[Helpc] La vie (pas très) privée au temps de Google

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  • Date: Thu, 17 Oct 2002 23:23:08 +0200

La vie (pas très) privée au temps de Google
 
New York Times

 


 
 

 
 

 
 
À l'heure de l'Internet, avoir un nom distinctif n'est pas de tout
repos. Camberley Crick en sait quelque chose. En juin, Mme Crick, une
Américaine de 24 ans qui donne des leçons privées d'informatique à temps
partiel, s'est rendue à un appartement de Manhattan pour aider un homme
dans la quarantaine à faire l'apprentissage de Windows XP.
Après leur session, l'homme lui montra une pile de pages Web imprimées
qui, disait-il, étaient apparues en tapant le nom de Mme Crick dans le
populaire moteur de recherche Google.

«Vous avez été très active», lui a-t-il lancé à la blague. L'homme avait
notamment trouvé le site Web familial de Mme Crick, un jeu d'ordinateur
qu'elle avait conçu au collège, le programme d'un concert auquel elle
avait participé et une nouvelle qu'elle avait rédigée à l'école
primaire, intitulée Tommy the Turtle.

«Il semblait en savoir long sur moi», dit Mme Crick. Il connaissait même
le nom de ses frères et soeurs.

De retour à la maison, elle a immédiatement retiré des renseignement du
site Web familial, y compris l'histoire de tortue, que son père avait
affichée en 1995 «quand le Web était plus innocent», dit-elle. Elle a
par la suite découvert qu'une copie du texte demeure disponible dans la
base de donnée des pages Web archivées de Google. «Vous ne pouvez vous
extraire du Web en pièces détachées», note Mme Crick.

L'érosion graduelle de l'intimité personnelle ne date pas d'hier. Depuis
des années, des défenseurs de la vie privée nous mettent en garde contre
les périls de l'ère électronique.

Curiosité passagère

Jadis, cependant, seules les agences gouvernementales et les entreprises
avaient les ressources et la main-d'oeuvre requise pour surveiller les
renseignements personnels. Aujourd'hui, la puissance combinée de
l'Internet, des moteurs de recherche et des bases de données archivées
permet à presque n'importe qui de se renseigner sur n'importe qui, même
pour de simples motifs de curiosité passagère.
Lorsque des personnes comme Mme Crick tentent de diminuer leur présence
électronique - elles découvrent que la tâche est loin d'être simple.
L'Internet, qui devait introduire une nouvelle ère d'information sans
limites, incite au contraire certaines personnes à limiter les
renseignements personnels à leur sujet.

«Il est devenu de plus en plus commun de voir des gens rechercher des
renseignements personnels sur le Web, dit Mme Crick. Vous devez
réfléchir sur ce que vous voulez qu'on sache ou qu'on ne sache pas sur
vous.»

Difficile de se cacher sur le Net

Ces jours-ci, les identités personnelles, professionnelles et
informatiques deviennent de plus en plus transparentes. Les jeunes
adultes dans la vingtaine utilisent les moteurs de recherche pour
s'informer des personnes rencontrées à des fêtes. Des voisins profilent
d'autres voisins. Des travailleurs passent des collègues de travail au
crible de l'Internet.

Autrement dit, il devient de plus en plus difficile de cacher son passé,
ou même de se réinventer dans la tradition américaine. «Le résultat net
sera un retour au village, où tout le monde se connaissait», dit David
Brin, auteur d'un livre intitulé The Transparent Society. «L'anonymat de
la vie urbaine sera perçue comme quelque chose de temporaire, voire
étrange.»

Certains croient que la perte de l'anonymat pourrait s'avérer dangereuse
pour ceux et celles qui veulent demeurés cachés, comme les victimes de
violence conjugale.

«Si vous vivez dans une nouvelle ville en tentant de vous cacher, il est
passablement facile de vous retrouver entre Google et les dossiers
gouvernementaux en ligne», dit Cindy Southworth, conceptrice de
programmes d'éducation technologique pour les victimes de violence
familiale. Plusieurs corps publics, dit-elle, «mettent tout sur le Web
sans songer aux conséquences».

«Google et ses semblables sont en voie de créer un ensemble plus grand
que la somme de ses parties», dit Jonathan Zittrain, directeur du
Berkman Center for Internet and Society à la faculté de droit de
l'Université Harvard. «Bien des gens pensent qu'ils sont une aiguille
dans une botte de foin, un visage anonyme dans la foule. Mais dès que
quelqu'un s'intéresse à vous, l'outil de recherche permet de dissoudre
le reste de la foule.»

Les gens en sont réduits à se demander comment vivre en sachant que les
détails de leur vie peuvent être examinés par une grande loupe
virtuelle.

L'anonymat perdu«L'anonymat nous offrait une protection contre les
petites erreurs, ajoute M. Brin. Désormais nous devrons vivre nos vies
comme si tout geste pourrait se retrouver en page 27 du journal dans
deux ans.»

Waqaas Fahmawi, âgé de 25 ans, signait des pétitions librement quand il
fréquentait l'université. «Par le passé, vous pouviez physiquement
signer une pétition et savoir qu'elle sombrerait dans l'oubli», dit cet
Américain d'origine palestinienne qui occupe un poste d'économiste au
ministère du Commerce.

Mais après avoir découvert que ses signatures estudiantines avaient été
archivées sur l'Internet, il hésite à signer des pétitions, craignant
que des employeurs éventuels puissent lui reprocher ses opinions
politiques. Il a l'impression que son droit d'expression politique a été
réprimé.

David Holtzman, rédacteur en chef de GlobalPOV, un site Web sur la vie
privée, estime que la notion de vie privée subit présentement une
transformation générationnelle. Les jeunes adultes d'un peu moins et
d'un peu plus de 30 ans supportent le poids de cette transformation,
dit-il, parce qu'ils ont grandi avec des notions traditionnelles de
l'intimité alors même que les détails de leur vie étaient capturés
électroniquement.

«Ça vous donne presque une bonne raison de donner un nom fade à votre
enfant, dit M. Holtzman. Vous leur rendez service en faisant ça.»

De fait, quand Beth Werbick, résidante d'Austin, Texas, âgée de 29 ans,
a changé son nom à Beth Roberts après un divorce, elle voulait justement
se donner un nom générique. Les résultats d'une recherche Google sur
«Beth Werbick» ne parlent que d'elle. Mais une recherche du nom «Beth
Roberts» fait apparaître des milliers de pages Web...

Erreurs d'interprétation et d'identité

Un des désavantages des profils instantanés sur Internet, c'est
l'absence de contrôle de la qualité - et peu de protection contre les
erreurs d'interprétation. Les fragments de vie qui apparaissent sur
l'Internet sont quelque peu fortuits. Ils peuvent être incomplets, hors
contexte, trompeurs ou carrément erronés.

John Doffing, chef de la direction d'une agence Internet de spectacles
appelée Start-Up Agent, était surpris de voir combien de postulants lui
demandaient de parler de son expérience comme cadre gai dans la région
de Silicon Valley. Certaines personnes le croient homosexuel, même s'il
est hétérosexuel, à cause de son association à des oeuvres
philanthropiques liées au sida et d'une galerie d'art en ligne consacrée
aux oeuvres d'artistes gais et lesbiennes.

Dans ce cas, il a trouvé l'expérience plus amusante que troublante, mais
de tels renseignements pourraient être mal interprétés.
«Qu'arriverait-il si je cherchais un emploi et qu'on décidait de me pas
m'embaucher à cause de la même supposition?» demande-t-il.


 
 
 
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Shaka( Rudy)
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