[OLplus] /ITW/Wendie Renard : « chaque fois que je mets mes crampons, c’est pour gagner ! » (France-Antilles Martinique)

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  • Date: Sun, 20 Sep 2020 16:38:40 +0200 (CEST)

Wendie Renard : « chaque fois que je mets mes crampons, c’est pour gagner ! »
Propos recueillis par Fxg, à Paris 


Wendie Renard est née le 20 juillet 1990 à Schœlcher en Martinique. Elle évolue 
au poste de défenseuse droite ou centre à l'Olympique lyonnais. Elle a remporté 
avec son club, l’Olympique lyonnais, quatorze Championnats de France, neuf 
Coupes de France, un Trophée des championnes ainsi que la Ligue des champions 
en 2011, 2012, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020. Rencontre.

France-Antilles : Le foot professionnel, comment ça a commencé pour vous ?

J’ai commencé le foot à 7 ans, mais je suis arrivée en métropole à 16 ans, donc 
le foot professionnel, on va dire que ça fait quatorze ans que j’en fais. Vous 
savez, je frappais déjà des pieds dans le ventre de ma mère ! Après, quand j’ai 
vécu à la cité Conquête au Prêcheur, j’étais entourée de gars qui jouaient tout 
le temps au foot ! Naturellement, j’ai joué au foot. J’ai toujours été attirée 
par le ballon rond, les voitures télécommandées, tout ce qui était pour les 
garçons… J’étais un garçon manqué.

Vous imaginiez-vous enfant que vous seriez considérée comme la meilleure 
défenseure au monde et l'une des meilleures joueuses du monde ?

On ne s’imagine pas à ce point-là, mais on a forcément des rêves en étant 
petite… Moi, c’est sûr que je voulais vivre de ça. A l’école, quand on me 
demandait ce que je voudrais faire plus tard, j’écrivais « footballeuse 
professionnelle » alors que ça n’existait même pas. Même la maîtresse m’a dit 
un jour : « Non, Wendie, faut que tu changes, que tu choisisses un vrai métier 
! » J’ai persisté : « Non, non, c’est ça que je veux faire ! » Et j’ai remis ce 
qu’elle avait barré ! Voilà, depuis mes 8 ans, j’ai dit à ma mère qu’un jour 
elle me verrait sous le maillot bleu. Ca pouvait sembler des paroles en l’air, 
mais j’ai toujours été assez déterminée. Je ne ratais pas un seul entraînement. 
Pareil quand j’ai intégré l’équipe des filles et même avant, au François…

Qu’est-ce que vous faisiez au François ?

Le François, c’était un peu comme le centre de formation de Clairefontaine. La 
semaine, je m’y entraînais avec les garçons. Jocelyn Germé qui était le CTR de 
la Martinique, s’est battu parce que c’était la première fois qu’ils 
acceptaient de faire entrer une fille ! J’y suis entrée avec une autre fille, 
une métropolitaine qu’ils avaient fait venir pour qu’on s’entraîne ensemble, 
mais après deux mois, elle n’est pas restée. Mais c’est la première fille qui a 
permis à d’autres filles de jouer avec les garçons.

« Il fallait qu'on soit présentes »

Cette saison s’est encore achevée par la victoire de votre équipe au 
championnat, en coupe de France, au Tournoi de France par équipes féminines, au 
trophée Véolia féminin et à la ligue des champions. Qu’avez-vous ressenti ?

Beaucoup d’émotion ! C’est une année un peu particulière. Tous ces titres 
resteront gravés parce qu’on a été championnes alors même que le championnat 
n’était pas achevé ! Après on a eu la chance de gagner la coupe de France et la 
ligue des champions. On est parties la chercher collectivement dans des 
conditions difficiles. Il fallait qu’on soit présentes sachant qu’on était 
tenantes du titre et l’équipe à battre ! Ce n’était pas facile, mais on l’a 
fait ! Je retiendrai une belle année, même si elle a été particulière avec le 
COVID !

Comment expliquez-vous votre longue histoire avec Lyon ?

C’est une belle histoire parce que je n’ai pas été reprise à Clairefontaine et 
parce que Jocelyn Germé s’est battu pour moi. Il a appelé un jeune gardien 
martiniquais qui habitait Lyon et c’est comme ça que Lyon m’a permis d’avoir ma 
deuxième chance ! C’est marrant parce que quand je jouais en Martinique, je 
supportais deux équipes : Paris parce qu’il y avait Ronaldinho dans les rangs 
du PSG, et Lyon parce que dans les années 2000, ils ont tout raflé avec 
beaucoup d’Antillais dans leur équipe. C’est vrai que quand je suis arrivée à 
Lyon, j’ai senti quelque chose de différent, que c’était le moment ou jamais…

La footballeuse ne lâche rien sur le terrain. -


Ca fait quatorze ans que ça dure votre histoire avec l’OL… Pour rien au monde, 
vous ne partiriez ?

