OL-LOSC (2-3), un fiasco en questions
Victor Levarlet
Comment tout gâcher en quatre jours ? Privés de coupe d’Europe cette saison et
ayant fait de la Coupe de France l’un de ses objectifs prioritaires, l’OL s’est
littéralement sabordé entre mercredi dernier et hier. Vaincus par des
Monégasques réalistes en CDF (0-2), il a semblé hier soir, le temps d’une
mi-temps, que les hommes de Rudi Garcia avaient retenu la leçon en termes de
réalisme devant le but : après 35 minutes de jeu, les Gones menaient déjà 2-0.
Pourtant, peur de gagner ou incapacité chronique à conserver un résultat, les
Lyonnais se sont une fois de plus fait rejoindre par des Lillois conquérants.
Emmenés par le géant Burak Yilmaz, le LOSC s’est même permis de repartir du
Groupama Stadium avec les trois points (2-3), conservant ainsi sa place de
leader. Éliminés de la Coupe de France et distancés dans la course au podium (à
4 points de Monaco, 3ème), les Lyonnais ont quatre matchs pour sauver une
saison dont ils ne maîtrisent plus le destin. Il sera ensuite grand temps de
passer à la préparation de la saison prochaine. Inutile de se le cacher : le
directeur sportif Juninho a du pain sur la planche.
Comment est-il possible que les Lyonnais soient hors de forme alors qu’ils
n’ont disputé aucune coupe d’Europe ?
L’image est terrible et le constat sans appel. Bien que privés de compétition
européenne, et donc censés disposer d’une meilleure condition physique que
leurs adversaires du jour (qui ont disputé l’Europa League) à ce stade de la
saison, ce sont bien des Gones que nous avons vu tirer la langue hier soir…
Symbole de ce supposé avantage mal maîtrisé, le latéral droit Léo Dubois est
apparu complètement “caput” après 60 minutes de jeu. Son incapacité à faire les
allers-retours aurait même pu coûter beaucoup plus cher à l’OL, tant son
abandon de poste a duré, suite à une montée offensive à l’issue de laquelle il
est apparu totalement “carbo”.
Comment cette situation est-elle possible ? Sans la rendre acceptable, deux
éléments de réponse apparaissent. Le premier est que l’OL a débuté cette saison
début août, avec l’obligation de répondre présents immédiatement, tant il
s’agissait de matchs à enjeux. Que ce soit la finale de la Coupe de la Ligue
(0-0, défaite 5-6 aux TAB face au PSG) ou la Final 8 (élimination en
demi-finale face au Bayern Munich, 0-3), les Lyonnais se devaient d’être prêts
le plus rapidement possible, tout en sachant qu’ils avaient été privés de
compétition durant quatre mois, suite à la progression de la pandémie de la
Covid-19. «On s’est adapté à l’arrêt de la Ligue 1 et on a fait deux mois de
préparation. C’est énorme. Notre préparateur physique a préparé cela à
merveille. Et une autre chose, la tête guide les jambes. Quand on mène 1-0,
puis 2-1 face à City, les joueurs sont capables de trouver des ressources
insoupçonnées.» analysait Garcia, lorsqu�
�on l’interrogeait sur les magnifiques performances de son équipe à Lisbonne.
Quand on observe Dubois mains sur les genoux après une heure de jeu, on se
demande si ce type de préparation physique était fait pour une saison aussi
longue que celle en cours.
Autre élément de réponse qui ne concerne pas uniquement les Lyonnais : la trêve
internationale de mars 2021. Dans les conditions sanitaires que l’on connaît et
avec les contraintes que cela engendre, la FIFA a tenu à maintenir mordicus les
matchs internationaux prévus à cette période de l’année. Résultat : certains
joueurs, à l’image de Memphis Depay ou Jason Denayer, ont joué trois matchs
internationaux, alors que s’amorçait le sprint final en Ligue 1. Rudi Garcia
confiait d’ailleurs au micro de Canal Plus qu’il aurait aimé que ses joueurs se
prennent en charge eux-mêmes : « Contre Gibraltar quand tu menais 3-0 et que tu
pensais à une seule chose, marquer un but supplémentaire pour tes stats. Il
fallait plus penser à l’Olympique Lyonnais » avait-il notamment lancé à Memphis
Depay, au retour de la trêve internationale. Il est vrai que pour durer sur une
saison complète, un joueur doit apprendre à ménager ses efforts en les adaptant
aux enjeux
des matchs disputés.
Comment expliquer cette panique qui s’empare de l’OL dès qu’il mène au score ?
