PSG-OL : fin de la guerre froide entre Al-Khelaïfi et Aulas
Paris et Lyon se retrouvent ce vendredi en finale de la Coupe de la Ligue.
Après des années de méfiance et d’accrochages, l’heure est à l’apaisement entre
les deux clubs dirigés par Nasser Al-Khelaïfi et Jean-Michel Aulas.
Jean-Michel Aulas et Nasser Al-Khelaïfi n’ont pas toujours été sur la même
longueur d’onde, mais la crise sanitaire a permis de rapprocher leurs points de
vue.
Jean-Michel Aulas et Nasser Al-Khelaïfi n’ont pas toujours été sur la même
longueur d’onde, mais la crise sanitaire a permis de rapprocher leurs points de
vue. LP/Olivier Lejeune
Par Dominique Sévérac et Anthony Faure
Le 30 juillet 2020 à 05h58
Deux acronymes pour deux présidents qui se chamaillent depuis des années. D'un
côté JMA, Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, de l'autre NAK, Nasser
Al-Khelaïfi, celui du PSG. Les deux hommes se retrouveront ce vendredi dans la
corbeille présidentielle du Stade de France à l'occasion de la finale de la
Coupe de la Ligue entre leurs deux équipes (21h10).
Club des années 2000 avec sept titres de champion de France de rang, Lyon a
pris ombrage de l'émergence du PSG passé sous pavillon qatarien dans les années
2010 au cours duquel Paris a glané… sept titres de champion de France. La
mésentente n'a jamais viré à la rivalité. Elle demeure cordiale et les
positions viennent d'évoluer. Un peu.
La crise sanitaire les rapproche
Grand pourfendeur du projet parisien - un club financé par un Etat -, le
dirigeant de Lyon n'a cessé de louer ces dernières semaines l'implication
nouvelle de son homologue dans les instances françaises et européennes. Au sein
de l'Association européenne des clubs - puissant groupe de lobbyistes
réunissant les grandes écuries européennes dont JMA est devenu une cheville
ouvrière -, NAK n'a pas forcément brillé par sa présence et son influence
depuis sa cooptation dans cet aréopage sélect. Cette fois-ci, le Parisien s'est
investi pour que la Ligue des champions reprenne, persuadé que le PSG peut la
remporter.
En France, les deux pontes possèdent un ennemi commun : la Ligue de football
professionnel (LFP) en général et son directeur exécutif, en particulier,
Didier Quillot. Chacun de son côté nourrit une rancœur contre l'ex-dirigeant
d'Orange. L'un l'accuse de favoriser les dessins du rival marseillais et son
président Jacques-Henri Eyraud quand l'autre lui reproche d'avoir cédé les
prochains audiovisuels à Mediapro et non à BeIN Sports dont il est le patron à
l'échelle mondiale.
PODCAST. Parti de rien, ancien handballeur, comment Jean-Michel Aulas a bâti un
empire du foot
Pendant la crise du Covid-19 et l'incertitude sur la reprise du Championnat de
France, JMA et NAK se sont associés notamment à Lille et Saint-Etienne en
fondant un groupe influent voulant décider de la suite des opérations par
eux-mêmes, en marge des actions de la LFP. Cette dissidence a une nouvelle fois
concilié les positions des deux hommes. Même s'il calcule tout, y compris ses
éloges, Jean-Michel Aulas s'est révélé dithyrambique dans Le Parisien le 28 mai
à l'instant de commenter le rôle de NAK : « Il a fait des efforts fantastiques
de solidarité, de présence dans toutes les réunions. Il a essayé de trouver des
solutions à son niveau. […] Il a fait le maximum pour aider le football
français. »
Des divergences politiques de fond
JMA n'a pas varié d'un pouce : pour lui, Lyon et Paris ne partent pas sur un
même pied d'égalité quand le championnat commence. Pour lui, un Etat qui
sponsorise un club relève du dopage financier. Tout le monde connaît ses idées
en la matière et il a décidé qu'il n'avait plus à alimenter ce débat
publiquement. Ce que lui demande en fait depuis des années le président du PSG
qui n'a cessé de lui répéter en privé dans des réunions de la LFP quand ils
siégeaient ensemble ou en public lors d'interviews : « Arrêtez de parler de
nous ! »
LIRE AUSSI > Les meilleures (ou les pires) déclarations de Jean-Michel Aulas
sur le PSG
Les analyses de JMA sont contagieuses et il a réussi à convaincre une partie de
l'opinion que le PSG version Qatar n'avait pas vraiment de mérite à remporter
tous ses titres nationaux. Comme il ne critique plus, Aulas peut même se
révéler élogieux, surtout s'il veut se mettre le PSG dans la poche. Toujours
dans Le Parisien le 28 mai : « Le PSG apporte une caution et des moyens
considérables au foot français pour essayer de se développer. Ils sont, comme
Lyon, les plus grandes victimes de l'arrêt brutal du championnat. Pour Lyon, on
aura perdu près de 100 millions d'euros de chiffres d'affaires. Je crains que
pour le PSG, ce ne soit le double. » Derrière la caresse, il y a toujours une
(petite) vacherie quand même.
