[helpc] Les pirates du haut débit

  • From: "Shaka( Rudy)" <strub.rudy@xxxxxxxxx>
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  • Date: Mon, 15 Apr 2002 06:24:34 +0200

Semaine du jeudi 11 avril 2002 - n°1953 - E-Media 
Les pirates du haut débit
C?est fou ce qu?on peut faire avec un vieux PC et une antenne, quand on
est débrouillard: brancher sa maison, son quartier, ou même son village
sur une connexion à l?internet rapide, par exemple, sans rien payer!
Baptisé Wifi, ce nouveau service se développe à la vitesse grand V 
  _____  



 
On a fait leur connaissance sur le forum de discussion du site
speka.net, et le rendez-vous a été pris par mail. Aucun nom n?a été
échangé (à moins que hash@xxxxxxxxxxxx), aucun numéro de téléphone n?a
été donné. Juste un lieu pour la rencontre: le cybercafé l?Orbital, en
face du jardin du Luxembourg, à Paris. C?est le lieu qui fait office de
QG et de labo d?expérimentation du groupe des Speka. Heureusement, les
hackers de Speka (ils se définissent comme tels) étaient repérables à
des kilomètres à la ronde. Trahis par le fatras informatique encombrant
leur table! Tripotant des diodes et des antennes, voilà Michel Luczak,
20ans, le chef de bande. Etudiant à Normale sup, il est fou
d?informatique depuis tout petit. Signe particulier: il héberge chez lui
une quinzaine d?ordinateurs. A ses côtés, ses acolytes Guy et Marc, deux
ingénieurs d?une quarantaine d?années, ainsi que Gaëlle. Gaëlle n?est
pas une grande experte de LAN, CPU et autre Ethernet, mais la cause a
besoin de bras! C?est que Speka veut convertir tout Paris au Wifi, rien
de moins...
Le Wifi? Derrière cet acronyme, diminutif de wireless fidelity, se cache
une nouvelle technologie qui permet de faire de l?internet sans fil, à
très haut débit: les câbles sont remplacés par des ondes radio, qui sont
20 fois plus rapides que l?ADSL! Regarder un film sur son ordinateur
portable ou consulter ses mails dans un hall d?aéroport, c?est cela
l?avenir en version Wifi. Scénario de science-fiction? Même pas. Car il
y a un phénomène très troublant avec le Wifi... ça marche! L?Orbital est
le premier endroit public en France à avoir été «wifisé». Michel, le
portable sur les genoux, exhibe fièrement l?écran. «Là, je surfe sur le
web sans aucun fil qui traîne», dit-il. Il suffit d?une ridicule petite
carte à insérer dans le portable. Et d?une borne d?accès au sous-sol du
café. On s?attend à y voir une machine genre HAL, avec plein de boutons
qui clignotent. Déception... «On a récupéré une vieille tour de PC
d?occasion, branché l?antenne, et c?est tout», expliquent les petits
génies. Coût total de l?opération: environ 600euros. De quoi permettre à
Michel de rêver tout haut: «Il suffirait d?une borne pour équiper une
ligne entière de métro. Et si les mairies s?y mettaient un peu...»
C?est certainement grâce à son côté sympa-bricolo que cette petite
technologie underground surgie de nulle part est en train de se propager
à la vitesse grand V. «C?est un peu le même genre de phénomène boule de
neige que Napster. Sauf qu?à la place de s?échanger des fichiers MP3 les
membres des communautés Wifi se partagent leur accès à internet»,
explique Daniel Kaplan, directeur de la Fing (Fondation Internet
Nouvelle Génération). Du coup, c?est dans une joyeuse anarchie que
poussent les bornes Wifi, loin des mastodontes du secteur, les France
Télécom et autres! «Ils ont préféré gaspiller des milliards pour le
téléphone mobile multimédia, cet UMTS, dont on ne sait même pas quand il
sera opérationnel», ironise Bruno Salgues, chercheur à l?Institut
national des Télécommunications. A France Télécom, on s?escrime à
expliquer que l?UMTS permettra de faire beaucoup plus: alors que le Wifi
est réservé à un usage stationnaire (on surfe quand on s?arrête dans un
parc ou une gare), l?UMTS, lui, sera l?apogée du nomadisme. Mais de quoi
aura-t-on le plus besoin, nous, simples humains: de regarder un film sur
un portable en faisant notre jogging, ou de «seulement» relever notre
mail avant de prendre un avion?
Ce désintérêt des gros investisseurs a permis au virus Wifi de se
fortifier dans son coin, alimenté par toute une armée de l?ombre de
bénévoles. Ils donnent des coups de main ici où là, achetant des
antennes, et peu soucieux d?une quelconque utilisation commerciale. «Il
règne le même esprit pionnier qu?aux débuts du web, quand l?internet