Mauro Icardi qui offre la victoire au PSG face à Saint-Etienne (3-2) à la 96ème
minute la semaine dernière, Burak Yilmaz qui crucifie l’OL (3-2) à la 85ème
minute ou Wissam Ben Yedder qui offre à Monaco (1-0) une victoire inespérée sur
la pelouse d’Angers à la 81ème minute… Alors que les principaux concurrents de
l’OL pour la course au titre savent profiter des derniers quarts d’heure des
matchs pour aller chercher des victoires compromises, les Lyonnais semblent
avancer sur une pente inverse à celle de ses rivaux. Alors que Parisiens (22
buts), Monégasques (18) et Lillois (16) se montrent régulièrement décisifs dans
les quinze dernière minutes, l’OL et ses 11 petits buts dans le dernier quart
d’heure font plutôt figure d’ovnis. Ayant plutôt tendance à démarrer en trombe
(31 buts inscrits entre la 15ème et la 45ème minute), les Lyonnais ont pris la
mauvaise habitude de se mettre en danger, jusqu’à parfois se faire devancer
dans un match qui s
emblait jusqu’alors maîtrisé.
Début janvier déjà, le consultant de RMC Rolland Courbis alertait sur cette
incapacité des Gones à tenir un résultat, après une victoire difficile face à
Lens (3-2), alors que les Lyonnais menaient 3-0 : « Malgré toutes ces
approximations, Paris n’est qu’à un point de l’OL. Cela veut dire que ce tout
petit PSG est au même niveau que ce grand Lyon. Donc, dès que Paris va
rehausser son niveau, il va repasser devant. Je constate aussi que, depuis la
reprise, Lyon encaisse deux buts par match. Ce n’est pas comme cela qu’il sera
champion.»
Cette problématique, qui existait déjà sous Genesio, a tendance à revenir tel
un serpent de mer chaque année. Comment réussir à maintenir un bloc équipe
compact et ne pas se faire remonter au score lorsqu’on a débuté une rencontre
tambours battants ? Certainement pas en arrêtant d’attaquer, comme l’a fait
l’OL hier soir. « On a fait une bonne première période. On a pas le droit de se
faire revenir comme ça… Surtout contre un concurrent direct. Cette défaite est
frustrante. On sait qu’on avait les capacités pour tenir ce score en notre
faveur, à en remarquer. C’est quelque chose que l’on n’a pas su faire, ce n’est
pas normal.» regrettait Caqueret après la rencontre.
Après avoir emballé le match lors de la première demi-heure, et démontrant
qu’ils avaient retenu les leçons du match face à Monaco en termes de réalisme,
les Lyonnais se sont subitement arrêtés d’attaquer et on commencé à effectuer
de plus en plus de passes vers l’arrière. Une a fini par s’avérer fatale : en
prenant à contre-pied son compatriote Marcelo, Lucas Paquetá mettait en orbite
le bourreau Yilmaz qui n’avait plus qu’à servir son coéquipier Jonathan David
pour l’égalisation. Une déception pour un joueur qui fait une sacrée saison,
dont on vantait de plus en plus l’apport offensif, et qui n’a que très peu
existé hier soir.
Mais où étaient les leaders ?
Difficile, donc, de s’en prendre uniquement au milieu brésilien en revanche.
Conscient qu’il avait reçu un coup face à Monaco, Rudi Garcia a préféré
confirmer son appétence pour la répétition des schémas qui ont marché, quitte à
passer pour un obstiné. Les présences de Bruno Guimarães et d’Houssem Aouar ne
donnent pas spécialement d’idée à Garcia : Paquetá est le joueur du moment, il
doit jouer tous les matchs. Sa prestation d’hier nous a bien prouvé qu’il
s’agissait d’une erreur. Constamment pris dans l’étau lillois, il n’aura existé
que pour distribuer l’avant-dernière passe sur l’égalisation lilloise. Remplacé
par son compatriote BG dans la foulée, Paquetá ressort forcément avec une
confiance diminuée de ce choc dont beaucoup espéraient qu’il en serait le héros.
Le constat est plus mitigé concernant Memphis Depay. Alors qu’il réalise sa
meilleure saison sous les couleurs lyonnaises (18 buts et 9 pd), tout le monde
attendait le Néerlandais au tournant dans ce sprint final. Il aurait pu
s’avérer très rapidement décisif si Slimani n’avait pas vendanger sa superbe
ouverture d’un lob douteux. Provoquant sans cesse, Depay a malheureusement
disparu de la circulation au fil des minutes. Il a même semblé abandonné sur la
fin, tant il ne se battait plus lorsque le ballon ne lui était pas distribué
dans les pieds. La page Depay est définitivement en train de se tourner du côté
de Décines.
Dernier leader insuffisamment décisif hier soir : Anthony Lopes. Saison
mouvementée pour l’ancien Bad Gone qui avait déjà connu une période de doutes à
la mi-novembre, suite à une sortie aérienne sur la pelouse d’Angers jugée trop
rugueuse. Si on ne peut pas lui jeter la pierre sur les trois buts encaissés,
le portier portugais semble globalement moins décisif que les trois gardiens
des concurrents de l’OL dans la course au podium. On a par exemple le sentiment
que Mike Maignan aurait été en mesure de stopper le coup-franc de Yilmaz juste
avant la mi-temps… Ou que Lopes aurait eu plus de difficultés que
l’international français à stopper le missile de Thiago Mendes.
