À Marseille, « on aime beaucoup plus Rudi Garcia depuis qu’il est à Lyon ! »
Par Hugo Hélin
SCHADENFREUDE. On a voulu poser une question simple aux Marseillais : est-ce
que voir Rudi Garcia se planter à l’OL en ce début de saison leur fait plaisir
? Et on a vite deviné la réponse en voyant la taille des pavés qu’ils nous ont
rapidement envoyés ou en entendant les grands éclats de rire de l’autre côté du
fil. « Je réponds toujours avec plaisir sur deux mecs : Bielsa et Garcia ! Mais
pour des raisons opposées », se marre ainsi Mourad Aerts, auteur d’un livre
Enquête sur une relation passionnelle sur le passage du deuxième nommé à l’OM.
Garcia n’a pas autant marqué le football et l’OM que Bielsa, mais son niveau
d’entraîneur n’est pas vraiment le point principal qui ressort lorsqu’on évoque
les raisons de cette détestation. « Une saison aura suffi à percevoir ses
limites tactiques », note toutefois Olivier, supporter de 45 ans né à Orléans
comme Labrune et Thauvin (c’est lui qui le précise). « Au final, sa tactique «
ALLEZ LES POULETS ! » montre ses limites », renchérit Didier, quarantenaire à
sneakers. Mais le souci vient d’ailleurs. « Je n’ai pas tant de reproches que
ça à faire sur le plan du jeu, c’était dégueulasse mais c’est bien pire avec
Villas-Boas. J’avais plus de plaisir à regarder les matchs de Garcia que les
derniers », avoue Philippe, tombé amoureux de l’OM en même temps que de Lorik
Cana.
« Un humain exécrable »
« Il n’y avait pas forcément plus de jeu, mais il y avait au moins une forme de
solidité et de cohérence. Par contre, sur le plan humain, je compte sur les
doigts d’une main les fois où Villas-Boas a été un peu mesquin. Alors que Rudi
Garcia est un humain exécrable. » Voilà le fond du problème, que Pof28,
illustrateur et auteur de la bande-dessinée L’OM en vrac, tente de synthétiser
en une longue phrase. « Rudi Garcia fait partie de ces gens tellement persuadés
d’avoir raison qu’ils en deviennent invivables dès lors qu’ils ont tort et qui
préfèrent mourir avec leurs idées plutôt que d’admettre leur invalidité en en
changeant. »
« Ce n’est jamais la faute de Rudi Garcia », renchérit Olivier. « C’est la
faute de l’arbitrage, des joueurs qui n’appliquent pas les consignes ou de
l’herbe trop grasse. Rudi Garcia, ce sont aussi des phrases faites pour
désamorcer qui au final ont l’effet totalement inverse. Les « mon équipe c’est
celle de la première période » ou les « si on avait marqué, on aurait égalisé
». J’exagère à peine. »
« Je me souviens par exemple qu’il a descendu publiquement Sakai en mettant en
relation des mauvaises performances et le fait qu’il ne parle pas français »,
se souvient Philippe. « Non seulement tu n’assumes pas tes responsabilités mais
en plus tu t’en prends à quelqu’un de plus faible que toi, qui n’était
franchement pas le plus responsable. » Aerts, qui a pratiqué Garcia en
conférence de presse pendant trois ans pour Football Club de Marseille,
rembobine. « D’abord ça a été de la faute des journalistes. On se qualifie en
Ligue Europa en gagnant un match contre Domzale et il plastronne comme jamais
en disant en gros « Je vous ai bien fait fermer vos gueules, vous les médias
pleins de négativité ». Ensuite ça a été l’arbitrage, avec le fameux match
contre Lyon et le fait que s’il y avait la vidéo l’OM serait en Ligue des
Champions. La troisième saison, c’était la faute des joueurs. Tous les deux
matchs il disait qu’il allait y avoir du
changement. Mais c’était pas déjà le cas y a deux semaines ? »
#CestPlusChezNous
« Sa comm passait uniquement avec une personne à Marseille, et c’était
