Coronavirus : quel impact pour l’Olympique lyonnais ?
13 avril 2020 A 12:20 par Razik Brikh
Thierry Sauvage, directeur général de l’OL, évoque pour Lyon Capitale les
répercussions du coronavirus d’un point de vue social, sportif et économique.
Le bras droit de Jean-Michel Aulas et ses équipes ont du pain sur la planche
afin de préparer au mieux une éventuelle reprise des compétitions. Entretien.
Lyon Capitale : Comment l’Olympique lyonnais a-t-il géré cette crise sanitaire ?
Thierry Sauvage : On n’a pas encore fini de la gérer car c’est un long chemin
un peu redondant. En premier lieu, on s’est penché sur le volet social. Comme
pour beaucoup d’entreprises, on a déterminé les salariés qui pouvaient opérer
de leur domicile en télétravail et ceux qui ne le pouvaient pas et qui ont été
placés en chômage partiel ou total. On a quelques équipes qui restent sur place
au Groupama Stadium [le stade situé à Décines, NdlR], pour des fonctions qu’on
ne peut pas externaliser et qui doivent être réalisées. Peu de personnes sont
dans ce cas-là. On avait beaucoup communiqué avec les salariés sur les gestes
barrières, les attitudes à avoir. Désormais, grâce au télétravail, on gère des
dossiers qui sont multiples et notamment la crise. La méthode de travail
diffère totalement. On a des réunions de “reporting” et on réalise du
management à distance sur ce que l’on peut ou ne peut pas faire. La crise va
durer encore un cert
ain temps. On a évidemment adressé tous les sujets de réflexion au président
(Jean-Michel Aulas) à Vincent Ponsot (directeur général adjoint juridique,
ressources humaines, RSE et administration sportive) au niveau de la Ligue (de
football professionnel), de la Fédération (française de football). On a trouvé
différentes hypothèses sur la reprise des compétitions en fonction de la durée
de l’épidémie. Les sujets sont multiples, financiers, humains, business, on
essaie de trouver une continuité.
Combien de salariés sont en télétravail et au chômage partiel ?
Au chômage partiel, il y a l’effectif professionnel masculin et féminin,
l’académie (située à Meyzieu) et certains salariés ;
Combien d’employés travaillent encore au Parc OL et quels métiers exercent-ils ?
Il y a quelques personnes en logistique pour la boutique en ligne. Il y a
également les salariés chargés de l’entretien des terrains car on ne peut pas
les laisser sans s’en occuper pendant aussi longtemps.
Pour quelles raisons avoir mis le personnel sportif au chômage partiel ?
C’était une disposition légale qui s’offrait à nous*. Il me paraît logique de
mettre les effectifs professionnels en chômage partiel. Des salariés sont
également au chômage partiel, les joueurs sont des salariés et l’on vit une
crise sans précédent. Je pense que c’est l’objectif social que d’opérer dans un
cadre légal qui concerne toute la société.
Envisagez-vous de demander aux joueurs de faire un effort sur leur salaire ?
Cela peut être une réflexion mais que nous n’avons pas encore évoquée à l’heure
actuelle. En fonction de l’évolution des choses et de la durée, cela pourrait
également devenir une piste de réflexion globale du football français. Si cela
devait advenir, une disposition globale des clubs sera nécessaire. Mais pour
l’instant, ce n’est pas encore envisagé.
Durant cette période de confinement, comment se passent les échanges avec les
joueurs et avec le staff technique ?
Il y a un contact médical et d’assistance aux joueurs qui est mis en place. On
suit, avec nos médecins, l’évolution mentale et physique de l’ensemble de nos
effectifs. Ils ont un minium d’entretien à effectuer même si les conditions ne
sont pas identiques à ce qu’ils connaissent habituellement.
Quelle est la prise de position du club par rapport aux joueurs étrangers qui
souhaitaient rentrer chez eux ?
Notre objectif était de garder tout le monde sur place. Je sais pour avoir
échangé avec les dirigeants de l’Asvel qu’ils ont pris la décision de laisser
partir leurs joueurs à l’étranger rejoindre leur famille sous réserve d’être
présents dès la reprise. Nous, notre souhait est de garder le maximum de
joueurs à Lyon.
Quelles sont les conséquences économiques de cette crise sanitaire pour l’OL ?
