Pourquoi le « guerrier » algérien Djamel Benlamri a-t-il sa chance aussi
tardivement en Europe ?
FOOTBALL Recrue surprise de l’OL au bout du mercato, le défenseur central
algérien, qui fêtera bientôt ses 31 ans, a longtemps rongé son frein en rêvant
d’Europe et de la sélection des Fennecs
Jérémy Laugier
Djamel Benlamri a pleinement réussi ses débuts à Lille dimanche, en
permettant à l’OL de préserver un nul (1-1) après l’expulsion de Marcelo.
Réputé pour son « sens du sacrifice », le défenseur central avait dû se
contenter jusque-là des championnats algérien et saoudien, à défaut de
proposition en Europe.
Avant le derby contre l’ASSE dimanche (21 heures), 20 Minutes s’est penché
sur le parcours chaotique de Djamel Benlamri, dans la lumière depuis son sacre
lors de la Coupe d'Afrique des nations l’an passé avec les Fennecs.
Burak Yilmaz d’un coup muselé, deux tacles rageurs face à Yusuf Yazici, 100 %
de duels remportés et de passes réussies… En une quarantaine de minutes en
infériorité numérique dimanche à Lille (1-1), Djamel Benlamri s’est révélé aux
yeux des supporters de l’OL, guère gâtés en défenseurs centraux depuis dix ans.
Avant le derby dimanche (21 heures), 20 Minutes s’est penché sur l’histoire de
celui qui a racheté la fin de son contrat en Arabie saoudite et effectué le 4
octobre un Paris-Lyon… en taxi pour pouvoir rejoindre l’OL avant la clôture du
mercato. Avec une question centrale : comment un international algérien, qui
fêtera ses 31 ans le jour de Noël, peut-il découvrir seulement maintenant un
championnat européen ?
« Il est certain qu’après son énorme Coupe d'Afrique des Nations l’an passé, on
l’imaginait signer dans la foulée dans un club encore plus huppé que l’OL,
indique Ishaq Chebli, journaliste pour DZfoot, un site référence consacré au
football algérien. Mais Djamel a un parcours rare, car même s’il faisait depuis
longtemps de très grands matchs en Algérie puis en Arabie saoudite [à Al-Shabab
Riyad de 2016 à 2020], il se trouvait sur une liste noire de la fédération
algérienne depuis l’époque Vahid Halilhodzic [2011-2014], soi-disant pour des
raisons disciplinaires. »
« Il était prêt à faire un essai dans n’importe quel club français »
Une impasse que confirme Azzedine Aït Djoudi, qui a entraîné Djamel Benlamri en
sélection U23 algérienne (de 2009 à 2011) puis à la JS Kabylie (2013-2014) : «
Beaucoup de gens ont véhiculé une image de tête brûlée et de joueur manquant de
discipline pour Djamel, comme pour toute sa génération [Youcef Belaïli, Mehdi
Abeid…] qui a été sévèrement condamnée après avoir manqué la qualification pour
les JO 2012 à Londres. Cela a retardé l’éclosion de Djamel au plus haut niveau.
» Pour tenter sa chance plus tôt en Europe, il est même arrivé à ce dernier de
solliciter ses partenaires, comme le Franco-algérien Kamel Yesli, qui l’a
côtoyé à la JSK de 2013 à 2015.
« Djamel me demandait si je ne connaissais pas un agent pouvant le faire venir
en France, raconte l’ancien milieu de terrain formé au PSG. Il était prêt à
faire un essai dans n’importe quel club français, même en National, juste pour
savoir s’il aurait le niveau ou pas. A cette époque, il se dépouillait sur le
terrain, il était élu meilleur défenseur de ce championnat sous-estimé et il ne
comprenait pas non plus pourquoi il ne figurait jamais parmi la sélection
algérienne. »
« Extrêmement affecté par le décès d’Albert Ebossé »
Selon Walid Bencherifa, un autre joueur ayant évolué avec lui durant deux
saisons à la JSK, « Djamel a peut-être payé le fait qu’il était avant tout doué
et intelligent sur le terrain, mais sans travailler énormément aux
entraînements ». Privé de l’exposition qu’offre la sélection des Fennecs, où il
n’a connu sa première cape qu’en novembre 2018 avec Djamel Belmadi, Benlamri
s’est construit à la dure. « Il a grandi dans un quartier très chaud d’El
Arrach, à côté d’Alger, et je me souviens qu’il était vraiment dans la
difficulté socialement, indique Azzedine Aït Djoudi. Ça a joué dans son
parcours, tout comme la mort de son coéquipier Albert Ebossé [attaquant
camerounais décédé à 24 ans dans des conditions encore mystérieuses impliquant
des supporters, à la fin d’un match contre l’USM Alger], qui a marqué toute la
JSK en 2014. »
Kamel Yesli était sur le terrain en ce 23 août 2014 funeste pour tout le
football algérien. « Je me rappelle encore des larmes de Djamel ce jour-là,
j’ai vu à quel point il avait du cœur, confie l’ancien footballeur
professionnel. Comme certains d’entre nous, il ne voulait plus retourner à
l’entraînement pendant environ un mois. Nous étions extrêmement affectés, au
point d’envisager arrêter le foot. » Djamel Benlamri va s’en relever et changer
d’air en rejoignant en 2016 le championnat saoudien, toujours faute d’Europe.
