[OLplus] /ITW/Christophe Prudhon, ex-coach amateur devenu l'arme secrète de Rudi Garcia (Actufoot)

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  • Date: Wed, 26 Feb 2020 11:59:15 +0100 (CET)

Christophe Prudhon, ex-coach amateur devenu l’arme secrète de Rudi Garcia

Christophe Prudhon est l'une des armes secrètes ou plutôt l’œil de Rudi Garcia. 
Depuis leur rencontre à l'AS Corbeil-Essonnes en CFA2, les deux hommes ne se 
sont jamais lâché ou presque de Lille à Rome, en passant par Marseille ou Lyon. 
Alors que l'OL affronte ce mercredi soir la Juventus de Turin en 8ème de finale 
de Ligue des Champions, l'ex-coach amateur est allé superviser au préalable, et 
comme à son habitude avec minutie, l'adversaire des Gones... Présentation.
Vous êtes le superviseur de Rudi Garcia, en quoi consiste exactement votre 
mission ?

Je vais observer notre futur adversaire. En règle générale, j’essaie de les 
voir deux fois en fonction de la programmation télé, mais ce n’est pas toujours 
facile. J’essaie de voir l’adversaire dans la même configuration qu’il sera 
face à nous, c’est-à-dire que si on joue à domicile, je vais les voir à 
domicile et inversement. Par exemple, je suis allé voir Saint-Etienne deux 
fois, contre Metz et Montpellier, pour préparer notre prochaine rencontre 
contre l’ASSE (ce dimanche 1er mars, Ndlr). J’analyse les performances 
collectives et individuelles, je fais un rapport d’une quinzaine de pages que 
je transmets ensuite aux analystes vidéo et à l’ensemble du staff avec tous les 
éléments nécessaires pour mettre dans les meilleures conditions les joueurs. 
J’analyse les points faibles, les points forts du futur adversaire. Après, la 
vérité du terrain reste la même : ce sont les joueurs qui sont sur le terrain.
Et cela aussi bien en compétition nationale qu’européenne ?

Absolument. Je suis allé voir la Juventus Turin pour la deuxième fois en Coupe 
d’Italie contre le Milan AC (1-1, le 13 février, Ndlr).
Justement, que pensez-vous de la Juventus, adversaire de l’OL ce mercredi en 
Ligue des Champions, qui piétine en Série A ?

Oui, je demande à voir. Il y a eu une évolution de son système de jeu sur les 
derniers matches, est-ce la raison ? J’ai vu la Juventus à Naples (défaite 2-1, 
Ndlr), elle n’avait pas été agressive, mais bon, c’est le genre de club qui 
arrive à changer de visage en Coupe d’Europe. Le club turinois est un peu moins 
bien. On a échangé avec le staff : lorsque la Juve est opposée à une équipe à 5 
elle est un peu en difficulté…
Concernant votre parcours dans le football, quel était-il avant de rencontrer 
Rudi Garcia ?

J’ai un parcours de gardien de but au niveau amateur et j’ai évolué également 
en football entreprise. Puis, j’ai progressivement évolué dans le coaching. 
Quand je suis arrivé en Essonne (il est originaire du département limitrophe 
des Hauts-de-Seine, ndlr), j’ai cherché à entraîner une équipe de jeunes. Je 
suis arrivé à Morangis, puis je suis allé à l’AS Corbeil-Essonnes où j’ai 
rencontré Rudi Garcia par l’intermédiaire d’un dirigeant, José Crespo, qui 
était directeur sportif. Il m’a proposé de prendre l’équipe réserve à 
Corbeil-Essonnes et d’être aussi l’adjoint de Rudi, qui venait d’arrêter sa 
carrière de joueur, sur la première en CFA2. C’est comme ça que l’on a fait 
connaissances. Ensuite, lorsque Rudi est parti à Saint-Etienne comme 
préparateur physique, je suis allé entraîner au CS Brétigny les moins de 17 
ans. Puis, pendant 5 saisons, j’ai entraîné au FC Fleury et l’ES 
Viry-Châtillon, où lors de la derniè
 re année j’ai été manager général du club.
Et comment s’est passée votre rencontre avec Rudi Garcia ?

