Bruno Guimarães, le numéro complémentaire
Même si son match contre Saint-Étienne a été contrasté entre une première
période lumineuse et une seconde plus laborieuse, il n'aura fallu que trois
matchs à Bruno Guimarães pour s'adapter et se faire adopter par l'Olympique
lyonnais. Une histoire de 39 et de sang neuf.
Par Mathieu Rollinger
Il s’en est fallu de peu pour que les supporters lyonnais ne puissent voir ça.
Car à quelques détails contractuels, à quelques coups de fil, à quelques
attentions, Bruno Guimarães aurait pu tomber dans l’escarcelle du Cholo Simeone
et de l’Atlético. Lui, le milieu d’un autre club athlétique, celui de
Paranaense, a avoué vouloir de prime abord faire connaissance avec l’Europe
avec les Colchoneros, avant de s’engager avec l’Olympique lyonnais cet hiver. «
L'Atlético avait ma préférence, mais ils n'ont jamais insisté pour m'envoyer un
message ou pour m'appeler, confiait le Brésilien au micro du Canal Football
Club. Dès que Lyon a pris contact, ils ont été très attentionnés envers moi. »
Et s’il apparaît aujourd’hui avec le 39 dans le dos, ce n’est en aucun cas pour
le faire passer pour un gamin en post-formation. À l'inverse, l’OL a dû
expressément demander à la LFP une dérogation pour que ce numéro puisse lui
être attribué, alors
que le 30 est le maximum autorisé pour les joueurs sous contrat professionnel.
Taxi Dreamer
Le jeu en valait la chandelle, puisque cela fait partie des petites
délicatesses faites par le club de Jean-Michel pour que le mariage à plus de 20
millions d'euros d'indemnités soit heureux. En effet, ce fameux 39 est un
symbole pour la famille Guimarães, puisqu'il correspond à l'immatriculation
flanquée sur le taxi que son père conduit depuis 22 ans. « J'ai commencé à
travailler à 14 ans dans un hôtel de Rio, racontait Dick Gómez Rodríguez Moura
à France Football. Et je suis devenu taxi en 1997, quand ma femme était
enceinte de Bruno. Dès que Bruno est allé à l’Athletico Paranaense, je lui ai
dit que s’il pouvait choisir, il devait demander le maillot numéro 39. Il nous
a toujours porté chance. » Son compatriote Juninho le savait et Bruno Guimarães
n’a rien eu besoin de demander en posant le pied en France. Comme quoi, les
belles histoires peuvent parfois commencer en demandant un numéro.
Mais ce petit jeu de séduction n’était qu’un avant-propos. Quelques semaines
après sa signature, le capitaine de la sélection olympique brésilienne n’a eu
besoin de personne pour charmer ses nouveaux supporters. Après une première
titularisation satisfaisante à Metz — pour prendre prise de son nouveau
quotidien, celui de la Ligue 1 pas toujours brillante, quelque fois chaotique
et toujours exigeante —, Bruno G a gagné sa place pour deux rendez-vous plus
prestigieux au Groupama Stadium : un huitième de finale aller de Ligue des
champions face à la Juventus, puis le 120e derby. Difficile de faire mieux
comme entrée en matière, et le garçon n’a pas mis longtemps pour se mettre à
niveau.
Sacrés numéros
Mercredi contre la Vieille Dame, si on a pu le confondre de loin avec Houssem
Aouar (une question de carrure, de déplacements et de dégradé), il n’a fallu
qu’un quart d’heure pour s’apercevoir du bien qu’il pouvait apporter à ses
nouveaux coéquipiers. En retrait par rapport à Aouar et Tousart, le Brésilien
s’est attelé à mettre de l’huile dans le jeu lyonnais pour mieux libérer ses
deux compères du milieu. « C’est un joueur technique, qui est capable dans les
petits espaces de faire jouer ses partenaires, de fluidifier le jeu, analysait
Rudi Garcia après la victoire européenne (1-0). Il est très bon dans le jeu
court, il ne perd pas beaucoup de ballon. Il est intéressant dans l’animation
offensive. J’ai bien aimé aussi son intelligence, le fait qu’il coupe les
trajectoires, qu’il supplée Houssem et Lucas lorsqu'ils devaient sortir sur les
latéraux. Il a fait un match intelligent, un match propre. » Ce dimanche, face
à Saint-Étienne (2
-0), ce fan d’İlkay Gündoğan a remis le couvert. Si bien qu’au plus fort de la
domination rhodanienne, on ne voyait que lui sur le terrain.
Des ballons grattés dans les pieds de ses vis-à-vis, des ouvertures bien
dosées, du jeu en déviation, des projections incisives, de la complémentarité
avec ses partenaires du milieu... tout semblait déjà bien rôdé. En observant ce
ballet depuis la tribune, Thiago Mendes ne pouvait que se ronger les ongles :
son cadet a montré bien plus en trois matchs que lui en une demi-saison.
Évidemment, tout cela reste à parfaire. En seconde période face aux Verts,
Guimarães a été moins en vue, si ce n’est pour ses fautes répréhensibles et
réprimandées. Celle commise en fin de match sur Denis Bouanga aurait pu
engendrer une égalisation de Kolodziejczak sans le sauvetage de Marçal. Il y a
quatre jours, son accrochage sur Paulo Dybala dans la surface aurait pu aussi
coûter un penalty et gâcher la belle première impression. Pour autant, le
Brésilien a déjà gagné du temps et du crédit, des choses précieuses quand on
veut s'imposer dans un club comme l'Olympique lyonn
ais.
Source So Foot :
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