Les derbies entre 2008 et 2011 : Puel la vie ?
Victor Levarlet
Le 124ème derby, c’est dimanche… Si tout va bien ! Depuis quelques jours, c’est
un véritable cluster qui s’est formé du côté de l’Etrat (centre d’entraînement
de l’ASSE), covid-19 oblige. Très agacé par la situation, Claude Puel et ses
dirigeants souhaitent un report du match : « Nous allons devoir gérer cette
semaine. Il n’y a pas de dérogation. Le règlement est explicite. On doit
fournir une liste de 30 joueurs. La compétition continue si 11 joueurs ne sont
pas positifs. Les blessés n’entrent pas en compte. (…) Sur le prochain match
face à l’OL, 6 joueurs ne seront pas disponibles. Quatre pourraient revenir
dans le circuit réglementaire, avec une reprise d’entraînement la veille ou le
jour du match. C’est la problématique de notre semaine ». Si le match a bien
lieu, Puel retrouvera donc l’OL, club qu’il a entraîné durant trois saisons.
Retour sur les derbies de son ère rhodanienne.
Saison 2008-2009 : Piquionne le revanchard, Perrin l’aigri
En cette fin d’été 2008, c’est un Frédéric Piquionne remonté comme une pendule
qui se présente à Geoffroy-Guichard, pour des retrouvailles annoncées comme
houleuses avec son ancien club. Un an et demi plus tôt, le Martiniquais avait
fait des pieds et des mains pour rejoindre l’OL, mais les dirigeants stéphanois
ne souhaitaient absolument pas le céder au voisin honni. Le point de non-retour
avait été atteint à la mi-janvier 2007 lorsque le natif de Nouméa décida de
prendre la parole dans les médias. « Je suis peut-être noir, mais pas un
esclave », s’emportait-il dans un entretien publié par La Tribune-Le Progrès et
L’Équipe. Si Piquionne n’obtiendra pas gain de cause et sera finalement prêté
pour 6 mois du côté de l’AS Monaco (qui lèvera l’option d’achat), son
rendez-vous avec l’OL n’est en fait que partie remise. A l’été 2008 donc,
Monaco accepte de céder l’ancien Rennais au club de Jean-Michel Aulas contre
4,5 M€. « Tout ce
que je sais, c’est que Monaco, que je remercie et l’Olympique Lyonnais ont su
trouver un accord concernant mon transfert. L’ASM a su faire un effort, Lyon
aussi. Si je suis là aujourd’hui, c’est que les deux équipes ont su s’entendre.
» réagissait Fred Piquionne sur RMC après l’officialisation de son transfert.
Et dès la 4ème journée, c’est donc un retour dans le Chaudron qui est proposé à
celui qui a porté le maillot des Verts à 101 reprises. « J’ai toujours été plus
dans la peau d’un Lyonnais que d’un Stéphanois. […] Je vais être sifflé,
insulté. Quant aux dirigeants stéphanois, je n’irai pas leur serrer la main
après tout ce qu’ils m’ont fait depuis mon départ. » prévenait le natif de
Nouméa avant la rencontre. Sur le pré, les hommes de Puel font le travail grâce
au quatrième but en 4 matchs du jeune Karim Benzema. « C’était une rencontre
importante. J’ai pu en prendre conscience depuis mon arrivée à Lyon. On a r�
�ussi un match plein. Ce n’est pas évident à l’extérieur et dans cet
environnement. » réagissait le nouveau coach de l’OL à l’issue du match.