n?avait pas encore été colonisé par les marchands», s?exclame Marc
Picornell, de Speka. Les wifistes sont les nouveaux gauchistes, à la
fois technos, mondialisés et antifric! Ils sont souvent issus de la
communauté du logiciel libre. Ils se sont rencontrés dans ces
innombrables salons consacrés au logiciel gratuit Linux, dans des forums
de discussion, et ils n?utiliseraient les systèmes Windows pour rien au
monde. «Il serait anormal que France Télécom ou Microsoft récupère la
technologie à son compte. L?accès à internet devrait être gratuit. C?est
un service public comme un autre», s?enflamme Marc Revial, 27ans,
ingénieur à Albertville. Marc a créé le réseau wireless.fr qui regroupe
toutes les initiatives Wifi hexagonales, de Nantes à Lyon, en passant
par Limoges. Il suit de près ce qui se passe hors des frontières:
Etats-Unis, Grande-Bretagne, Israël... Le travail de sape est en cours!
Des quartiers entiers de Seattle, San Francisco ou Londres sont
désormais wifisés. Et pas que des zones pour bobos branchés. Dans le
réseau animé par James Stevens, à Londres, il y a déjà 400 points
d?accès, y compris dans des zones défavorisées de la ville. «C?est, bien
entendu, une clientèle qui n?intéresse absolument pas les fournisseurs
d?accès! Alors, il faut bien quelqu?un pour pallier ce manque.» Le Wifi
comme solution miracle pour les délaissés du Net? C?est une évidence
pour Pierre, qui habite à Mane, petit village de 1000 habitants dans les
Alpes. A Mane, souscrire un abonnement au Net, c?est déjà un vrai
casse-tête, alors n?espérez même pas une connexion à haut débit, via le
câble ou l?ADSL: personne n?irait s?embêter à équiper un village si loin
de tout! Du coup, Pierre, qui a monté une petite boîte d?effets spéciaux
de jeux vidéo, se ruine en factures de téléphone. Le remède? Ce serait
de pouvoir accrocher une antenne en haut d?un château fort qui surplombe
les environs. De la sorte, tous les villages du coin pourraient profiter
d?un accès sans fil ultrarapide. Seulement voilà. En France, tout ceci
est pour l?instant interdit. La fréquence radio utilisée par le Wifi
(2,4 gigahertz) est théoriquement réservée à la Défense. On peut
l?utiliser pour soi, et chez soi uniquement. Et attention, on ne
plaisante pas avec la loi! Pour la convention d?Autrans, de janvier
dernier, un rendez-vous consacré à l?internet, Marc Revial avait
organisé une démonstration Wifi, en accrochant une antenne à un
télésiège. Succès total, médiatique et technique. Sauf que le lendemain
les gendarmes débarquaient pour vérifier que tout avait été décroché.
Résultat de toutes ces tracasseries? La communauté française Wifi a pris
le maquis. Elle cultive le secret à l?extrême. Tout le monde sait
pertinemment que des antennes et des points d?accès sont en train de
fleurir clandestinement un peu partout en France, mais chut...
Interdiction d?en parler. Un peu paranoïaque, le petit milieu Wifi bruit
de rumeurs, de légendes. Celle de ces étudiants de Paris-III, qui ont
caressé l?idée d?équiper un café voisin de l?université et auraient vu
débarquer les flics. Ou l?histoire de cette ville qui, dans le plus
grand secret, a accroché des antennes sur les lampadaires pour être
totalement wifisée... On parle de La Rochelle. Les intéressés, eux,
démentent. Mais qui croire? «On avance dans l?ombre. C?est la tactique
de la guérilla», plaisante Marc. Et la guérilla va continuer un bout de
temps: après avoir engagé une consultation publique, l?ART, l?autorité
publique qui surveille les télécoms, vient d?annoncer qu?elle
«réfléchissait à un assouplissement de la réglementation», mais sans
bien sûr donner d?échéance: il faudrait, dit-on encore, «engager une
réflexion» avec le ministère de la Défense et le Parlement pour que les
choses bougent...
Alors Marc, comme les membres de Speka, n?a peur que d?une chose. Se
faire prendre de vitesse par les grands opérateurs, qui peuvent se
réveiller et faire main basse sur le Wifi. La tentation du lucre est
forte, et déjà des dissidents, qui comptaient utiliser le réseau à des
fins plus commerciales, ont fait sécession. En attendant, les purs et
durs continuent le combat. Et jurent que d?ici peu toutes les antennes
illégales sortiront du placard. Un peu comme au bon vieux temps des
radios libres. DOAN BUI
 
 
 
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Shaka( Rudy)
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