Non, mais je n’ai pas fermé la porte pour voir ce qu’il se passe notamment à 
l’étranger… En foot féminin, disons depuis cinq ans, il y a des clubs qui 
commencent à investir, à se structurer… Moi, j’ai eu cette chance d’avoir un 
président qui a cru en une section féminine et qui a investi chaque année de 
l’argent. Au début, c’était de sa poche, mais aujourd’hui, on a rapporté des 
titres, on a nos sponsors et la section se développe. Mais c’est compliqué de 
dire qu’on va aller voir ailleurs quand vous savez que professionnellement, 
c’est encore peu structuré même si aujourd’hui, il y a plus d’équipes… Donc 
pourquoi pas ? Mais en tout pour moi c’est sûr, ce sera à l’étranger ! En 
Italie, il y a la Juve, la Roma, et aux Etats-Unis, en Angleterre, en Espagne, 
beaucoup d’équipes se structurent.

« En France, on a encore du chemin ! »

Les femmes sont-elles aussi bien traitées que les hommes ?

Je pense qu’en France, on a encore du chemin. Je suis arrivée très jeune donc 
je vois l’évolution. Quand on discute avec les footballeuses étrangères qui 
jouent à l’Olympique lyonnais, on s’aperçoit qu’on avait un peu d’avance, mais 
que cette avance commence à se réduire. Il y a même des pays qui passent devant 
nous ! Regardez l’Espagne : Toutes les équipes féminines, la D1 comme la ligue 
2, vont passer professionnelles cette année ou l’année prochaine. Des filles se 
sont battues pour ça !

Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?

Je veux marquer l’histoire de mon empreinte, je veux laisser mon nom, le nom de 
mon papa gravé, mais je veux aussi le faire de manière collective. J’ai fait 
6000 km de trajet donc j’ai envie de laisser 6000 fois mon nom quelque part !

Qu’aimez-vous faire quand vous ne jouez pas au foot ?

J’aime bien me reposer ! Je suis casanière. Plus je suis chez moi et mieux je 
me porte. Après, j’ai des hobbies comme tout le monde, me faire un petit ciné 
de temps en temps, un petit restau, manger en famille… Je dis toujours que mon 
corps, c’est mon outil de travail donc quand j’ai du repos, ce n’est pas pour 
aller prendre l’avion, faire du shopping, c’est pour rester chez moi, me 
reposer et prendre soin de ma maison.

Wendie Renard, en 2019, à l'aéroport Aimé-Césaire. -


« Je sais que les Martiniquais sont derrière moi »

Quelle relation avez-vous gardé avec la Martinique ?

J’y vais souvent, minimum une fois par an, en décembre ou pour les grandes 
vacances… Ca dépend des programmes de compétition ! Je suis fière d’être 
Antillaise et Martiniquais et partout où je passe, mes origines sont avec moi ! 
Si vous saviez, quand j’ai marqué contre le PSG, le nombre de messages que j’ai 
reçus, famille, amis ou anonymes… Il y a une ferveur populaire et je sais que 
les Martiniquais sont derrière moi, que la plupart sont fiers de voir mon 
parcours. Je suis Française, mais je sais d’où je viens et le chemin a été 
difficile !

Avez-vous des projets pour le foot en Martinique ?

C’est dans mes projets ! On a énormément de qualités au pays, mais tout est 
question de moyens et de structures. J’aimerai faire des choses pour les jeunes 
parce qu’ils sont la base ! Si demain, on veut avoir de la qualité, il faut 
s’appuyer sur cette jeunesse. Je travaille déjà sur mes projets, mais je ne 
suis pas encore au pays pour mettre en place des choses…

Comment envisagez-vous cette nouvelle saison ?

Tout gagner ! Ca fait quatorze ans qu’on gagne le championnat, neuf fois la 
Coupe de France, sept fois la ligue des champions…

On vous attend au tournant !

Vous pouvez dire tout le monde nous attend ! On connaît déjà le titre des 
journaux en cas de défaite ! Pour nous, c’est motivant, parce qu’on le sait. On 
sait qu’on est l’équipe à abattre, ça nous demande encore plus aux 
entraînements pour être au niveau ! Ça veut dire qu’on a toujours soif ! Chaque 
fois que je mets mes crampons, c’est pour gagner ! On n’oublie jamais que tout 
le monde est à 10 000 % contre nous et nous, on est obligées, on n’a pas le 
droit à l’erreur et chaque week-end, on essaie de se mettre au niveau et de 
tout faire pour gagner.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes Martiniquaises ?

Tout simplement de croire en elles, en leur potentiel ! J’étais déterminée, 
assidue quand j’ai commencé le foot, je savais où je voulais aller. Mon 
message, c’est travailler et rester sérieuse. Il ne suffit pas d’être détectée 
par un club, mais dès le début, il faut savoir ce que le petit garçon ou la 
petite fille veut et lui donner les moyens d’y parvenir ! Même si on a de la 
qualité — à part Messi aujourd’hui qui peut rester un an sans jouer au foot et 
revenir et faire mal à tout le monde — il faut travailler, se donner les moyens 
d’atteindre ses objectifs, ses rêves… Parce tout est possible !

Source France-Antilles Martinique : 
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