Jean-Michel Aulas et la révolution qui vient
Coté en bourse, l’Olympique lyonnais a, comme chaque année, présenté ses
résultats financiers auprès de ses actionnaires. L’occasion, pour son président
Jean-Michel Aulas, d’imaginer le football de demain. Salaires, rémunérations et
organisations, se dirige-t-on vers une révolution ?
Par Pierre Rondeau
Devant la plupart des actionnaires et investisseurs majoritaires de l’OL
groupe, lors d’une conférence de presse diffusée en ligne, Jean-Michel Aulas,
président de Lyon depuis 1987, a présenté les résultats économiques du club, à
l’ère de l’épidémie de coronavirus, et les solutions pour contourner les
pertes. Chiffré, sur la seule première partie de saison, à 111 millions
d’euros, le manque à gagner s’explique en grande partie par l’absence de
qualification en Ligue des champions et des matchs à huis clos, marquant
forcément les recettes jusqu’ici très importantes du Groupama Stadium.
Baisser les salaires et faire des joueurs des actionnaires
Dans l’ensemble, Aulas n’a pas affiché une grande inquiétude, mais a néanmoins
présenté des solutions pour faire face à cette période. Premier élément, et non
des moindres, il a proposé de réduire de 25% tous les salaires supérieurs à 50
000€ mensuels, « ce qui permettrait aussi aux jeunes joueurs de ne pas être
affectés par cette baisse significative. [...] Les gros salaires seraient, en
valeur absolue, les plus affectés. » Et, afin de compenser cette diminution, il
conditionnerait cette baisse à un intéressement sur le résultat via des primes.
« Le groupe aurait la possibilité, sur les résultats sportifs obtenus, de
récupérer tout ou partie de l’effort qui aurait été consenti sur cette baisse
de leur rémunération. » Autrement dit, une qualification directe en Ligue des
champions, un titre de champion de France ou une victoire en Coupe de France
offrirait des primes aux joueurs compensant les pertes de leur salaire actées
en cours de s
aison.
« Les joueurs pourront bénéficier d'un bel investissement en cas de rebond. Ce
serait une belle solidarité entre le sportif, l'économique et l'ensemble des
salariés du groupe. » Jean-Michel Aulas
Mais Aulas va beaucoup plus loin dans la contrepartie, en imaginant une
compensation par actions. Les joueurs qui accepteraient une baisse de leurs
émoluments recevraient en échange des actions du groupe OL, au cours du jour,
c’est-à-dire faible, avec la Covid-19. Et, en cas de reprise économique,
lorsque la situation s’améliorera, ils pourront bénéficier de la valorisation
de la cotation OL Groupe et revendre les actions avec plus-value. En tout cas,
c’est comme cela qu’Aulas le voit. « On peut [...] imaginer que l'action
rebondisse très vite une fois la pandémie passée. [Les joueurs] pourront
bénéficier d'un bel investissement en cas de rebond. Ce serait une belle
solidarité entre le sportif, l'économique et l'ensemble des salariés du groupe.
» Techniquement, rien n’interdit aux joueurs de foot d’être actionnaires d’un
club, qu’ils soient ou non salariés de ce club. Contrairement aux paris
sportifs, qui restent interdits aux acteurs, la spécu
lation et l’actionnariat boursier n’est absolument pas contraint. Bien que
l’Autorité des marchés financiers pourrait surveiller les actions et les choix
des joueurs, surveiller les risques de délit d’initié ou de conflit d’intérêt.
Alors, pourrait-on, l’année prochaine, imaginer Aouar ou Memphis Dempay
transféré dans un club rival de l’OL en Ligue des champions lever le pied lors
des affrontements directs afin de soutenir la cotation lyonnaise ? En effet,
selon une étude des économistes Ramzi Benkraiem, Frédéric Le Roy et Waël
Louhichi, les défaites ou les victoires en Coupe d'Europe peuvent faire évoluer
de 2% maximum le cours de l’action en une seule journée. Il faudra être prudent
à ce niveau-là.
Plus de droits pour les Européens
Ensuite, après avoir prôné le développement de l’actionnariat salarié au sein
de son entreprise, Aulas compte bouleverser le fonctionnement du football
français. Ce dernier milite encore pour une Ligue 1 à 18 clubs, à la fois par
la contrainte de se plier aux futurs calendriers européens, avec une Ligue des
champions très certainement densifiée, plus de matchs et plus de rencontres,
mais aussi pour favoriser un meilleur partage des droits TV. Qui dit moins de
clubs, dit aussi de plus grandes parts pour les restants.
D’ailleurs, au sujet des droits TV, Aulas propose de conditionner une partie
des dotations en fonction des performances européennes. Une part fixe serait
automatiquement redistribuée à tous les clubs, sur la base des performances
nationales et de la popularité de chacun, et une part variable basée sur les
résultats en Coupe d'Europe. Vous gagnez en Ligue des champions, la LFP vous
rémunérera en quelque sorte.
Enfin, dernier point, le président de l’OL souhaite que l’État change et amende
le code du sport afin de permettre une vente des droits non plus sur quatre ans
maximum, mais, comme en NBA, sur six à dix ans. Afin de laisser le temps au
diffuseur de garantir et d’assurer sa rentabilité, mais aussi de stabiliser et
pérenniser les finances des équipes.
Une intensification des inégalités ?
Globalement, on peut applaudir les envies de Jean-Michel Aulas de changer le
football, d’être force de proposition et d’ouvrir le débat. Néanmoins, on peut
aussi s’interroger et discuter de l’intérêt de telles demandes. La question des
salaires reste prégnante et impose de réfléchir sur les causes du problème. Les
joueurs ne sont pas responsables de la crise et n’ont pas signé le contrat avec
Mediapro, n’ont pas été responsables des déséquilibres financiers des clubs et
des choix financiers hasardeux. De même, leur imposer une baisse compensée par
un intéressement boursier peut mettre en péril leur stabilité salariale, où la
rémunération sera dorénavant corrélée à la conjoncture économique et plus fixe
dans le temps.
Ensuite, l’idée d’une redistribution des droits TV nationaux conditionnée en
partie sur les performances européennes peut sembler intéressante, elle
inciterait à la performance, à la recherche de résultat. Seulement, cela
risquerait d’altérer encore plus l’équilibre national, en donnant beaucoup plus
aux équipes européennes, déjà bien dotée, et quasiment rien aux équipes de
seconde partie de tableau. L’intensité compétitive du championnat, avec une
telle mesure, risquerait d’en prendre un coup. Quant à la Ligue 1 à 18, il va
falloir s’y faire, tout le monde ou presque a l’air d’être d’accord avec cette
idée. Et on se demande bien pourquoi...
Par Pierre Rondeau
Source So Foot :
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