Au match retour, début février 2009, c’est au tour d’Alain Perrin, nommé coach
de Saint-Etienne en cours de saison, de faire son grand retour dans un stade de
Gerland qui a constitué son antre le temps d’une saison (2007-2008). Si
l’ancien coach de l’OM refuse d’en faire des caisses sur ces retrouvailles avec
un président Aulas qui avait choisi de le limoger malgré un doublé
coupe-championnat, Perrin va se distinguer après le match en envoyant une pique
en direction de son ex-patron : « On a été volés des trois points de la
victoire, vous savez par qui… Quand un arbitre placé à dix mètres ne siffle pas
penalty, cela confirme que c’est bon d’avoir un président qui met la pression
sur les arbitres, notamment à domicile… ». Pas réputés pour se laisser marcher
sur les pieds, les Gones répondirent d’un communiqué cinglant qui indiquait
notamment que « l’Olympique Lyonnais est étonné et déçu par les déclarations de
caractère diffamatoire
de M. Alain Perrin qui met pêle-mêle en cause la probité du président de l’OL
mais également celle de l’ensemble des arbitres français. » Ce même communiqué
se concluait par un coup de grâce qu’on imagine aisément dicté par JMA : «
Aigreur, amertume, nous laisserons l’ex-entraîneur de l’OL, point si maltraité
naguère par son ancien club à ses commentaires déplacés et hasardeux dont il
paraît s’être fait une spécialité pour avoir traité récemment un arbitre
“d’enfoiré”. » Et les faits du match sinon ? Lyonnais et Stéphanois se sont
quittés sur un match nul (1-1) et Frédéric Piquionne honore son Ballon de Plomb
2008 en réussissant à se faire tomber tout seul sur une action lunaire, avant
de se faire expulser.
Saison 2009-2010 : Retour gagnant de Gomis et gueule de bois post qualif’
Les années Puel correspondent décidément à une période où les transfuges d’un
club rival à l’autre sont monnaie courante. Après Piquionne, c’est Bafé Gomis
qui s’apprête à faire son retour à Geoffroy-Guichard avec le maillot lyonnais
sur les épaules pour cette 9ème journée. Arrivé dans la capitale des Gaules
contre 15 M€ l’été précédent, Bafé et les Lyonnais sont accueillis à GG par un
pavé et des canettes de bière. Conscient de la situation particulière que vit
son buteur, Claude Puel préfère laisser l’international français sur le banc au
coup d’envoi. Quelques jours plus tôt, c’est avec un autre joueur cadre que
l’entraîneur lyonnais avait dû agir : aperçu en état d’ébriété au Grand Prix de
Tennis de Lyon, Sidney Govou avait vu son entraîneur lui retirer le brassard de
capitaine quelques jours avant ce derby. Devant l’incapacité de ses joueurs à
faire la différence, l’ancien entraîneur de Nice décide finalement de
lancer Bafé dans le Chaudron, à la 71ème minute. Douze minutes plus tard,
c’est lui qui vient crucifier Jérémie Janot et faire taire des supporters
stéphanois qui ne cessaient de le huer jusqu’alors. Après la rencontre,
l’ancien joueur de l’OM ne souhaitait pas trop en faire sur ce but marqué face
à son club formateur : « C’est une très belle soirée. Ce n’est pas la victoire
de Bafé Gomis mais celle de l’Olympique Lyonnais qui a gagné contre
Saint-Etienne. Bien sûr, cela m’a fait plaisir de marquer à Geoffroy-Guichard.
Je m’attendais à un tel accueil mais ça ne va rien changer à ce que j’ai vécu
ici. J’ai passé dix belles années à Sainté mais désormais je suis content
d’être Lyonnais. » Ce but lui aura en tout cas permis d’être immédiatement
adopté par ses nouveaux supporters.
Lors du match retour, les Verts se déplacent à Gerland pour affronter une
équipe qui vient d’entamer l’une des plus belles pages de son histoire
européenne. Quelques jours plus tôt, les Gones ont réussi l’exploit de sortir
le grand Real Madrid de Ronaldo et Kaká (1-0 puis 1-1). On imagine donc assez
facilement les Lyonnais se présenter face à leur rival de toujours avec
l’intention d’enchaîner. Pourtant, ce sont des Lyonnais plutôt empruntés que
trouvent les Stéphanois sur leur chemin. A la 39ème minute, des Verts sans
complexe ouvrent même le score grâce à Emmanuel Rivière. Montant en puissance
au fil des minutes, les Gones arrachent finalement l’égalisation à la 79ème
minute sur une belle tête croisée de l’Argentin Lisandro López. A cette
époque-là, il est de bon ton de dire que l’OL n’a pas perdu le moindre derby
depuis 1994.
