Juninho, rassembler pour mieux régner
par Johan Paravy
Un an et demi après sa nomination au poste de directeur sportif, Juninho est
considéré comme l’un des principaux artisans du renouveau de l’OL. Chronique
d’une stratégie qui commence à porter ses fruits.
La légende brésilienne a pris ses fonctions de directeur sportif au cours de
l’été 2019, dix ans après son départ du club en tant que joueur. Si son retour
a fait naître une vague d’espoir dans le coeur des supporters, son
apprentissage s’est avéré difficile. Sous l’oeil des critiques après l’échec
Sylvinho, jugé parfois trop discret dans les médias, l’ancien milieu de terrain
a vécu des premiers mois compliqués. Mais à l’image de son tempérament sur le
terrain, il n’a jamais semblé cédé aux déstabilisations. En témoigne cette
déclaration devant les journalistes au mois de décembre 2019 :
« Ce n’est pas bon l’injustice, de dire que je ne suis pas là. Je choisis
simplement le moment où je veux parler. C’est mon droit. Je viens par respect,
au moment où je pense que c’est l’idéal. Ça ne sert à rien que je passe ici
souvent. Je fais mon rôle avec les joueurs dans le vestiaire. On parle de tous
les sujets, j’inclus les problèmes avec les supporters. Donc, je n’ai pas peur
de ça. J’ai peur d’autre chose, mais pas de ça. C’est mon métier, c’est ce que
j’ai fait toute ma vie. Je n’ai pas peur de mon poste non plus. Je respecte
beaucoup cette institution. Je respecte beaucoup le club. C’est ici que j’ai
peut-être connu les meilleurs moments de ma carrière. Mais je vais continuer de
bosser […] Pour l’instant, je n’ai réussi qu’en tant que joueur. »
Des propos qui résonnent forcément aujourd’hui, à la lueur d’une saison qui
pourrait bien s’avérer historique pour l’OL. Car ils traduisent parfaitement la
stratégie mise en place par le directeur sportif brésilien : travailler dans
l’ombre et n’être jugé que par ses résultats.
Détruire pour mieux construire
Juninho a surtout renoué avec les symboles historiques de la réussite du club,
en instaurant un état d’esprit de gagnant porté disparu depuis trop longtemps.
« Il faut changer l’équilibre de l’équipe, l’état d’esprit. Si les joueurs ne
sont pas contents d’être là, il faut qu’ils partent, la saison n’a pas été
idéale et on veut faire quelque chose de meilleur l’an prochain. L’année
dernière en arrivant j’ai rencontré certains joueurs qui n’étaient pas contents
d’être là, j’étais surpris. Il y a très peu de joueurs qui peuvent jouer à un
niveau plus élevé que le nôtre. On a discuté avec certains, il y aura des
départs et des arrivées. L’état d’esprit c’est fondamental, ceux qui ne seront
pas contents vont partir », avait-il notamment déclaré au mois de juin dernier
avant le Final 8.
Encore une fois, les actes ont suivi les paroles. Le grand ménage opéré lors du
mercato estival, a été une étape fondamentale dans le changement d’état
d’esprit global. Au total, 18 joueurs ont quitté le club au cours de l’été.
Avec pour objectif de dégraisser un effectif bien trop fourni pour ne jouer que
le championnat, mais aussi de construire un groupe de guerriers capables
d’adhérer à sa vision. Une construction qui avait déjà débuté les mois
précédents avec le recrutement de Bruno Guimaraes et de Tino Kadewere et qui a
été poursuivi avec les arrivées de Lucas Paqueta, Djamel Benlamri et plus
récemment d’Islam Slimani. En s’entourant de joueurs capables de comprendre que
se mettre au service du collectif servirait leurs ambitions personnelles,
Juninho a permis à Rudi Garcia – dont le bon travail est également à souligner
– de pouvoir tirer un maximum de la concurrence.
Une stratégie qui porte ses fruits
Juninho n’est évidemment pas le seul acteur de ce renouveau de l’OL, actuel
leader de Ligue 1. Mais le directeur sportif lyonnais est bien la pierre
angulaire de la réussite du club, en se faisant le relais entre les ambitions
de la direction et l’aspect sportif. Du choix de l’entraîneur à son discours
auprès des joueurs, en passant par le mercato, il a su mettre en action une
vision qu’il avait annoncé.
Sera-t-elle suffisante pour permettre aux Gones de s’offrir le 8e titre de
l’histoire du club dès cette saison ? L’avenir nous le dira. Une chose est
sûre, le retour de Juninho a contribué à construire une équipe à laquelle les
supporters peuvent de nouveau s’identifier. Un groupe qui véhicule les valeurs
historiques du club, dont la légende brésilienne est l’un des symboles. Ils
peuvent de nouveau s’autoriser à rêver, sans complexe. Et rien que pour cela,
le pari est réussi.
Source Lyon Sports Actu :
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