PSG-OL : c’est parti pour le Lumièrico !
Victor Levarlet
Même si le rendez-vous annuel du 8 décembre a été annulé cette année pour cause
de coronavirus, les Lyonnais n’ont pas oublié de saluer la Vierge Marie en
déposant de nombreux lumignons à leurs fenêtres mardi soir dernier. S’il
s’agissait d’abord de la remercier pour avoir protégé la ville de la peste en
1643, on peut légitimement penser que certains supporters en ont profité pour
lui glisser une petite prière alors qu’un match important face au PSG se
profile ce week-end.
Si les Parisiens revendiquent l’appellation “Ville Lumière” du fait d’un
éclairage public qui a toujours impressionné les touristes, c’est bien à Lyon
que Louis et Auguste Lumière ont inventé le cinéma.
En conséquence, Planète Lyon vous présente les enjeux de ce premier “Lumièrico”
2020-2021.
NAK versus JMA, bataille de coqs
Avant l’arrivée des Qataris au PSG, Jean-Michel Aulas était sans aucun doute le
président le plus puissant de France. En plus de gérer le budget le plus
important de Ligue 1, il savait faire jouer de son influence pour préserver les
intérêts de son OL. L’entrée en lice des dirigeants de QSI à la tête du club de
la capitale en 2011 a changé cette donne et le boss lyonnais a mis du temps a
accepté de devoir composer avec un Nasser al-Khelaïfi bien décidé a influer, au
moins autant que le président des Gones, sur les grandes décisions prises pour
le football hexagonal. Fidèle à lui-même, JMA a alors alterné piques acides et
compliments admiratifs envers son homologue parisien. « Ou vous avez la chance
d’avoir du pétrole et du gaz sous les pieds et vous pouvez vous payer tout ce
que vous voulez, ou vous ne les avez pas, et dans ce cas-là, vous êtes obligés
de combattre pied à pied pour avoir les deux places européennes qui rapportent
de l’argent » lâ
chait-il par exemple en zone mixte au moment de commenter l’arrivée de Neymar
au PSG en 2017.
Les attaques contre les fonds illimités du propriétaire qatari, le président
Aulas va en faire sa spécialité. Il accuse successivement le club parisien de
pratiquer le « dumping financier », de « tuer la compétition », mais aussi
d’être « subventionné par un État qui vient polluer complètement le
fonctionnement d’une économie traditionnelle ». Aux yeux de Nasser al-Khelaïfi,
JMA va dépasser les limites un soir de mai 2016, à la veille d’un match crucial
pour la deuxième place face à Monaco (6-1) : « Il y aura un titre de champion
de France à la clé, car le Qatar ne fait pas partie de la France ». Si les
piques lyonnaises avaient jusqu’ici été plutôt ignorées, le président parisien
ne laisse cette fois-ci pas passer et recadre Aulas lors d’un conseil
d’administration de la Ligue le mois de septembre suivant. « Ce jour-là, Nasser
a dit les choses avec un ton ferme et précis, racontait Claude Michy à
l’Équipe, le président de Clermont.
Il lui a dit de s’occuper de son club et d’éviter de faire des commentaires
sur le PSG. »
Depuis ce jour, même si une petite boutade sur la puissance financière du PSG
n’est jamais à exclure, le président Aulas semble avoir mis de l’eau dans son
vin. En janvier 2018, JMA se montrait même dithyrambique à l’égard de son
confrère : « Je n’en veux pas à Nasser, je combats le système qu’il représente.
Ça n’enlève rien à l’estime que j’ai pour lui. L’homme n’est absolument pas en
cause. Si j’avais trente ans de moins, j’aimerais bien lui ressembler. Il est
intelligent, élégant, à l’aise. » osait le président lyonnais dans les colonnes
du Parisien. Se revendiquant supporter numéro 1 du club parisien lors de la
finale disputée par le PSG l’été dernier lors du Final 8 (défaite 0-1 face au
Bayern Munich), JMA semble dorénavant considéré NAK comme un allié de choix,
surtout depuis l’arrêt du championnat 2019-2020, des suites de la crise
pandémique. « C’est une revanche pour le football français qui mérite quatre
quali
fiés en Ligue des champions et deux en Ligue Europa. C’est mon prochain
combat, uni avec Nasser » déclarait à l’AFP celui qui avait tenté de lutter
seul contre tous pour une reprise du championnat, après la double qualification
française pour les demi-finales du Final 8.
De ce duel présidentiel plein de testostérone découle une réalité sportive : le
Paris Saint-Germain considère l’OL comme son principal rival sur la scène
nationale.
Le PSG prend l’OL au sérieux
Si Lyon a ramené aussi peu de points du Parc des Princes ces dernières années,
c’est d’abord parce que les Parisiens savent que Lyon est un concurrent à
prendre très au sérieux. « Je pense que Lyon va faire une bonne saison.