On m’a présenté Rudi Garcia, on a échangé. On s’est trouvé des points communs 
autour du football, une façon d’appréhender le travail. Quand il est parti à 
l’ASSE, on a gardé le contact. J’avais vu plusieurs matches de Saint-Etienne et 
passé du temps avec lui. Quand il a eu pour proposition d’aller entraîner 
Dijon, il m’a sollicité pour superviser le recrutement au départ sur la région 
parisienne étant donné il y avait pas mal de clubs du coin en National comme le 
Paris FC, Beauvais ou l’Entente Sannois Saint-Gratien. Voilà, la première 
année, j’ai fait du recrutement et ensuite, je n’ai fait que de la supervision 
d’adversaires.
Pourquoi cela a fonctionné et cela perdure ?

Rudi met beaucoup d’importance dans la relation humaine. Le Rudi que j’ai connu 
à Corbeil-Essonnes est toujours le même malgré l’évolution de son parcours, 
malgré le fait qu’il soit monté de niveau aussi bien à Rome qu’à Marseille ou 
aujourd’hui à Lyon. Il a gagné des compétitions, il n’a jamais changé. Nous, on 
a basculé un peu dans une relation d’amitié. Ma façon de procéder lui a plu, on 
a fait notre bonhomme de chemin très tranquillement. C’est vrai que lorsqu’il 
va dans un club, il cherche à m’amener avec lui. Pour l’instant, ça a 
fonctionné partout hormis au Mans, où la première année Rudi était venu tout 
seul. Mais, il était prévu que sur la deuxième année, moi comme Frédéric 
Bompard allions le rejoindre au Mans. Entre-temps, il est parti à Lille au 
mercato et on s’est retrouvé à Lille…
Passer de coach amateur à la cellule de performance de clubs professionnels : 
un changement de dimension non ?

Ça demande un peu de boulot. Moi, je suis monté progressivement : j’ai commencé 
à Dijon en National, puis en Ligue 2. Avec Rudi, je suis monté progressivement 
dans la hiérarchie. Le plus compliqué est le passage à la Roma avec la 
découverte d’un nouveau championnat. En France, je suivais déjà les 
championnats. En Italie, on découvre beaucoup de joueurs. Oui on connaît les 
grands joueurs de la Juventus et de l’Inter, il n’y a pas de soucis, mais les 
autres joueurs d’Hellas Vérone ou de Livourne, c’est plus long ! Les quatre 
premiers mois ont demandé un gros investissement et une grosse activité pour 
m’accaparer le monde du Calcio.
Votre parcours en amateur ne vous a pas empêché de passer le cap pro, comment 
l’expliquez-vous ?

C’est le hasard de la rencontre avec Rudi Garcia, je n’étais pas du tout 
programmé pour mettre un pied dans ce monde-là. Quand je vois, autour de moi, 
tous les gens du monde professionnel, nous ne sommes que quelques-uns issus du 
monde amateur, au hasard des rencontres. C’est un milieu qui reste fermé mais 
comme d’autres milieux. C’est un milieu où nous sommes beaucoup sur le 
relationnel et la confiance y est très importante. Un coach s’entoure d’un 
maximum de gens dont il a confiance.
Le « bon niveau » du foot amateur parisien a-t-il aidé ?

Oui, ça m’a aidé aussi à prendre du recul, je sais d’où je viens. Je ne 
m’enflamme jamais, je connais la réalité du monde amateur avec toutes ces 
difficultés car je n’ai jamais perdu le fil et je continue un peu à suivre tous 
les clubs par lesquels je suis passé. Je m’intéresse toujours au football 
amateur et au football en région parisienne. Ce qui aide, c’est de toujours 
relativiser. Une défaite dans le monde professionnel est très importante pour 
les enjeux et pour l’aspect médiatique qui rentre en ligne de compte. Et j’ai 
la chance d’avoir une activité en parallèle donc le monde de la vie 
professionnelle, je connais, je prends le RER tous les jours pour aller dans 
Paris. Je ne dirais pas que c’est la vraie vie car le monde du football, c’est 
la vraie vie aussi mais ma double activité me permet de garder les pieds sur 
terre et de raison garder dans certaines circonstances.
Dijon, Lille, l’AS Roma, Marseille et maintenant Lyon, laquelle de ces 
expériences vous a le plus marqué ?