L’heure est désormais à l’apaisement entre Nasser Al-Khelaïfi et Jean-Michel
Aulas. LP/Guillaume Georges
L’heure est désormais à l’apaisement entre Nasser Al-Khelaïfi et Jean-Michel
Aulas. LP/Guillaume Georges
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Comme lors du transfert de Tanguy Ndombele de Lyon vers Tottenham l'été
dernier, JMA regrette que cet argent massif du PSG ne profite pas à la Ligue 1.
Il rêve d'un club de la capitale qui recruterait les meilleures pépites de la L
1, ce que Paris a peu fait, hormis dans des proportions gargantuesques avec la
venue de Kylian Mbappé de Monaco contre 180 millions d'euros en 2017. Ces
dernières saisons, Ferland Mendy (Real Madrid) ou Corentin Tolisso (Bayern
Munich) auraient pu échouer au PSG mais Paris préfère recruter des joueurs
étrangers quitte à ne pas toujours avoir du nez, de Jesé à Julian Draxler en
passant par Gregorz Krychowiak. Sauf qu'il existe un obstacle de tacle : comme
c'est Paris, le tarif des transferts grimpe automatiquement de 20 %,
l'obligeant presque à explorer un autre territoire que la L 1 dans ces
conditions.
Deux hommes qui s'apprécient finalement
La crise sanitaire a donc rapproché les points de vue et même les escarmouches
récentes - une passe d'armes entre Juninho et Leonardo, les directeurs sportifs
au sujet de Neymar - n'ont pas réussi à embraser les deux clubs. C'est que
l'heure est à l'apaisement et que l'on reste entre gentlemen. Si JMA ne
supporte pas Jacques-Henri Eyraud, le président de Marseille, qui le lui rend
bien, il a beaucoup de respect pour NAK, Jean-Claude Blanc, directeur général
délégué du PSG, ou encore Leonardo.
Il a même songé à lui pour occuper le banc de l'OL en décembre 2015 afin de
remplacer Huber Fournier, finalement évincé au profit de Bruno Genesio.
Juninho, qui peine parfois à incarner la fonction de directeur sportif, envie
le charisme de Leonardo, parfait dans le costume de patron du domaine sportif.
Les deux hommes entretiennent une bonne relation malgré l'épisode récent qui
les a mollement opposés.
Pour Lyon, le vrai rival, l'ennemi même, se nomme désormais Marseille parce que
l'OM boxe dans la même catégorie et menace la place qu'il lorgne en Ligue des
champions. Avec Paris, l'heure reste à la distanciation et aux gestes barrière
avec le projet qatarien mais JMA et NAK ne prennent plus vraiment de gants pour
se parler. Ils ne s'embrassent pas encore et sans doute même jamais mais les
positions se réchauffent, doucement, et quand un intérêt commun les réunit.
Source Le Parisien :
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