Jacques-Henri Eyraud qui l’adorait. » Alors, avec un an de recul à la tête de
l’OL, les Marseillais ont-ils toujours la même rancœur contre leur ancien coach
? « Quand il a quitté l’OM et a signé à Lyon, les supporters marseillais
avaient vraiment un compte à régler. Je pense que le match de la saison
dernière, avec la grosse performance de Payet et la victoire, a un peu réglé
notre différend avec lui », tempère Aerts. « Surtout qu’on le voit faire
n’importe quoi avec vous… »
« De la même manière qu’à Lyon on doit avoir conscience de subir une double
peine en supportant Rudi Garcia et en supportant le plaisir venimeux ressenti
par les marseillais, du côté de l’OM, c’est double prime : prime de ne plus
l’avoir chez nous et prime de le voir faire chez vous un remake de son épopée
phocéenne« , renchérit Olivier avant de détailler les similitudes. « De sa com
désastreuse à son rapport aux supporters en passant par sa gestion des jeunes,
sa cannibalisation de la direction sportive (auquel Juni résiste mieux que Zubi
semble-t-il), ses inventions aux postes de latéraux (pas toujours malheureuses
d’ailleurs), ses défaites contre les gros ou bien encore cette propension à
toujours faire le résultat qu’il faut au bon moment pour rester vivant, éviter
un licenciement, faire croire que « ça y est c’est reparti » ou « ah on va
pouvoir capitaliser là dessus ». »
« J’avoue que j’ai eu un peu peur que le mec ne s’en sorte pas tellement
c’était moche », raconte Didier en se rappelant de premiers mois lyonnais où «
Twitter avait remplacé Pornhub » et en assumant son schadenfreude. « Et puis ça
va en demies de Ligue des Champions en perdant deux matchs sur trois. Mais il
va en demies et ça lui redonne du crédit aux yeux de sa direction, pour notre
plus grand plaisir. » D’autres ont un peu plus de compassion. « Je ne vais pas
non plus écouter des confs de Garcia pour le plaisir maintenant qu’il est à
l’OL », reconnaît Philippe en pensant sans doute aussi à sa santé mentale. «
Mais il y a quand même l’idée exprimée par le slogan « C’est plus chez nous ».
T’as cette satisfaction de voir qu’il continue à faire la même chose, mais plus
chez toi. Ce n’est pas toi qui es énervé après une conférence de presse, ce
n’est pas toi qui es saoulé par la manière dont il gère le résultat. Qu’il soit
à l’OL, c’est tout de même une petite cerise sur le gâteau. »
Sympathies inattendues
Et l’arrivée à Lyon de Rudi Garcia crée même des sympathies inattendues. « On
l’aime beaucoup plus depuis qu’il est à Lyon ! », rigole Aerts. « Y avait un
rejet complet chez certains, maintenant il y a presque une petite affection.
Mais du genre ‘Ah, quand même, qu’est-ce qu’il est con…’. » Pof28 voit lui les
choses dans l’autre sens. « J’ai l’impression que Garcia me rapproche
émotionnellement des supporters lyonnais. »
« À présent, plutôt que de leur rire au nez, j’ai plus souvent envie de leur
taper sur l’épaule en leur disant : « Ouais… On sait ce que c’est. On a vécu
ça. Courage. » Je vois certains supporters lyonnais réagir de la même façon
qu’on a réagi, faire les mêmes blagues, proférer les mêmes insultes, ça me fait
rire et je me sens proche de vous », s’apitoie l’illustrateur avant de se
charger lui-même de la conclusion de cet article. « Du coup, Rudi Garcia est-il
en train de réussir l’incroyable tour de force de réconcilier les supporters
lyonnais et marseillais ? Non, quand même pas, faut pas non plus exagérer. »
Hugo Hélin
Source Libéro Lyon :
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