J’espère que nous pourrons être là pour lutter aussi. Bien sûr, il y a le
classique avec Marseille, mais à mon avis, Lyon est l’équipe à battre » lâchait
par exemple Thiago Silva au début de la saison 2019-2020. Si cette déclaration
n’avait finalement pas été prémonitoire (Lyon finira 7ème), elle traduit un
respect évident des Parisiens à l’égard de ce que représente l’OL. “C’est quand
même Lyon en face, ils ont sur le papier une excellente équipe, assez jeune,
ils ont beaucoup de qualités et il ne faut pas nous enlever le mérite d’avoir
marqué 4 buts.” se félicitait Thomas Meunier, après la victoire des siens (4-2)
en février 2020.
Du côté des entraîneurs qui se sont succédé sur le banc parisien depuis le
début de l’ère qatarie, même son de cloche. « C’est une équipe qui joue bien
avec le ballon, qui aime la possession et est désormais plus rapide dans la
transition vers l’attaque. Pour nous c’est important dimanche, au Parc des
Princes et devant nos supporters, d’imposer notre style. Mais on a du respect
pour eux.» prévenait Unai Emery avant le PSG-Lyon (2-0) de septembre 2017,
match au cours duquel Tanguy Ndombele avait éclos aux yeux de la France
entière. En mars de la même année, l’Uruguayen Edinson Cavani abondait dans le
même sens au micro de PSG TV : « On sait qu’avant de rejoindre nos sélections
nationales respectives, nous avons un gros match à jouer face à Lyon. C’est une
équipe qui travaille bien, qui est compétitive, toujours en haut de classement,
et un grand club.» Paris ne prenant jamais un match contre l’OL à la légère,
c’est du côté des Gones q
u’il va falloir trouver les ressources pour se décomplexer, et réussir enfin à
faire au minimum jeu égal avec l’ogre parisien.
Vaincre la malédiction
Dix défaites, un nul et une victoire… Depuis l’arrivée de QSI à la tête du PSG,
toutes compétitions confondues, les déplacements au Parc des Princes virent
presque toujours au supplice pour les joueurs lyonnais. Humiliations qui
finissent par également atteindre les supporters. Pour justifier l’altercation
entre quelques supporters et Bruno Genesio dans les rues de Lyon en septembre
2018, le président Aulas mettait notamment en avant ce complexe d’infériorité à
l’égard du club parisien : « Un lobby s’est créé. Ce sont des supporters très
sympas, au demeurant très jeunes. Ils ont un peu le complexe du Paris
Saint-Germain, ils aimeraient qu’on le concurrence un peu plus. » . Il est vrai
qu’en tant que deuxième budget de Ligue 1 (285 millions d’euros), l’OL devrait
a minima titiller le PSG chaque année jusque dans les ultimes journées du
championnat. Et comme c’est loin d’être le cas, ce gouffre se traduit sur le
terrain lorsque les deux éq
uipes se rencontrent, notamment en terres parisiennes. « Il n’y a pas de bon
moment pour jouer le PSG. C’est une très grande équipe quelque soit les joueurs
qui seront présents dimanche » prévenait Bruno Genesio avant un match au
Groupama Stadium, finalement remporté par l’OL (2-1). En février 2020, alors
que l’OL patine sérieusement en championnat et vient de concéder un match nul
et vierge à domicile face à Amiens, Rudi Garcia affiche également ses craintes
avant le déplacement de ses joueurs au Parc (défaite 4-2 finalement) : « Si on
perd des ballons comme aujourd’hui parce qu’on cherche trop compliqué et donc
on a du déchet… si on a du déchet à Paris, on va se faire corriger. »
Pourtant dimanche, c’est un OL en forme (6 victoires lors des 7 derniers
matchs) qui se présente face à un Paris plutôt friable et qui a déjà concédé
des points cette saison (1 nul et 3 défaites). « Avec cette victoire, on va
pouvoir aller au Parc avec un peu plus d’ambition. Le PSG est au-dessus de tout
le monde, quand ils jouent à 100%. Ils ont un gros match à jouer mardi (face à
Basaksehir, le match se dispute finalement ce mercredi, ndlr) et une
qualification à obtenir en Ligue des champions.» promettait Garcia après la
victoire de ses joueurs à Metz (3-1). « Le PSG est très fort. Mais on est
seulement à deux points et on va faire tout notre possible pour essayer de le
rejoindre. Si on a le bon état d’esprit, la volonté de jouer en équipe, d’être
bien compact, je crois que l’on pourra faire un bon résultat. L’objectif est de
se qualifier pour la C1. On est quatre ou cinq équipes en deux, trois points,
et le rendez-vous à Paris sera l’occasi
on de nous rapprocher. Si on dépasse le PSG, ce sera une belle performance. La
saison est encore longue. On est 3e et il faut être ambitieux » s’emballait
même Mattia De Sciglio dans Le Progrès.
Il ne reste plus qu’à traduire les paroles en actes.
Source Planète Lyon :
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