[GeolLLibre] idées en vrac

  • From: Jean-François Moyen <jfmoyen@xxxxxxxxx>
  • To: geolllibre@xxxxxxxxxx
  • Date: Fri, 15 Apr 2016 10:47:13 +0200

Bonjour à tous,

Suite à une longue discussion à bâtons rompus hier avec Pierre, quelques idées à partager sur la liste, un peu en vrac :

1) pour que geol-libre vive, il faut proposer des outils que les "vrais gens" (les géologues) vont utiliser et apprécier. Un peu de même façon que os-geo existe parce qu'ils ont un (plusieurs en fait) outils qui marchent pour de bon, et qu'on peut utiliser en production.

2) les "vrais gens", à 90%, ne sont pas des programmateurs ni des informaticiens. Je veux dire par là que non seulement ils ne sont pas capables de coder une application ou un plugin, fût-il minuscule, mais aussi qu'ils n'ont pas la culture de "bidouille". Modifier un fichier de config est la limite supérieure de ce que la majeure partie des géologues peut accepter de faire.

Par conséquent, dire qu'on a "implémenté" un format de BDD géologique (postgeol, désolé Pierre) parce que les tables et les scripts existent et que "yaka" les intégrer dans son propre serveur postgres ... ne marche pas. Il faut offrir une solution qui permette à Mr Tout-le-monde de déployer sur sa machine en trois clics, et qui donne accès aux fonctions souhaitées de façon simple (GUI dans l'idéal, mais à la rigueur c'est pas crucial; en tout cas une solution intégrée et pas un truc où il faut utiliser un éditeur de texte, un fichier de config, trois programmes externes et un serveur de BDD pour arriver à faire quelque chose).

Ca ne veut pas dire que ce n'est pas utile ou intéressant, mais c'est ce qui se passe sous le capot et ce n'est pas ce que les gens veulent voir...

En fait c'est un peu le problème général de la communauté libre (*troll detected*): à part quelques projets "flagship" comme QGis typiquement, énormément d'outils ne sont pas directement utilisables par quelqu'un qui n'est pas capable de les programmer (ou de comprendre le fonctionnement interne pour le moins). Évidemment, le travail gratifiant c'est de développer les fonctionnalités "core", pas de s'embêter à le packager dans un installateur qui sera capable de s'adapter à tout les cas de figure, depuis un macOs ancestral à un windows 7 d'entreprise avec une politique de droits parano, à une debian huilée comme une montre suisse... mais du point de vue de l'utilisateur naïf c'est la différence entre un programme qu'on utilise (click, click, ok, accepter, démarrer le programme, oh ! Ca marche !) et un qui ne fera qu'encombrer le disque dur ("comment ça il faut aussi que j'installe postGreSQL, et postGIS, et un outil qui me permette de taper des requêtes, c'est quoi ? Access ? Ah oui mais il faut que je configure une source de données machine, keskecé encore que ça ? Oh et puis zut, je retourne chez Oasis/GoCad/Surfer/ce que vous voudrez....").

Et à propos, la communauté des "vrais" utilisateurs utilise windows à 80%, mac à 15%, linux à 5% (chiffres (c) estimation au doigt mouillé, 2016).

3) Vue la pénibilité du travail de diffusion/packaging/etc., le plus raisonnable semble être de s'appuyer sur des outils qui existent déjà, et de proposer des extensions. Typiquement des plugins QGIS ou (*gasp*) des macros excel -- en tout cas des choses basées sur des outils répandus, connus de tout le monde et suffisament matures pour qu'on puisse leur faire confiance pour marcher dans (à peu près) toutes les configurations.