Nous sommes un club coté en bourse. Nous avons une obligation d’information du
marché et nous n’allons pas communiquer sur les conséquences financières
actuellement. Il faut savoir raison garder dans le sens où pour publier des
éléments, il faut avoir des certitudes or, actuellement, les différents
scénarios de reprise des compétitions se bousculent et aucune date n’est
connue. Notre position est de dire que si le championnat se termine au 30 juin
ou mi-juillet, les conséquences seront peu importantes car nous aurons les
droits télé qui seront enregistrés et les recettes qui en découleront quasiment
normalement, sauf si certains matchs se jouent à huis clos. Si le championnat
ne reprend pas, le scénario sera totalement différent. En raison de notre
position de société cotée, on ne souhaite pas communiquer sur ce sujet.
Le modèle mis en place ces dernières années par l’OL Groupe vous permet-il de
mieux gérer la crise ?
Je dirai que cela est propre à toutes les sociétés dans tous les domaines. Les
entreprises qui sont en bonne santé sont forcément mieux placées. Dans ce
domaine-là, on est dans la logique économique globale. On a peut-être plus de
forces que d’autres en ce moment précis. Il faut tout de même savoir combien de
temps cette crise sanitaire va durer et quand l’activité normale pourra
reprendre. On se projette déjà sur la reprise, il nous manque simplement le
délai pour déterminer dans quel scénario nous nous trouverons.
Vous avez décidé de donner 300 000 euros à la lutte contre le coronavirus. L’OL
se devait de faire preuve de solidarité ?
Oui, c’était une évidence. Malgré toutes les difficultés liées à cette crise,
il était nécessaire pour nous, acteurs sur un territoire, d’aider les soignants
par l’achat de matériel et d’autres dispositifs que l’on a mis en place. La
recherche via les HCL notamment afin d’aider à trouver un remède au Covid-19.
C’est un acte citoyen et, avec le président, on souhaitait instaurer quelque
chose de significatif le plus rapidement possible par rapport à notre
responsabilité d’acteur de la région.
C’est une continuité par rapport à la Fondation OL ?
On a été l’un des premiers clubs, il y a plus d’une dizaine d’années, à créer
cette fondation, à la compléter avec un fonds de dotation. On a énormément
d’équipes qui travaillent sur ces sujets-là. On avait tous les outils et la
volonté pour le faire.
L’Olympique lyonnais veut-il être un moteur pour inciter les clubs
professionnels à s’engager financièrement ?
Des initiatives ont été prises assez vite par des clubs italiens et européens.
C’est la responsabilité du football d’engager des actions dans ce domaine. On
est l’Olympique lyonnais, on doit le faire. Il faut aider les soignants, la
recherche et on veut essayer d’entraîner avec nous, à travers la cagnotte**,
des sympathisants, des joueurs, des supporteurs. On veut créer un mouvement de
solidarité par rapport à ces événements.
Regrettez-vous la tenue, le 26 février, du match de Ligue des champions
OL-Juventus ?
Non, on ne peut pas le regretter car l’on raisonne toujours dans un temps
donné. On a joué ce match. Il faut savoir qu’on doit respecter les règles de
l’UEFA qui avait décidé de maintenir ces rencontres (de Ligue des champions).
La vérité des jours d’après n’était pas la même mais on a fait ce que l’on
devait faire sur le moment.
Y aura-t-il un avant et un après cette épidémie pour l’Olympique lyonnais ?
Je pense qu’il y aura un avant et un après pour tout le monde. Beaucoup de
choses vont changer. Sur le plan business, il y aura des évolutions, de même
que sur le plan environnemental, dans la société, dans les relations de
travail. On est en train de tester le télétravail grandeur nature. Sur le plan
sociologique, il y aura également des changements. Je ne sais pas si le
football échappera à cette évolution globale de la société, je ne pense pas. Il
y aura peut-être des particularités propres à notre sport.
*Le joueur (ou joueuse) placé en chômage partiel reçoit une indemnité
correspondant à 70 % de sa rémunération brute. Ce pourcentage correspond à
environ 84 % de son salaire net. L’État rembourse ensuite au club la
rémunération versée dans la limite de 4,5 fois le SMIC, soit environ 5 500
euros net.
**https://www.ol.fr/fr-fr/football-club/ol-foundation/donation-covid
Source Lyon Capitale :
https://olplus.fr/dcQyT
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