« C’est le parfait porte-drapeau de l’Algérie »
Son profil « très apprécié par les supporters » change complètement de
dimension en 2019 avec la conquête de son premier trophée en carrière, une CAN
disputée dans la peau de titulaire, sept mois seulement après ses vrais débuts
avec les Fennecs. « Il a été tout simplement monstrueux en s’imposant comme le
patron de cette défense, apprécie Bilel, qui tient le compte Twitter Joueurs
algériens. Avec son caractère et son engagement, il a apporté une sérénité
défensive qui nous manquait depuis plusieurs années, et nous avons terminé la
CAN en n’encaissant que deux buts. »
« C’est le parfait porte-drapeau de l’Algérie, résume Abderaouf Zerarka,
journaliste collaborant avec le site La Gazette du Fennec. Il est technique,
hargneux et il joue avec passion et sans le moindre complexe. On a vu qu’à
Lille, il haranguait déjà ses nouveaux coéquipiers. » Même si nos différents
interlocuteurs ont souvent loué « sa qualité de relance » et « sa vision du jeu
», Djamel Benlamri n’a clairement pas un profil d’esthète. « Il est prêt à
sacrifier sa vie sur le terrain, c’est le défenseur à l’ancienne par
excellence, sourit Ishaq Chebli. Il attrapera toujours soit le ballon, soit
l’attaquant. »
« Il nous a suppliés de le laisser poursuivre malgré sa blessure »
D’Anthony Lopes à Rudi Garcia, les Lyonnais ont d’ailleurs tous martelé
dimanche soir le qualificatif de « guerrier » qui lui colle à la peau depuis
très longtemps. « C’est un mec un peu timide mais dès que le match démarre, il
devient dur et il est prêt à tout pour défendre son équipe, qu’il voit comme sa
famille, explique Kamel Yesli. C’est un vrai leader qu’il vaut mieux avoir dans
son camp. J’ai l’impression qu’à chaque derby, il finissait avec l’arcade ou la
bouche en sang. »
Malgré une pommette en sang, qu'a tenté de nettoyer son partenaire Youcef
Belaïli, Djamel Benlamri avait tenu à disputer jusqu'au bout la dernière finale
de la CAN contre le Sénégal.
Malgré une pommette en sang, qu'a tenté de nettoyer son partenaire Youcef
Belaïli, Djamel Benlamri avait tenu à disputer jusqu'au bout la dernière finale
de la CAN contre le Sénégal. - JAVIER SORIANO / AFP
Alors que la suspension de Marcelo pourrait justement lui permettre d’enchaîner
dimanche avec l’OL contre le rival stéphanois, l’image de sa pommette ouverte
après un choc aérien avec Sadio Mané est devenue symbolique de cette finale de
la CAN contre le Sénégal. Comme toujours ou presque, Djamel Benlamri a fini sur
le terrain cette rencontre historique après avoir dû changer son maillot rouge
de sang. Azzedine Aït Djoudi confirme que ce don de soi ne date pas d’hier chez
la recrue lyonnaise.
En 2011, lors du match décisif contre le Nigeria en vue des JO 2012, il
s’est blessé au genou. Il nous a suppliés de le laisser poursuivre malgré les
douleurs. C’est tout Djamel, il lutte toujours jusqu’au bout. Je l’ai fait
jouer latéral, milieu, et même attaquant une fois. Si vous lui demandez, il
pourrait même être gardien de but. On ne peut qu’aimer ce genre de joueur quand
on est entraîneur, et je l’ai considéré comme mon fils. »
« Croyez-moi, il ne va rien lâcher »
On a fini par trouver quelqu’un émettant des réserves sur l’arrivée à Lyon de
Djamel Benlamri. L’ancien entraîneur Nour Benzekri avait pourtant été séduit
par son profil, lorsqu’il l’avait recruté à 20 ans au NA Hussein Dey. « Mais il
était alors bien plus affûté, révèle-t-il. Je trouve qu’avec son explosivité et
sa technique au-dessus du lot, il était alors beaucoup plus fort
qu’aujourd’hui. Mais le football algérien est désorganisé et il n’a pas su
développer toutes les qualités de Djamel. » Kamel Yesli nuance : « Djamel est
devenu plus costaud et je le trouve encore meilleur qu’avant, surtout car il a
appris à se canaliser sur le terrain ».
De quoi le voir s’adapter à toute vitesse à la Ligue 1 et à l’OL, où il n’a
signé que pour une saison (plus une année en option) ? « Je savais que Djamel
éclaterait tout dès qu’on lui donnerait sa chance au plus haut niveau, estime
Walid Bencherifa. S’il avait eu droit plus tôt à la sélection et à un transfert
en Europe, il ferait aujourd’hui partie des meilleurs défenseurs du monde.
Entre la CAN 2019 et son arrivée à Lyon, il a enfin ce qu’il mérite, alors
croyez-moi, il ne va rien lâcher. »
Source 20 Minutes :
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