4) Les besoins des gens sont en fait très variables, et je pense que pas deux personnes n'arriveront à se mettre d'accord sur ce que devrait contenir un logiciel "pour géologue". Pierre, implicitement et en tant que "explorateur", pense à des choses basées sur sondages/modélisation 3D/enveloppes minéralisées. Mais un géochimiste, un télédetectionniste, sans parler des académiques aux centres d'intérêts exotiques, vont sans doute penser à des outils différents et avoir des besoins différents. Si je regarde par exemple ce qu'il y a sur ma machine (je suis un peu éclectique dans mes centres d'intérêts :-) ) je trouve
- Excel (ben oui), postGreSQL, postGIS
- Un certain nombre de feuilles de calcul excel spécialisées (calculs thermo-barométriques ou formules structurales)
- QGIS
- Un lot d'utilitaires tournant autour du SIG, par exemple pour gérer les GPS, convertir des geotiffs en format lisible par mon Garmin (G-raster)
- Google Earth, GeoMapApp....
- R/GCDkit
- une série de scripts R maison et mal finis pour faire des krigeage et des transfo de Fourier
- Deux ou trois trucs de stéréogrammes
- Surfer
- Oasis Montaj (le viewer)
- Un vieux bidule écrit pour des win préhistoriques qui fait des analyses en transformée de Fourier (parce que je n'ai que le viewer !)
- Plusieurs logiciels de modélisation thermodynamique (thermocalc, perple_x, theriak-domino) et des programmes associées (pyWerami)
- Des tas de scripts R pour faire des calculs de modèles pétro/géoch plus ou moins compliqués
- Plusieurs programmes d'analyse numérique de données géochimiques (C-space)
- Les programmes de Mark Jessel de modélisation gravi ou thermique

... et j'en oublie sûrement ! Plus important, d'autres personnes ont probablement un mix très différent du mien (par exemple chez moi il n'y a rien sur des sondages ou de la modélisation 3D).

La conclusion, c'est qu'un outil utile pour certaines personnes sera totalement inintéressant pour d'autres.

4b) Il me semble aussi que vu le nombre d'outils spécialisés, l'effort principal devrait peut être porter sur les données et leur stockage : définir des formats communs, utilisables par tout ce beau monde. Dieu merci il y a OGR/GDAL.

5) Mais même comme ça, ce qu'on entend par "données" (et donc la façon dont on va les stocker et les traiter, sans même parler des formats) dépend énormément selon les gens. Dans la liste ci-dessus, on voit que j'ai des données :
- spatiales ou spatialisées
    -- des rasters/images (scan de carte geol ou topo)
-- des rasters/grilles (MNT, carte gravi, carte géochimique interpolée [kriegeage ou analogue])
-- des polygons, polylignes (cartes géol) [d'ailleurs le format pgone + pline n'est pas très approprié, des "coverage" avec frontières + centroides marchent beaucoup mieux, c'est d'ailleurs le format GRASS : très accessible depuis QGIS de nos jours mais pas du tout exportable...]
    -- des données ponctuelles

- non spatiales, même si elles peuvent être connectées à un point (par exemple une analyse chimique est connectée à un échantillon):
    -- des photos
    -- des mesures structurales
    -- des analyses roches totales

- ... voire non spatiales, à une échelle encore plus petite : par exemple si je fais des analyses micro-sonde sur une lame mince, je peux avoir 200 points sur une lame (et aussi une carte chimique, qui est un raster), le tout pas directement connecté à des vraies coordonnées spatiales [au mieux l'échantillon est orienté et je sais à peu près d'où il vient, à qq mètres ou centimètre près]. Ou pire encore si je broie une roche pour en extraire et en dater des zircons, j'ai plein de données qui ont perdu tout cadre spatial.

- Déconnectées de la réalité du terrain : un modèle thermo par exemple va ressortir une grille de propriétés (composition des minéraux) dans l'espace PT. Ou une donne expérimentale faite sur une roche synthétique.

- Ou un enregistrement dans le temps (signal sismique, monitoring de glissement, monitoring d'émissions de gaz d'un volcan.... ou encore du signal mesuré sur un spectro !!).


Bref, c'est quoi une donnée géologique pour vous ?


Sinon, je peux peut être m'arranger pour passer un jour au FOSS4G à Paris au mois de Mai, pour rencontrer des gens, si il y a des choses qui bougent ?

JF

--
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