Coupe d'Europe : la France peut-elle se passer de l'OL ?
par Gwendal Chabas
Cette semaine, les clubs français, hormis Lille et un degré moindre Rennes, ont
manqué leur entame en coupe d’Europe. Un mauvais bilan qui n’augure rien de bon
pour le parcours européen de ces formations. Alors, la France peut-elle se
passer de l'Olympique lyonnais dans ces compétitions ? Nous avons posé la
question à deux journalistes fins connaisseurs du football hexagonal et de l'OL.
Une victoire en cinq rencontres. Le bilan de cette première journée de coupe
d’Europe pour les clubs français n’est pas bon. Pour commencer, mardi le Paris
Saint-Germain s’est incliné sur sa pelouse face à Manchester United (1-2). Dans
le même temps, Rennes a glané un point de la réception de Krasnodar (1-1).
Mercredi, Marseille a perdu sur le terrain de l’Olympiakos (1-0). Pour
terminer, Nice a lourdement chuté contre le Bayer Leverkusen (6-2). Seule
éclaircie dans le ciel hexagonal, la victoire de Lille au Sparta Prague (1-4).
« C’est une déception mais pas une surprise. Chaque année c’est pareil
malheureusement. A chaque fois, on croit lorsque l’on voit le tirage que si ça
veut sourire, les clubs français vont se qualifier et lorsque la compétition
commence, nous sommes vite ramenés à la réalité, constate Julien Huët,
journaliste à Tonic Radio, une radio lyonnaise. Nous ne sommes plus au niveau
des compétitions européennes et hormis dans les a
nnées 90, on ne l’a jamais été car nous n’avons que deux coupes d’Europe à
notre palmarès. Il faudrait à un moment donné ouvrir les yeux. »
Yves Leroy, journaliste au Parisien, est un peu plus mesuré même s’il n’est pas
flatteur non plus pour les représentants français. « On ne peut pas dire que
Rennes a raté son entrée, le match n’est pas mauvais, ils ont des occasions. Je
trouve que c’est une prestation plutôt réussite. Même si ce match nul les
handicape dans la course à la qualification. L’OM, on peut presque dire que
c’est coutumier et cela devient assez inquiétant car c’est leur 10e défaite de
suite en C1. Il approche du record qui est de 12. Pour Paris, le contexte est
un peu difficile avec des absents, des joueurs qui faisaient leur retour… On
dirait qu’ils sont restés sur le « Final 8 » et qu’ils n’arrivent pas à se
remettre dans la compétition", analyse-t-il.
"Pour la Ligue Europa, c’est un peu récurrent chaque saison. C’est surprenant,
poursuit le journaliste qui a suivi l'OL durant plusieurs années. Nice avait un
adversaire de qualité. Malgré tout, on attend plus des clubs français. Selon
moi, Nice a des moyens et peut faire quelque chose en C3. L’ampleur de la
défaite m’a surpris. Le problème, c’est qu’en coupe d’Europe, on a plus souvent
des mauvaises surprises que des bonnes. »
« C’est une déception mais pas une surprise »
Cette saison, l’Olympique lyonnais ne participe pas aux soirées européennes.
Depuis son retour dans les compétitions continentales en 1991, il a été un
digne représentant de l’Hexagone au-delà des frontières. « Globalement, l’OL a
toujours répondu présent et porté haut les couleurs de la France. Il est un des
rares clubs français à avoir une culture européenne, affirme Julien Huët. Et on
sait qu’il n’a jamais galvaudé la coupe d’Europe. Même lorsqu’il était moyen en
championnat, il a toujours su élever son niveau dans les grands soirs. »
Une expérience européenne qui peut faire défaut à certaines formations
françaises aujourd’hui. « Je pense que l’explication est dans l’expérience et
dans la motivation car les joueurs de l’OL ont une habitude européenne ou en
tout cas un potentiel européen : Memphis Depay, Houssem Aouar ou encore Moussa
Dembélé. Ils ont des ambitions continentales, estime Yves Leroy. Marseille est
une équipe, je pense, moins aguerrie à ce niveau-là. Cela illustre aussi sans
doute le niveau des clubs à un moment donné. D’autres pays s’investissent plus
dans ces compétitions. »
« L’OL n’a pas peur de ces affiches »
Un constat partagé par le journaliste de Tonic Radio. « Peut-être que
l’expérience va manquer un petit peu. Maintenant, Lille commence à en avoir
aussi. Nice, c’est un peu plus particulier. Ce qui manque à ces clubs, c’est la
profonde conviction qu’ils sont capables de faire quelque chose en coupe
d’Europe, affirme-t-il. L’OL n’a pas peur de ces affiches. Cela peut être le
cas lorsque l’on joue des grosses cylindrées mais par exemple, Marseille et
Nice ne jouaient pas des ogres et ça a été très dur. »
Selon Julien Huët, cette non-participation de la formation rhodanienne à une
compétition continentale va jouer sur l’indice UEFA de la France (5e avec 59,24
points). « Je crois que cela va peser car je ne vois pas un autre club français
hormis le PSG aller en demi-finales cette saison. Lille peut faire une bonne
aventure en Europa Ligue mais on en est encore loin, annonce-t-il. Je crois que
l’indice va baisser mais on a tout de même de la marge sur le 6e (le Portugal
avec 49,44 points). A court terme, nous ne sommes pas menacés pour la 5e place.
»
« L’OL doit s’interroger sur son niveau en championnat »
Une opinion semblable à celle de son confrère, qui toutefois tempère. D’après
lui, l’OL n’a pas fait le travail et il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. «
Oui ça peut pénaliser le football français mais les autres équipes ne vont pas
laisser une place à Lyon juste car il ramène des points à l’UEFA, il doit aussi
faire le nécessaire en Ligue 1, remarque Yves Leroy. Lorsque l’on voit qu’il
est capable de briller en Europe et qu’il est aussi irrégulier dans le
train-train quotidien, ça renforce la déception. On constate en plus que les
autres formations sont capables de dépasser Lyon en France et ne font rien en
Europe. L’Olympique lyonnais doit s’interroger sur son niveau en championnat.
Certes, il pouvait espérer se qualifier car il a souvent fait des beaux sprints
en fin de saison. Mais le classement qu’il avait à la fin de l’exercice, il ne
le doit qu’à lui-même. »
Pour Julien Huët, effectivement, les joueurs de Rudi Garcia n’ont pas fait ce
qu’il fallait pour être plus haut au moment de l’arrêt des compétitions. Il est
tout de même amer de cette décision prise en avril dernier. « En terminant
l’exercice, est-ce qu’il aurait été en coupe d’Europe, malheureusement, on ne
le sait pas. Cela fait du mal au football français que Lyon ne soit pas en
coupe d’Europe, maintenant, il devait se débrouiller pour être dans les 5
premiers au bout de 28 rencontres, admet-il. Pour moi, il y a une énorme
injustice d’avoir arrêté le championnat à 10 journées de la fin. Personne ne
peut jurer que l'OL ne se serait pas qualifié. Je ne pense pas que Lyon serait
revenu sur le podium, mais avec sa culture des fins d'exercice, je suis
convaincu qu’il aurait pu terminer dans les 5 premiers. Oui, au bout de 28
journées, il ne méritait pas d’y être, mais le championnat contient 38 matchs.
On ne saura jamais. » Jason Denayer et se
s partenaires doivent désormais faire le nécessaire pour remonter au
classement et réparer les erreurs de la saison dernière.
Source O&L :
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