « La formation est la chose la
plus importante à l’OL, c’est l’ADN du club », rassure Juninho. Pourtant, les
départs de Pierre Kalulu et surtout d’Amine Gouiri restent en travers de la
gorge des supporters lyonnais.
Le directeur sportif et son coach l’ont compris, Lyon dispose d’un vivier de
talents reconnu en Europe. Dans le sillage de l’explosion de Maxence Caqueret
(20 ans), ils devraient pouvoir s’en servir au lieu de recruter en masse. Si
Rayan Cherki (17 ans) devrait disposer d’un rôle à la hauteur de son talent
cette année, Melvin Bard (19 ans) semble s’imposer en tant que doublure, au
poste de latéral gauche. En défense centrale, Sinaly Diomandé (19 ans) plait
beaucoup au directeur sportif de l’OL, qui ne souhaite pas lui faire trop
d’ombre.
Après un premier mercato où l’acclimatation à son nouveau rôle fut compliquée
et un deuxième où il a recruté Bruno Guimarães, Juninho a désormais toutes les
cartes en main pour lancer un nouveau cycle à Lyon. Cela passera inévitablement
par ce mercato, qui définira les grandes lignes de l’OL version Juni. Et si la
meute de lions devrait perdre quelques félins aux dents acérées, celle-ci
s’apprête à rugir de nouveau. Grâce à son chef de meute et à ses jeunes
lionceaux.
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