Maxence Caqueret et la théorie du beau football
@axel_daillet
Le 15 février 1564 naquit Galilée, mathématicien, astronome et physicien. Ce
grand penseur conçoit la théorie de la chute des corps, opposée à la pensée
d’Aristote. Toujours en contradiction avec le savant grec, il poursuit les
travaux de Nicolas Copernic autour de l’héliocentrisme. Un obstacle pour cet
observateur du ciel : l’Église, convaincue que la Terre est au centre de
l’Univers.
Le 15 février 2000, soit 436 ans plus tard, Maxence Caqueret pointe le bout de
son nez. S’il n’a pas choisi la voie des sciences, le milieu de terrain a tout
d’un théoricien du mouvement. Loin de réfuter la place du soleil, ses
transmissions illuminent le jeu des lyonnais. Un obstacle pour cet intellectuel
du ballon rond : le Sergent Garcia, convaincu qu’être un bon joueur de football
annule toute chance d’être titulaire.
Caqueret le « Bien-aimé »
Nouveau retour en arrière, nous sommes le 15 février 1710, à Versailles. Nous
célébrons en ce jour la naissance de Louis XV, dit le « Bien-aimé ». Il prend
la tête du Royaume dès 1715, à l’âge de 5 ans. De la même manière, Caqueret
enfile très vite la couronne de crack et se fraie un chemin royal vers le monde
professionnel. C’est d’ailleurs au même âge qu’il fait ses premières classes au
FC Corbas. Il part rapidement vers le Football Club de Chaponnay-Marennes, dans
lequel il est repéré par l’OL.
Le jeune Maxence a donc 11 ans lorsqu’il rejoint le centre de formation de
Jean-Michel Aulas. À cet âge, le petit Louis XV s’amusait tranquillement dans
les jardins de Versailles pendant que son cousin, le duc d’Orléans, est «
Régent du Royaume », en attendant sa majorité. C’est sur un tout autre gazon
que court Caqueret, mais lui n’attend pas bien longtemps pour gouverner sur le
jeu des siens. Il s’impose vite en tant que leader et capitaine, à Lyon comme
en Équipe de France. Il y fréquente toutes les catégories, de U16 à U20 et
devient essentiel.
En compagnie de ses compères de la génération 2000 Gouiri et Bard, Maxence est
très attendu par les supporters lyonnais. Mais à l’instar des deux autres, il
faudra du temps avant de voir le milieu de terrain intégrer le groupe
professionnel. Malgré des bonnes préparations sous Génésio et Sylvinho, il doit
se contenter des miettes et continue de briller en Youth League avec les
lionceaux. Après des mois, voire des années d’attente, il est enfin lancé dans
le grand bain par coach Rudi. Avec 933 minutes jouées cette saison, ce n’est
encore qu’un aperçu du réel potentiel du joueur. Les promesses sont pourtant
bien réelles et laissent entrevoir une lueur d’espoir dans le morne avenir de
l’Olympique Lyonnais.
La science du jeu
Bien qu’il soit un joueur de poche (1m74 pour 63kg), Caqueret n’en est pas
moins un milieu très travailleur. Il a un gros volume de course et ne rechigne
pas aux efforts. Le natif de Venissieux se montre précieux à la récupération et
brille par son agressivité. Il monte très vite sur le porteur de balle pour
récupérer haut et relancer vite. Sa marge de progression se situe dans le choix
des moments où attaquer l’adversaire puisqu’il commet encore beaucoup de fautes
dans ce domaine. En 13 matches, il a déjà écopé de 5 biscottes. S’il gagne peu
de duels, c’est davantage dans le positionnement et l’anticipation que le
Lyonnais fait la différence. C’est le second plus gros tacleur du club en Ligue
1 avec 3 par match, auxquels s’ajoutent 1,1 interceptions. En plus de ça, le
gamin a du coffre et ne s’arrête jamais de courir.
Parlons maintenant de ce qui nous intéresse le plus: que donne Maxence Caqueret
avec le ballon ? D’abord, le milieu est très polyvalent et travaille dans toute
la zone axiale du terrain. On l’a surtout vu évoluer en 8 mais il pourrait très
bien jouer en 6, voire en 10. Son gros volume de jeu lui permet de beaucoup
toucher la balle et en fait un vrai atout dans la conservation. De part son
intelligence et sa justesse technique, il est un vrai métronome. Son principe :
orienter pour déséquilibrer.
Tout comme Galilée, c’est avec l’esprit qu’il pratique son art et Maxence est
un vrai penseur sur le terrain. Il s’oriente toujours dans le sens du jeu, que
ce soit à travers ses déplacements ou ses transmissions. Sa capacité à trouver
un partenaire dans l’intervalle et à se placer entre les lignes déséquilibre le
bloc adverse. Le tout s’accentue grâce à son bon jeu long, il réussit à
transmettre 1,6 long ballon par match en championnat. Il est également un
régulateur de jeu. Il donne le tempo sur attaque placée mais se montre
redoutable sur le jeu en une touche lorsqu’il faut accélérer le rythme.
Sous ses faux airs d’organisateur, qui se satisfait de passes latérales ou en
retrait, le jeune lyonnais est fort utile pour avancer sur le terrain. Déjà,
lorsque l’équipe n’a pas le ballon, il est capable de monter presser très haut.
Mais il brille aussi dans la situation inverse. S’il n’est pas particulièrement
rapide, son agilité et sa première touche de balle sont très efficaces pour
sortir de la densité et éliminer plusieurs adversaires au pressing.
Son pourcentage de réussite à la passe est de 86,4%, un bon chiffre, mais qui
ne peut être interprété qu’en ayant tous les éléments entre les mains. Caqueret
effectue beaucoup de passes vers l’avant et joue en avançant. Sur ses 41,1
passes réussies par match en moyenne, 64% se font dans le camp adverse. À titre
de comparaison avec un concurrent cette saison, sur 32 passes réussies par
match en moyenne, Lucas Tousart n’en effectuait que 52% dans le camp adverse.
Pour sa première en Ligue 1 à Strasbourg (2-1 pour Lyon), le numéro 25 avait
impressionné par ses passes hautes et vers l’avant.
Un parfum d’amour
Si Maxence Caqueret est au cœur du jeu, il est aussi dans le cœur des
supporters. Le trio formé avec Guimarães et Aouar face au PSG vendredi en a
fait saliver plus d’un. Bien que la partie fut plutôt fade, Caqueret n’a pas à
rougir de sa prestation avec 120 minutes bien pleines. De la glace plein les
veines, il n’a pas tremblé au moment de la séance de tirs au but.
L’ex-capitaine des jeunes, en plus d’être un grand penseur du ballon rond, a
l’âme d’un vrai leader. En tout cas plus que Louis XV, qui manifestait en fait
assez peu d’intérêt pour la politique et la gouvernance de son royaume.
Finalement, Maxence Caqueret est né un 15 février, le lendemain de la
Saint-Valentin. Cela fait sens tant l’histoire d’amour entre lui et le Parc OL
s’avère promise pour durer. Lorsque Galilée a développé la lunette astronomique
pour observer le ciel, il y a sans doute aperçu une étoile filante portant le
numéro 25. Une étoile qui, un jour peut-être, régnera sur l’Hexagone ?
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