Toutes à leur niveau. Lille parce que c’était le saut dans le grand bain de la 
Ligue 1, parce que c’était un club hyper structuré avec au bout des trois ans 
un doublé championnat-coupe, quelque chose d’exceptionnel. La découverte de la 
Ligue des Champions c’est le LOSC, ce sont des moments magiques !Être sacré 
champion de France sur le terrain du Parc des Princes est quelque chose qui 
marque pour un Parisien d’origine. Après, le passage à la Roma marque aussi 
avec la découverte d’un club de légende et un joueur comme Totti que j’ai eu la 
chance de côtoyer. Rome est une ville de football assez incroyable, l’Italie 
est un pays de football assez incroyable ! Pour Marseille, c’est gigantesque en 
émotions. Ce n’est pas au niveau de Rome, mais en France, c’est incroyable. 
Avoir connu ce match en Europa League contre le RB Leipzig (qualification pour 
les 1/2 finales 5-3 au score cumulé en 2018, Ndlr) restera pour moi l’un des 
souvenirs les plus forts. 
 J’espère qu’il y en aura d’autres, mais en termes d’ambiance c’était 
hallucinant le bruit que faisait le Vélodrome. Même les supporteurs ayant connu 
les grandes épopées européennes sous l’ère Bernard Tapie n’avaient jamais connu 
ça. Lorsque l’on parle du 12ème homme, ce jour-là le Vélodrome a joué son rôle. 
Enfin, Lyon c’est la découverte d’un club assez exceptionnel en termes de 
structures et d’organisation, avec un président qui a toujours un temps 
d’avance sur ce qui doit être fait dans le football. C’est un club hyper 
développé, un stade magnifique, un centre d’entrainement magnifique. À chaque 
étape, quelque chose se passe. À Dijon, c’était aussi le début de quelque 
chose, l’envie de faire grandir un club, d’apporter sa pierre à l’édifice. 
Chaque club a eu son importance dans mon parcours et j’en garde des très beaux 
souvenirs.
Votre rôle auprès de Rudi Garcia a-t-il évolué au fil des clubs ?

Au fil du temps, il me sollicite de plus en plus pour avoir mon avis, le regard 
que je peux lui apporter sur différentes choses. Notre fonctionnement reste du 
classique, de l’échange très technique, ce qu’il attend, ce qu’il aimerait 
voir. Quand il a besoin de voir quelque chose de précis, il me sollicite. C’est 
le degré de compétitivité qui a changé. Son exigence a bien évidemment grandi, 
les composantes sont différentes. Ce qui me surprend chez lui, c’est qu’il voit 
des choses très rapidement. C’est ce que l’on se dit parfois avec le staff : on 
va regarder 2-3 fois des vidéos, et lui va en une seule fois pointer du doigt 
quelque chose que l’on n’avait pas réussi à voir.
Quelle est la semaine type de Christophe Prudhon ?

Ma semaine se fait en fonction des retransmissions télé. Dans l’idéal, ça 
commence le vendredi pour voir le match décalé. Ensuite, le samedi et/ou le 
dimanche pour voir un autre match. Je fais en moyenne deux matches par 
week-end. Le fait d’avoir décalé le match du samedi à 17h30, on en a parlé 
l’autre fois avec d’autres scouts, ça nous pose un problème. Avant, pour un 
match à Nice à 17h par exemple, on pouvait ensuite faire le match à Monaco à 
20h. À 17h30 c’est plus compliqué. On verra l’année prochaine ce qui s’annonce 
dans les retransmissions avec Mediapro. Parfois, je fais aussi des matches en 
semaine avec la Coupe d’Europe.
Pourquoi n’êtes-vous pas dans l’organigramme sportif en tant que titulaire ?

