Cascarino : "L’engouement du Mondial 2019 ? En club, ça n’a pas encore trop
suivi…"
Par Fabien Esvan
EQUIPE DE FRANCE FÉMININE - Il y a un an, la Coupe du monde féminine fermait
ses portes. Un succès sur le terrain, mais pas seulement pour Delphine
Cascarino, attaquante de l’OL. Pour Eurosport, la jeune Lyonnaise revient sur
l’aventure des Bleues et l’écho du Mondial 2019, la reprise des compétitions,
mais aussi le partenariat avec l’OL Reign. Entretien.
Aujourd’hui, cela fait un an que le Mondial féminin en France a fermé ses
portes. Quel souvenir en gardez-vous ?
Delphine Cascarino : J’en garde vraiment un très bon souvenir même si la
victoire n’a pas été au rendez-vous pour nous. Malheureusement, on n’a pas été
au bout. C’était en France, chez nous, devant nos familles, notre public.
C’était incroyable de vivre cette expérience internationale ici.
Outre vos matches, on a senti un réel intérêt du public avec des stades assez
remplis. Est-ce que vous vous attendiez à un tel engouement ?
D.C : On ne s’y attendait pas trop, mais on l’espérait vraiment. Cela faisait
un petit moment que tout le monde parlait de cette Coupe du monde donc on
espérait vraiment un bel engouement autour du football féminin et c’est ce qui
s’est passé. C’est vraiment positif pour nous et pour la suite. On a vu que de
plus en plus de monde s’intéressait au foot féminin grâce à cette compétition.
Même si vous perdez le quart contre les Etats-Unis, est-ce que ce match contre
les Américaines reste un moment "à part" de votre carrière en Bleu avec un
stade plein et bruyant du début à la fin notamment ?
D.C : C’est sûr que remplir le Parc des Princes, c’est quelque chose
d’incroyable. Ce n’est pas donné à toutes les équipes. On était vraiment fières
d’avoir joué devant un tel public, dans ce beau stade. Malheureusement, la
victoire n’était pas au bout, mais on garde un bon souvenir de ce match-là et
de cette Coupe du monde.
Depuis la fin du Mondial, est-ce que vous ressentez un intérêt, une attention
accrue pour le foot féminin que ce soit chez les supporters ou le grand public
tout simplement ?
D.C : Il y en a eu un avant la Coupe du monde et pendant, forcément. Il y a eu
un gros boom par rapport à notre notoriété. Les gens suivaient l’équipe de
France féminine et ça continue d’ailleurs. Il y a beaucoup de monde qui vient
nous voir jouer. Mais j’ai l’impression qu’en club, ça n’a pas encore trop
suivi par rapport à la sélection.
Est-ce que vous ressentez des changements et des progrès au niveau sportif et
institutionnel en terme de reconnaissance ou d’exposition ?
D.C : A Lyon, on a déjà la chance d’être dans un club qui a mis les moyens
financiers et même marketing et ce, bien avant la Coupe du monde. On a la
chance d’avoir eu une bonne publicité déjà grâce à notre palmarès et par
rapport à ce qu’on a fait avant la Coupe du monde. Donc, il n’y a pas eu de
grands chamboulements.
C’est plus en sélection qu’il y a eu du changement. Il y a plus de monde qui
vient nous voir et ça fait vraiment plaisir. L’après Coupe du monde, il y a
peut-être eu quelques améliorations, mais ce n’était pas énorme. A Lyon, on est
bien loties.
A Lyon, vous avez senti qu’il y avait plus de monde que d’habitude aux matches ?
D.C : C’est vrai que les premiers matches, c’était vraiment plein et il y avait
du monde autour du terrain. Il y a eu un petit effet Coupe du monde, par
rapport au public. En général, on connaît de vue les gens qui viennent nous
voir et là, c’est vrai qu’il y avait des nouvelles têtes, un nouveau public et
des familles qui ne s'intéressaient pas spécialement au foot avant.s
Comment les joueuses ont accueilli la décision de mettre un terme à la saison
dans ce contexte sanitaire si particulier ?
D.C : Bien sûr, ça ne nous a pas plu d’arrêter la saison prématurément, mais on
n’avait pas le choix. En tant que professionnelles, on se devait de donner
l’exemple, d’arrêter nos activités. On a appliqué toutes les consignes. On a
patienté. Maintenant, on est de retour et ça fait du bien.
Même si il y a un quatorzième titre de championnes de France au bout, votre
sixième personnel, est-ce qu’il n’y a pas ce petit regret de ne pas être allé
au bout notamment avec votre duel avec le PSG ?
D.C : Il nous restait quelques matches à disputer et ça nous a freiné dans
notre objectif. Certes, on est championnes de France, mais on aime la
compétition. On ne sait pas ce qui aurait pu se passer sur les dernières
journées. On avait envie de terminer, malheureusement, la décision a été prise
et on doit l’accepter. Il nous reste encore la Coupe de France et la Ligue des
Champions.
Quelques voix se sont élevées dans le foot féminin français pour dire que vous
aviez été quelque peu "oubliées". Même si à Lyon, vous êtes dans un excellent
environnement, comment avez-vous géré cette période ?
D.C : On n’avait pas le choix. On devait respecter les règles, on s’entraînait
individuellement à la maison. Le club nous a gentiment prêté du matériel pour
qu’on continue de s’entraîner notamment des vélos, des échelles de rythme, des
choses qu’on pouvait faire en intérieur. Je ne pense pas qu’on ait été oublié.
On a été logées à la même enseigne que les garçons. Peut-être au niveau
financier ? On était au chômage partiel, comme beaucoup de Français.
Quand vous voyez la Bundesliga, la Liga, la Serie A, la Premier League, vous
vous sentez de reprendre rapidement après votre préparation ?
D.C : On espère reprendre vite, mais il faut faire attention. Les conditions
d’entraînement en individuel ne sont pas les mêmes qu’avec le collectif sur le
terrain. Physiquement, il faut faire attention à ne pas se blesser. Il ne faut
pas brûler les étapes. Il faut y aller petit à petit.
L’OL a racheté le club du Seattle Reign aux Etats-Unis (devenu OL Reign par la
suite). Comment avez-vous accueilli la nouvelle dans l’équipe ?
D.C : C’est plutôt positif. On a vraiment des joueuses qui pourraient pourquoi
pas venir à Lyon et à l’inverse, des filles de chez nous qui iraient au Reign.
C’est plutôt bien de "mettre les pieds" dans le championnat américain. Il est
vraiment différent de celui qu’on a en France. Il est plus suivi. Le soccer
américain est vraiment popularisé. J’y ai été avec Lyon et c’est vrai que ça a
l’air d’être un bon championnat. C’est une bonne idée de créer des échanges
entre les deux clubs.
Vous avez 23 ans, vous avez déjà un superbe palmarès. Est-ce que c’est une
destination que vous pouvez envisager plus tard pour votre carrière ?
D.C : Ah oui, pourquoi pas ! On a la chance de pouvoir vivre de notre sport,
d’avoir la possibilité d’aller jouer sur un autre continent. Je ne fermerais
pas la porte à ça. Alors oui, je suis encore jeune. J’ai tout le temps pour
voyager, mais c’est vrai que les Etats-Unis, j’y pense pour plus tard. Ça
pourrait me plaire.
Source Eurosport :
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