[OLplus] /PRESSE/Houssem Aouar, vie d'esthète (France Football)

  • From: stanislas@xxxxxxxxxxx
  • To: olplus@xxxxxxxxxxxxx
  • Date: Sun, 10 May 2020 19:38:00 +0200 (CEST)

Houssem Aouar, vie d'esthète

Biberonné au jeu léché et aux skills, le milieu offensif de l'Olympique 
Lyonnais n'en démord jamais : son style, inné, presque unique, colle à sa peau 
depuis tout gamin. Plongée dans cette quête perpétuelle du beau.
La nuit de Manchester a glacé le sang des locaux autant qu'elle a réchauffé les 
coeurs gones. Lyon a battu l'ogre bleu ciel et l'après-match se veut festif. 
Les petits débriefs louent cet OL enchanteur, guidé par les détails savoureux 
et les prises de décision de son milieu de terrain. Pep Guardiola a retenu un 
nom : Houssem Aouar. «Un très bon joueur, incroyable !», reconnaît le Mister... 
Ce n'est pas une ôde à son talent ou une tirade merveilleuse, seulement 
quelques mots comme une approbation. Tout au plus un passe-droit pour la 
confrérie des «beaux joueurs». C'est enfin et surtout une étape auxiliaire dans 
le processus de développement. «Il fait partie de ces joueurs qui ont la classe 
naturellement sans faire beaucoup de bruit, sourit Armand Garrido, ancien 
formateur à l'OL. Il y a un peu de tout. Houssem, c'est un cocktail de 
plusieurs joueurs de qualité.» Impossible d'en faire fi : il y a quelque chose 
de spécial. Un présent génétique ou un don de la 
 nature, peu importe après tout, que les années à Tola Vologe, le centre 
d'entraînement de Lyon, n'ont cessé d'affiner. «J'ai toujours trouvé que 
c'était un joueur élégant, appliqué, poursuit son entraîneur en U17. Les gestes 
sont beaux. Il a un coup d'oeil, il sent le jeu. Quand il marquait, ce n'était 
pas des grosses frappes, mais beaucoup de finesse.»

Éloge de la première touche

De ces fragments techniques, ressort inévitablement cette première touche de 
balle. Il y a un peu de Thiago Alcantara à le voir bouger les hanches et 
coordonner le geste. Mais au-delà l'ornement, les techniciens y voient avant 
tout une esquive utile. «S'il a la possibilité de prendre le ballon de face, en 
plus d'arriver en conduite, il a une aisance technique et un sens de percussion 
très importants, narre Sylvain Ripoll, mentor chez les Espoirs. C'est quelqu'un 
qui déclenche. Sa première touche, même quand il est dos au jeu ou de 
trois-quart, est très efficace pour se mettre dans le sens du jeu.» Armand 
Garrido philosophe avec moins de poésie, mais l'idée est la même : «C'est le 
genre de joueur qu'on appelait le "nettoyeur de ballon". Vous lui donnez un 
ballon dégueulasse et il va vous le rendre propre. Cette application est 
naturelle. C'est sa manière d'être. Même sur sa personne. C'est un esthète du 
football.» Étonné par les superlatifs qui accompagnent son
  évolution, Houssem Aouar accepte ces compliments stylistiques sans en faire 
une obsession. «C'est Zidane qui est beau à voir jouer, exhale-t-il dans les 
coursives du Groupama Stadium. Moi, je n'en ai pas l'impression...» Pourtant, 
c'est de cette fluidité, héritée d'un corps fluet et de joutes enfantines 
faites de dribbles, d'évitement et de défis, que Houssem Aouar tient son jeu.

Le bon dosage, le bon rythme

Il en développera une énergie créative, à polir désormais, et une précision 
dans le dosage. Vite leader technique des jeunes de l'OL et porté par ses 
capacités instinctives, le numéro 10 en garde une confiance inhérente à son 
parcours de baby gone, la passe comme atout majeur. Une qualité forcément 
appropriée au jeu entre les lignes et éminemment collective dans la plupart des 
situations. Rapidement juste, précis, comme décrit par les addicts de la main 
courante, le jeu de Houssem Aouar trahit une autre faculté : l'analyse.

«Il sait quand le jeu mérite accélération ou quand il faut temporiser...»

«Houssem, enfant, il n'était pas très grand, pas très costaud, mais il avait 
déjà un jeu d'adulte, rembobine un vieux complice de l'académie. Ce jeu de 
contrôle, avec ce côté “je regarde ce qu'il y a autour de moi et je fais la 
passe qu'il faut”, ça, c'est inné. Personne ne lui a appris.» «Il a la qualité 
de passe mais aussi le sens du timing, abonde Ripoll, le sélectionneur des 
Bleuets, reconnaissant. Un ballon qui est donné trop tôt ou tard, même d'une 
demi-seconde, et ce n'est plus la même situation. Lui est toujours très juste, 
avec une maîtrise des rythmes. Il sait quand le jeu mérite accélération ou 
quand il faut temporiser. Le jeu n'est fait que de changements de rythme. 
Houssem sait parfaitement analyser ça.»

