L'OL vu d'ailleurs #2 : Strasbourg
par OL_ympique
L'OL a des amoureux, des suiveurs, mais aussi des ennemis partout en France. Du
nord au sud, de l'ouest à l'est, et même par-delà les mers, les points de vue
divergent, et le nom même de l'Olympique Lyonnais sonne différemment. C'est
parti pour la deuxième étape de ce tour d'horizon : après un départ dans le
nord de la France, à Lille, nous voilà à l'est, à Strasbourg !
Strasbourg et sa cathédrale, ses accents, sa tarte flambée, mais aussi son
stade de la Meinau... Oui, Strasbourg est une ville de foot, avec le Racing
comme fier représentant. Voilà le décor planté. Et que pense-t-on de Lyon,
là-bas, tout à l'est de la France ?
A Strasbourg, on vit avant tout pour le Racing
A Strasbourg, avant de penser à la grandeur d'un club comme l'OL, on vous
parlera des péripéties récentes du Racing Club de Strasbourg. Relégué en Ligue
2 en 2008, le club alsacien quitte douloureusement la Ligue 2 à l'issue de la
saison 2009-10 pour se retrouver en National. Les supporters n'en sont pourtant
pas encore au bout de leur peine, et en 2011, la liquidation judiciaire est
prononcée. Vainqueurs de la Coupe de la Ligue en 2005, les Strasbourgeois se
retrouvent même plus bas que terre, en CFA 2. Il aura fallu toucher le fond
pour remonter à la surface, mais aussi un sauveur, en la personne de Marc
Keller. Avec ce nouveau président à sa tête, le club retrouve un second souffle
après 2012. Il compte aussi sur de valeureux supporters, se pressant par
milliers à la Meinau pour des matchs de National, contre le rival colmarien
notamment. Finalement, les beaux jours reviennent, et le Racing remporte le
championnat National en 2015-16, puis la Ligue 2 dès la saison
suivante.
L'histoire avait déjà tout pour être belle, mais elle l'est devenue plus
encore. Dès l'année de son retour en Ligue 1, en 2017, le Racing réalise
l'exploit de battre un Paris Saint-Germain invaincu (2-1), et ce malgré un
retour dans l'élite assez douloureux, face à l'OL (4-0). Depuis, le club s'est
installé dans le paysage de la première division française, et avec une
victoire en finale de la Coupe de la Ligue en mars 2019, a retrouvé le chemin
de l'Europe et de la gloire. De quoi réjouir des supporters parmi les plus
fervents de l'hexagone, venant de toute l'Alsace pour arborer les couleurs
bleues et blanches en scandant dans une Meinau pleine à craquer : « Un seul
amour, et pour toujours, Racing Club de Strasbourg ! ».
Supporters strasbourgeois
Aussi, il n'est pas étonnant de voir les petits Strasbourgeois rêver des
coups-francs de Dimitri Lienard, au club depuis 2013, plutôt qu'à ceux de
Juninho ou de Nabil Fekir à 380 km de la capitale alsacienne. Le respect pour
l'OL est réel, mais le Racing semble au-dessus du tout, chez des supporters
nombreux et passionnés dans toute l'Alsace. De même, si le respect est de mise
pour Jean-Michel Aulas en tant que grand président du football français et ami
du président strasbourgeois Marc Keller, les supporters du Racing ne
changeraient ce dernier pour rien au monde. Plus qu'un club de football,
Strasbourg vit son football en famille, dans la fête.
Une âme qui n'empêche toutefois pas de reconnaître et de respecter l'OL, au
contraire : « C'est un club attendu comme un grand club lorsqu'il vient en
Alsace parce que son palmarès et son budget sont monstrueux par rapport au
Racing, mais il n'y a pas de rivalité particulière, ni de haine pour l'OL »
confirme ainsi Florian Zobenbiehler, journaliste alsacien. Pourtant, il y a de
quoi parler de relations un peu spéciales entre capitale des Gaules et capitale
de l'Europe, en revenant quelques années dans le passé.
L'OL, un ogre aux pieds d'argile ?
Très vite, quand on lui parle de l'OL vu de Strasbourg, Florian Zobenbiehler se
souvient : « Ce qui vient plus directement à l'esprit des Strasbourgeois quand
on parle de Lyon, c'est le match retour de cette première saison en Ligue 1,
avec le fabuleux coup franc de Dimitri Lienard qui avait sauvé le RCS en
offrant le maintien avec un succès 3-2 alors que Lyon menait 1-2 à la 88e ! ».
À Lyon aussi, on s'en souvient, de cette défaite tragique qui avait coûté la
seconde place au club (mais heureusement pas la Ligue des Champions) en mai
2018. Beaucoup se souviendront de la performance rocambolesque de Mouctar
Diakhaby, impliqué sur tous les buts alsaciens, mais comment omettre cette
fameuse frappe du gauche de Lienard qui a fait exploser la Meinau ? Alors que
la saison 2017-18 avait commencé sur un carnage des hommes de Bruno Genesio
rappelant aux Strasbourgeois la difficulté du football au plus haut niveau,
elle s'est finie sur une leçon de sérieux et de courage des anciens
pensionnaires de Ligue 2 face à l'ogre lyonnais.