Saison 2010-2011 : “Puel démission” et la plus belle de Puel
En septembre 2010, c’est donc certainement avec l’objectif de faire durer cette
série que les Lyonnais abordent le 100ème derby de l’Histoire. Cette 7ème
journée se déroule à Gerland et les Gones démarrent la rencontre avec l’envie
de faire oublier un début de saison calamiteux (1 victoire, 2 nuls et 3
défaites). Les supporters stéphanois font d’ailleurs dans l’auto-dérision en
ironisant sur le classement de l’OL via une banderole : “Rendez-nous la 17ème
place”. Malgré la domination totale des Lyonnais sur les Verts, ce sont bien
les Stéphanois qui vont mettre la main sur ce match historique. La délivrance
vient d’un somptueux coup-franc de Dimitri Payet à un quart d’heure du coup de
sifflet final. A la fin du match, les Bad Gones refusent de quitter le stade et
Jean-Michel Aulas est obligé de prendre le micro du kapo pour essayer
d’éteindre les braises : « La Champions League, les Stéphanois la jouent sur la
Playstation ! » Si cette sorti
e suffira aux plus réfractaires pour accepter de quitter l’enceinte, ce match
marque également le début du divorce entre Claude Puel et les supporters
lyonnais. A compter de ce jour, des banderoles “Puel démission” vont
régulièrement fleurir, tant au stade que dans les rues de la capitale des
Gaules. Pourtant, malgré la 18ème place à laquelle se trouve son équipe après
ce match, l’entraîneur lyonnais se veut encourageant en zone mixte : « Si on a
la capacité de reproduire ce genre de match, on pourra gagner. » tempérait-il
malgré la stupéfaction des journalistes l’interrogeant.
Pour la revanche à Geoffroy-Guichard, l’actuel entraîneur des Verts est
toujours bien présent sur le banc de l’OL. Avec des résultats en dents de scie,
les Lyonnais savent qu’ils doivent absolument gagner le match pour rester dans
la course au podium. Le malheureux Bayal Sall va bien les aider : après
l’ouverture du score de son coéquipier Bocanegra, le défenseur stéphanois va
flinguer son équipe en offrant d’abord le but de l’égalisation à Gomis, avant
de marquer dans son propre but. Assommés par ce double coup du sort, les
Stéphanois ne parviendront jamais à relever la tête et encaisseront même deux
buts supplémentaires signés Bastos (69ème) et Briand (91ème, déjà !). Le match
aller toujours en tête, le président Aulas ne manque pas l’occasion de chambrer
les supporters stéphanois en leur signifiant le score avec ses doigts. Avant le
match, ces mêmes supporters lui avaient d’ailleurs offert un colis. « J’ai eu
peur que ça fasse tic-tac
et que ça explose en vol, un peu comme Saint-Etienne ce soir. Le maire de Lyon
a cru que c’était lui qui était visé, réagissait-il, avant d’en rajouter une
couche. On va continuer à jouer la Ligue des champions non pas sur la
Playstation mais à Madrid. Je suis passionné. Lorsque des gens m’insultent, je
sais compter jusqu’à quatre et jusqu’à un. » De son côté, Claude Puel considère
ce dernier derby avec l’OL comme le plus beau de son ère rhodanienne : « Nous
étions venus pour gagner. C’est fait et de belle manière. Avec Lyon, c’est
l’une de mes plus belles victoires, puisqu’elle a été obtenue à
Geoffroy-Guichard. En tout cas, mon président est heureux. » Il quitte
finalement le club à l’issue de la saison, avec une troisième place à la clé,
objectif minimal fixé en début de saison. Un bras de fer juridique de longue
durée entre l’OL et lui s’apprête alors à débuter.
Source Planète Lyon :
https://olplus.fr/s5-UM
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