Qui peut expliquer les choix de Rudi Garcia ?
C’était aussi un match charnière pour le coach lyonnais. Partant pour prolonger
son aventure à l’OL, Rudi Garcia sait bien que son destin est lié à la
qualification ou non de l’Olympique lyonnais pour la prochaine Ligue des
Champions : « Je pense que c’est un club qui me va bien, qui est posé. J’ai une
sérénité par rapport à ça. J’espère que ce sera ici. Sinon, ce sera ailleurs. »
Avec la défaite concédée hier soir face à un concurrent direct, et se
retrouvant désormais à 4 points du podium alors qu’il ne reste que 4 journées,
Garcia s’oriente de plus en plus vers la seconde option. C’est en tout cas le
sens de l’analyse du journaliste de RMC Daniel Riolo : « Ce soir, je pense que
Rudi Garcia a signé la fin de son aventure à Lyon. Même si c’était quasiment
fait, il y a beaucoup de monde qui ne va pas comprendre ce qu’il s’est passé.
Il y a beaucoup de supporters lyonnais qui sont effondrés et je peux les
comprendre. »
Ce départ, espéré par une partie des supporters depuis le début même de son
aventure, et qui devrait être justifié par le simple fait que les objectifs
fixés en début de saison n’ont pas été atteints, sera également la conséquence
de mauvais choix de la part de l’entraîneur de l’OL. Si sa manie à s’accrocher
à une composition d’équipe qui fonctionne, quitte à titulariser des joueurs
blessés, a déjà été signalée, d’autres décisions se sont avérées assez
douteuses hier soir.
L’entrée de Benlamri d’abord. Alors que De Sciglio faisait un match plutôt
propre en remplacement de Denayer en défense centrale, Garcia semble avoir
voulu lancé son international algérien pour plus d’efficacité dans les duels.
C’est pourtant bien ce même Benlamri qui se fait devancer de la tête par
Yazici, passeur décisif en direction de Yilmaz sur le troisième but lillois.
Et que dire du remplacement de Caqueret par Aouar ? Passeur décisif sur
l’ouverture du score de Slimani et très intéressant à la récupération, Maxence
Caqueret était sans aucun doute le meilleur lyonnais présent sur la pelouse du
Groupama Stadium hier soir. Très à l’aise techniquement, il n’y avait aucune
raison de le faire sortir… Surtout si c’est pour faire entrer un Houssem Aouar
dont la saison 2020-2021 est d’ores et déjà à oublier.
Et maintenant, on fait quoi ?
Avec ou sans qualification en C1, c’est un été mouvementé qui attend le
président Aulas et son directeur sportif Juninho. Sans Ligue des Champions,
l’OL va perdre très gros financièrement et ne pourra se renouveler comme il le
souhaite. En jouant simplement l’Europa League, Lyon perd énormément en
attractivité, que ce soit dans la recherche du futur coach ou dans sa capacité
à attirer de potentielles recrues. Pourtant, le départ de certains titulaires
(Depay, Aouar) semble déjà acquis, et le Brésilien devra se montrer imaginatif
pour les remplacer. Les premiers renforts pourraient d’ailleurs correspondre
tout simplement aux retours de prêts : Moussa Dembélé ne sera a priori pas
conservé par l’Atletico Madrid. Joachim Andersen pourrait se voir offrir une
deuxième chance à Lyon après sa très belle saison du côté de Fulham. Enfin,
Jeff Reine-Adelaïde ne devrait pas faire la fine bouche lorsqu’on lui proposera
de se relancer entre Rhône et Saône, a
lors qu’il se remet de sa deuxième grave blessure en un an. Le futur
entraîneur de l’OL aura enfin tout le luxe de piocher dans le vivier de talents
dont disposent le centre de formation lyonnais.
En plus du coach principal, c’est sur l’ensemble du staff que Juninho doit
plancher cet été. Hormis Claudio Caçapa qui devrait être conservé, l’ensemble
des professionnels accompagnant Rudi Garcia au quotidien arrivent en fin de
contrat. Tant d’un point de vue physique que mental, l’ancien numéro 8 de l’OL
devra trouver les personnalités idoines, notamment pour panser cette incapacité
chronique qu’à l’OL a tenir un résultat.
Mais avant de débuter la trêve estivale, il reste quatre matchs pour sauver les
meubles. Comme il n’a plus son destin entre les mains, Lyon doit se concentrer
uniquement sur lui-même en faisant le plein de points d’ici la fin de saison.
Une fin de saison réussie constituera nécessairement une base solide pour celui
qui aura la charge de reconstruire l’OL l’an prochain.
Dimanche prochain, à Monaco, la pression sur les épaules des joueurs lyonnais
sera absolument énorme.
Source Planète Lyon :
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