L'ogre lyonnais ? En fait, contre cet adversaire, les gones ont souvent montré
leurs limites si souvent décriées à Lyon. Certains auront même noté que, depuis
2012, le Racing a remporté plusieurs trophées dont celui de la Coupe de la
Ligue, alors que l'OL n'a pas cessé de décevoir depuis cette même année, la
dernière d'un titre rhodanien. Pire encore, « Lyon, c'est aussi une étape
importante de l'épopée du titre en Coupe de la Ligue 2018-19, se remémore F.
Zobenbiehler. Strasbourg y avait gagné 1-2 en quart de finale ». Dur à entendre
pour un supporter lyonnais, ce constat ne ridiculise pourtant pas l'OL aux yeux
des Alsaciens. D'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard si les Lyonnais
comme les Parisiens ont été battus à la Meinau dans une ambiance des grands
soirs : à Strasbourg, on aime les gros morceaux.
Lyonnais battus par Strasbourg en 2018
Crédit photo : AFP (2018)
Athor (@athorstub), supporter passionné, livre même un constat plein de recul
et d'objectivité sur un grand OL aux pieds d'argile. À Strasbourg, s'il vit
Racing avant tout, il regarde aussi avec attention ce qui se passe ailleurs : «
Je considère que l’OL a réellement pris son essor [...] avec Jean-Michel Aulas,
personnalité indissociable du club. À l’époque, sa vision et ses
investissements ont permis de progressivement installer le club aux sommets du
classement et à en faire un club qui compte au niveau européen. Au plus fort de
la domination de l’OL, sur la première partie des années 2000, le club avait
tout pour être une locomotive du foot français et un challenger pour remporter
une coupe d’Europe, avec en plus des réussites sportives, le projet de stade et
le développement du centre de formation. Malheureusement pour vous, j’ai
l’impression que la période 2010-12 fut un tournant, avec une succession de
choix sportifs ratés ou douteux. Au niveau
des entraîneurs, le fait de vouloir toujours rester autour d’un socle de
locaux a empêché le club d’avancer sur un vrai projet sportif, avec un coach
qui aurait pu faire passer un cap. J’ai notamment le souvenir d’un maintien de
Bruno Génésio, au détriment d’un Lucien Favre qui était libre et disposé à
venir [en réalité, L. Favre n'était pas intéressé par le poste, ndlr]. Idem sur
le recrutement. Surtout, la personnalité d’Aulas a de quoi agacer, notamment
ses tweets dignes d’un troll de 15 ans ou ses sorties dans la presse. À mon
sens, c’est ce qui fait le plus de mal à l’image de l’OL aujourd’hui. Pourtant,
le club a un très gros potentiel [...] ». Il est toujours bon de voir que les
critiques passionnées entendues dans les tribunes lyonnaises et sur les réseaux
sociaux se retrouvent dans des points de vue bien plus objectifs.
Quelques tensions, mais pas de rivalité
Dans sa vision très précise et réaliste de l'OL et du rapport entre les gones
et les Strasbourgeois, Athor précise que s'il n'y a pas de rivalité logique
avec un club du niveau (et du budget) de l'Olympique Lyonnais, il existe malgré
tout quelques tensions entre Ultras. Rien de bien méchant, ou plutôt rien
d'inhabituel lorsque des Ultras passionnés de deux véritables clubs de football
se rencontrent. « Au niveau des supporters, il existe une forme de rivalité
entre les groupes ultras, qui date de près de 15 ans, et qui a été émaillée de
plusieurs incidents. Les Lyonnais ont, par deux fois, saccagé un restaurant aux
abords du stade de la Meinau, ou plus récemment, en 2017, ont pris à parti des
Strasbourgeois aux abords du Parc OL ». Les Strasbourgeois ne gardent donc pas
qu'un bon souvenir des matchs les opposant au club rhodanien, même si ces
situations sont à relativiser.
Des étincelles, il peut y en avoir entre passionnés, même s'il n'est pas
question de justifier une quelconque violence, naturellement. Supporters
lyonnais et supporters du Racing n'ont pas de raison de se détester, pas plus
qu'ils n'ont de raison de particulièrement s'aimer. Il y a bien quelques liens,
entre JMA et Marc Keller, ou à travers Martin Terrier qui a fait un bref
passage à Strasbourg où il s'est révélé par exemple. Pas de quoi empêcher des
taquineries, encore une fois ni méchantes, ni gentilles : « En attendant, il
n'y avait pas de penalty pour Lyon sur Nilmar... ».
Bref, un Lyonnais peut se déplacer à Strasbourg et prendre place dans une
tribune de la Meinau sans y risquer sa vie, et même en y prenant du plaisir :
le véritable rapport entre Racing et OL, c'est l'amour du football dans toute
sa splendeur, jusqu'en tribune.
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