Anthony Lopes est-il vraiment un danger public ?
Qui de plus qualifié que les gardiens de but eux-mêmes pour juger les
prestations Anthony Lopes ? Alors que le portier de l’Olympique lyonnais a une
nouvelle fois subi les foudres de ses détracteurs après avoir percuté l’Angevin
Romain Thomas, au cours de l'une de ses sorties aériennes lors de la 11e
journée de Ligue 1, ses camarades sont scotchés par le procès intenté à l’un
des leurs. Certes fougueux et provocateur, Anthony Lopes n’en demeure pas
moins, à leurs yeux, un excellent gardien. Tour de table.
Par Tara Britton
Marcel Aubour ne passe pas par quatre chemins : « Tous les commentateurs sont
des cons. On en fait un plat sur cette sortie, mais ce n’est pas approprié. »
L’octogénaire, qui gardait les buts de l’OL lorsque les Gones ont remporté leur
première Coupe de France en 1964, prend tout de suite la défense d’Anthony
Lopes. Non, le gardien portugais n’est pas un mec dangereux. Il n’a, selon lui,
d’ailleurs pas commis d’infraction en sortant genou en avant sur le dos de
Romain Thomas le 22 novembre dernier. « Sur l’action, Lopes se protège en
sortant avec le genou en l’air. On m’a appris la même chose » , explique de son
côté Nicolas Sachy, emblématique portier du CS Sedan. Nicolas Puydebois va plus
loin : « Antho joue le ballon, ce qui n’est pas le cas de son adversaire. Du
coup, il est percuté. Si tous les deux s’étaient investis, il y aurait eu un
duel épaule contre épaule. »
« C’est comme si Antho mettait la tête là où beaucoup de joueurs ne mettent
pas le pied. C’est un mélange entre le hand et le rugby. » Nicolas Puydebois
« Un peu le Barthez de l’époque »
Doublure de Grégory Coupet à l’OL, celui qui œuvre désormais dans la gestion de
patrimoine préfère louer les qualités de son cadet, qui fait consensus au sein
du microcosme des gardiens de but. « Explosif » , « compétiteur » , «
spectaculaire » : ses pairs ne mâchent pas leurs mots et estiment qu'Anthony
Lopes fait partie des meilleurs à son poste en Ligue 1. Point. Si certains lui
reconnaissent un penchant « kamizake » , Nicolas Sachy estime qu’il s’agit de
l’une de ses plus grosses qualités. « Il n’y a pas beaucoup de gardiens qui
prennent des risques. Lui, il en prend beaucoup. Parfois, il se rate, parfois,
il sauve des buts que d’autres concèderaient. Je trouve qu’on retrouve un peu
le Barthez de l’époque, qui allait aussi au charbon. » Puydebois ajoute : «
C’est comme si Antho mettait la tête là où beaucoup de joueurs ne mettent pas
le pied. C’est un mélange entre le hand et le rugby. » Un cocktail qui peut
être explosif. « Oui, mais aujourd’hui, c’est dur pour les gardiens dans les
sorties aériennes, nuance Marcel Aubour, qui coule une retraite paisible du
côté de St-Tropez. Il y a beaucoup de grands gabarits. C’est un peu spécial
d’être dans les buts. Vous êtes seul, alors il faut être impressionnant. »
Concernant la taille, Patrick Regnault, qui a pris la suite de Sachy à Sedan au
début des années 2000, a sa petite idée sur la question. « Je suis bien placé
pour parler. Je fais 1,80m, et Anthony Lopes n’est pas beaucoup plus grand.
Comparé aux tours de contrôle, on développe d’autres qualités, à commencer par
l’énergie impulsée dans nos sorties. On est mécaniquement plus dynamique. » Une
caractéristique qui rend certains duels spectaculaires et joue sur l’aspect
psychologique lors des face-à-face avec les attaquants.
« Une pile électrique »
À ce jeu-là, Lopes est déjà roi. « Anthony a gagné la guerre avec les
attaquants. Je pense qu’ils y pensent à deux fois avant de se frotter à lui. Je
ne suis pas sûr qu’un gars comme Kylian Mbappé revienne tout de suite au
contact » , avance Nicolas Puydebois, en faisant référence au choc
spectaculaire qui avait mis la star parisienne au sol un soir de janvier 2018.
De là à calmer le jeu dorénavant ? « Il est un peu provocateur c’est vrai,
reconnaît Nicolas Sachy. Mais l’intimidation est déjà faite. Maintenant, il n’a
plus besoin d’en rajouter. »
Si aucun de ces anciens portiers n’est prêt à qualifier Anthony Lopes de «
méchant » , notamment car il n’a jamais causé de blessure et n’a jamais été
sanctionné sévèrement par les officiels à blouse jaune (Lopes a reçu onze
cartons jaunes et aucun carton rouge depuis ses débuts en Ligue 1), certains
admettent toutefois que le joueur rhodanien a déjà été borderline. « Il doit
faire attention à ne pas péter les plombs sur une ou deux sorties où il se
laisse aller » , lui conseille Patrick Regnault. Laëtitia Philippe,
l’expérimentée gardienne du FC Fleury 91, est plus sévère. « Parfois, on dirait
qu’il dévie de ses trajectoires pour aller mettre un coup, admet-elle.
Typiquement, sur l’action face à Angers, il peut éviter de percuter le joueur
dans le dos avec son genou en choisissant une autre trajectoire ou en boxant le
ballon des poings. Un joueur qui est dos à lui ne peut pas lui faire mal. Donc
pour moi, ça reste un geste dang
ereux. »
La « pile électrique » , comme l’appelle en souriant Marcel Aubour, gagnerait
donc à faire preuve d’un peu plus de zénitude. Mais les anciens mettent ça sous
le coup de l’âge. « C’est vrai que les gardiens sont un peu foufous au début »
, raconte le retraité. Et Anthony Lopes, qui a fêté cette année ses trente
printemps, un âge relativement jeune pour un gardien de but, fait encore partie
de cette bande-là. « C’est possible qu’il s’assagisse dans les années à venir.
Il reconnaîtra peut-être alors qu’il a parfois abusé » , s'aventure Patrick
Regnault, qui tient quand même à rappeler : « Si on rapporte le nombre de
sorties limites au nombre total de sorties effectuées, il n’y a pas de place
pour la polémique. »
« C’est possible qu’il s’assagisse dans les années à venir. Il reconnaîtra
peut-être alors qu’il a parfois abusé... » Patrick Regnault
Victime de sa génération ?
Le procès fait à Anthony Lopes met en effet en rogne toute la confrérie des
gardiens de but. « Le foot d’aujourd’hui n’est peut-être plus ce qu’il était à
mon époque, souffle Nicolas Sachy. Moi, je me souviens de gardiens qui y
allaient, comme Pascal Olmeta ou Gaëtan Huard. Jamais personne ne se plaignait.
J’ai aussi pris des coups par des attaquants qui étaient méchants. Quand tu te
tapais un gars comme Dugarry, tu sortais forcément de là avec des bleus.
Prendre des coups fait partie du métier. » Le football d’avant plus rugueux
qu’il ne l’est aujourd’hui ? Nicolas Puydebois voit surtout une grande
différence dans la diffusion des matchs de foot. « Avec la médiatisation, on
revoit toutes les images aujourd’hui. Avant, l’arbitre prenait sa décision et
c’est tout, on n’avait pas tout ce monde pour décortiquer les images. Lopes est
donc, aussi, tributaire de sa génération. » À une chose près : en Angleterre,
le tempétueux port
ier lyonnais passerait sûrement incognito.
Par Tara Britton
Source So Foot :
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