Je suis dans l’organigramme, mais j’ai une double activité. Avec Rudi, on s’est 
posé plusieurs fois la question. Ce fonctionnement lui donne satisfaction, il 
donne aussi satisfaction au club. Je ne suis pas certain d’avoir une plus-value 
dans le quotidien d’un club. Je ne dis pas que ça ne changera pas. Peut-être 
que dans un autre contexte, dans un futur proche, ça se fera. Pour le dire 
autrement, on n’a pas trouvé que c’était pénalisant pour le club avec ce mode 
de fonctionnement.
Avez-vous toujours un lien, ou un œil, avec le football amateur ?

Oui, le lundi matin, ce sont les premiers résultats que je regarde : Fleury, 
Viry. J’ai découvert des clubs comme Aubervilliers, Ivry, Montfermeil et dès 
que je peux avoir une fenêtre de tir, j’essaie d’aller voir Fleury ou d’autres. 
Je suis le football amateur car ça reste une pépinière énorme de jeunes talents 
! J’ai toujours des contacts avec les coachs de la région.
D’après-vous, le niveau est-il est train de se resserrer entre le monde 
professionnel et amateur, N1 et N2 notamment ?

Il est compliqué de répondre à cette question. Il se resserre et se desserre en 
même temps. On s’aperçoit que beaucoup de joueurs sont formés, certains ne 
passent pas au niveau professionnel et repartent en  amateur : N1, N2 ou N3. 
Après, il y a une problématique de moyens un peu inégale dans ces clubs-là. On 
a des clubs en National où personne ne travaille et tout le monde joue au 
football. J’ai du mal à avoir un avis très établi car je ne regarde pas 
suffisamment de matches de N1 ou de N2. Ce que je constate malgré tout c’est 
que le niveau technique a baissé. Il a baissé car les coachs ont tellement de 
pression, même dans ces divisions, qu’ils jouent avant tout pour ne pas perdre 
et bâtissent un football pour ne pas encaisser de buts. Ils attendent la baisse 
physique de l’adversaire pour faire la différence.  Autant au niveau des 
jeunes, je trouvais une philosophie de jeu inverse avec des éducateurs qui 
cherchent à repartir de derrière, avec de l’
 application technique. Je peux comprendre aussi l’obligation de résultat, mais 
on peut aussi avoir l’obligation de bien jouer. On critique beaucoup notre 
Ligue 1, je la trouve quand même de qualité. La preuve en est avec les joueurs 
étrangers qui ont du mal à s’y adapter. Notre championnat a plein d’atouts. On 
n’a pas tous les meilleurs joueurs du monde, mais j’ai bien aimé Leonardo (le 
directeur sportif du PSG, Ndlr) et son échange dans le Canal Football Club 
(après PSG – OL, le 9 février). Il a demandé aux consultants de Canal+ de 
nommer les cinq meilleurs joueurs au monde et parmi les cités deux sont en 
Ligue 1. Il faut savoir apprécier ça. Il y a de très bons joueurs ici. On 
oublie très vite que la France n’est pas un pays de football, donc on a du mal 
à s’enflammer.

Les joueurs amateurs peuvent-ils encore parvenir au monde professionnel sans 
passer par un centre de formation ?

Quand tu regardes le dernier exemple en date, Youssouf Fofana : il était à la 
JA Drancy en réserve U19, puis a signé à Strasbourg et vient de rejoindre l’AS 
Monaco pour 15 millions d’euros. Il n’a fait aucun centre de formation. Je 
connais son ancien coach à la JAD, Himed Hamma, qui est maintenant à l’AF 
Bobigny (co-entraîneur de l’équipe National 2, Ndlr). Il l’a fait bosser, et ça 
montre que dans le football amateur nous avons de très bons coachs. Je pense 
que le football va évoluer : des garçons non conservés en centres de formation 
vont émerger plus tard… Il y a aussi Mohamed Simakan, passé par le Sporting 
Club Air Bel et qui est désormais au Racing Club de Strasbourg. Aujourd’hui, 
tous les clubs recherchent le bon joueur et ils le cherchent dans cette 
zone-là… Et c’est très bien que ce soit encore possible !

Propos recueillis par Farid Rouas.

Source Actufoot : 
https://olplus.fr/OAz6X
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