Laisser place à la création

Un jeu très cérébral, sixième sens que le principal intéressé voit aussi comme 
un défaut (1), soigné par des séances de décodage numérique. Fidèle des 
après-matches analytiques, planté devant la très détaillée application WyScout, 
le jeune milieu se veut ambitieux. «Dès ses 16 ans, il savait où il voulait 
aller, dépeint Garrido. C'est un meneur de jeu, sur le terrain et en-dehors. La 
réussite, il est allé la chercher. C'est quelqu'un qui a la reconnaissance du 
travail, qui sait par où il est passé.» Un désir XXL qui se conjugue avec un 
besoin de liberté et de complicité. En privé, l'enfant du Rhône se languit des 
intégrations progressives de joueurs à la fibre technique comme Maxence 
Caqueret et Bruno Guimarães. Il reconnaît aussi le bon compromis trouvé par 
Rudi Garcia, son entraîneur, entre rigueur, activité sans ballon et prise 
d'initiatives. Après une synthèse de fin de saison, à l'aube de l'été 2019, il 
avait pris la décision de tenter
  davantage, tant au niveau des frappes que de la percussion. Le bilan 
statistique en est désormais meilleur et les dribbles plus nombreux. «On le 
sent de plus en plus performant dans les trente derniers mètres, avec la 
capacité de donner le dernier ballon et la justesse devant le but», livre 
Ripoll. D'aucuns estiment cette remise en question comme l'origine de séquences 
notables, comme face à la Juventus. Depuis le côté gauche, sa série de 
dribbles, suivie de la passe décisive pour Lucas Tousart, inversait les 
perceptions : le petit venait de manger le gros.


Vecteurs de progrès

L'aile gauche, une expérience ponctuelle où les déceptions sont rares. Le poste 
offre liberté, le résultat se résume en un catalyseur redoutable capable de se 
faire oublier. «Quand vous démarrez vos actions à droite, et que le bloc 
adverse coulisse côté gauche, il faut vite revenir de l'autre côté pour créer 
du temps d'avance, illustre Sylvain Ripoll. Houssem, si on arrive à le toucher 
comme ça, dans l'autre zone, avec ce temps d'avance, c'est le mettre dans les 
meilleures conditions pour créer des décalages.» Armand Garrido force le trait 
: «Quand on a un joueur de cette qualité, on peut le faire jouer partout. Même 
défenseur central s'il le faut. De toute manière, il saura où se placer, il 
sentira le jeu. Il a une qualité technique qui lui permet de s'adapter un peu à 
tous les postes.» Reste à évoluer, encore.

«Houssem est attentif à tout, il est comme ça dans la vie...»

«Il peut progresser, par exemple frapper un petit peu plus encore quand c'est 
le choix qui s'impose, prodigue un habitué des infrastructures OL. Mais aussi 
s'améliorer sur le jeu de tête, l'état d'esprit, l'élimination... Ce qu'il 
fait, c'est très très bien, mais ce n'est pas encore parfait. Cela suffit pour 
beaucoup de matches mais peut-être pas pour une saison entière.» De la plupart 
des conversations, émerge ce double axe de progression : évolution tactique et 
technique globale et mentalité. «Pour vous dire à quel point c'est un joueur 
propre, un jour, un match s'était mal passé et j'avais ensuite fait un 
entraînement sur le terrain en gore (terre battue, ndlr), rigole Armand 
Garrido. Il pleuvait, et le gore sur les maillots, ce n'est jamais bien propre. 
Lui, c'était le seul qui avait le maillot propre. Je ne sais pas comment il se 
débrouillait. Ça fait partie de cette caractéristique de Houssem qui est 
attentif à tout. Il est comme ça dans la vie.» Pour 
 atteindre un pallier supplémentaire, et convaincre encore davantage Didier 
Deschamps ou Pep Guardiola, peut-être faudra-t-il salir le short. Mais à 21 
ans, rien ne presse.

Antoine Bourlon  et Emile Gillet 

(1) : Houssem Aouar à Canal+ : «Il y a toujours ce côté cérébral en moi. Mais 
parfois, il faut peut-être mettre le cerveau sur off et foncer plus pour être 
plus confiant.»


Source France Football : 
https://olplus.fr/PKGQ-
------------------------------------------------------------------------------------------------------
OL Plus est une mailing list indépendante de l'OL   -----  https://olplus.fr
------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour vous abonner, envoyez un mail à olplus-request@xxxxxxxxxxxxx avec 
"subscribe" en sujet
Pour vous désabonner, envoyez un mail à olplus-request@xxxxxxxxxxxxx avec 
"unsubscribe" en sujet
------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour recevoir une compilation de messages plutôt que des messages individuels :
envoyez un mail à olplus-request@xxxxxxxxxxxxx avec "set digest" en sujet
Pour l'annuler : 
envoyez un mail à olplus-request@xxxxxxxxxxxxx avec "unset digest" en sujet
------------------------------------------------------------------------------------------------------
Toutes ces opérations sont également disponibles sur 
//www.freelists.org/list/olplus

 

Other related posts:

  • » [OLplus] /PRESSE/Houssem Aouar, vie d'esthète (France Football) - stanislas