Bruno Guimaraes, déjà comme chez lui
Arrivé mi-février à Lyon, Bruno Guimaraes a tout de suite brillé avant d’être
freiné par le confinement et l’arrêt prématuré de la saison. Quelques mois plus
tard, le milieu défensif brésilien de vingt-deux ans entame le nouvel exercice
sous le signe de l’ambition et d’une intégration express à tous les niveaux, à
rebours du cliché qui colle aux Sud-Américains. Celui qui a la volonté de
s’inscrire dans l’histoire du club s’est longuement confié à RMC Sport sur
cette adaptation réussie avant le déplacement à Montpellier ce mardi soir en
match en retard de la première journée de Ligue 1.
Il finit l’entretien par un "ouf" marque du soulagement. Heureux d’avoir su
répondre à toutes les questions en français. Bruno Guimaraes a signé à
l’Olympique Lyonnais fin janvier. Sept mois et demi après, le Brésilien de
vingt-deux ans peut déjà passer le cap d’une longue interview – près de
vingt-cinq minutes – dans la langue de Molière. S’il cherche encore souvent ses
mots, le milieu de terrain défensif et polyvalent comprend toutes les questions
et sait s’en dépatouiller. Et merci à ce satané confinement subi peu après son
arrivée mais que le garçon a su utiliser comme une force.
"Je me suis dit que je n’allais pas rien faire à la maison et que j’allais
commencer des cours, confie-t-il à RMC Sport avec un large sourire qui ne
quittera pas de toute la conversation. J’avais un cours tous les jours via
Skype. C’est pour ça que je commence à parler, même si je sais que j’ai encore
besoin d’apprendre beaucoup de choses car le français est une langue
difficile." Il a utilisé Isabelle Dias, recrutée comme traductrice à l’été 2000
pour donner des cours de français à Edmilson et depuis devenue une super
intendante qui aide à l’intégration des nouveaux joueurs étrangers, pour
converser et "(lui) faire la traduction quand (il) avai(t) une question".
Avec son agent Alexis Malavolta et un ami, qui ont vécu le confinement avec
lui, ils ont aussi "passé beaucoup de temps à parler français" quand ils
discutaient "foot, console ou de choses vues sur internet". Objectif
intégration. "C’est très important pour parler avec le coach, avec les joueurs,
au restaurant ou quand je veux demander quelque chose dans la rue, appuie-t-il.
Je savais que ça demanderait beaucoup d’efforts, c’est pour ça que je voulais
parler tous les jours pour apprendre le plus vite possible. J’ai besoin de
parler simplement, avec des phrases courtes, comme ça les autres peuvent mieux
me comprendre. Maintenant que je parle français, je peux discuter avec mes
coéquipiers de comment je préfère recevoir le ballon, comment et où j’aime le
donner. L’adaptation est plus facile. Le confinement a eu un bon côté."
L’intégration par les mots est express. Idem sur les autres plans. D’abord dans
la vie de tous les jours. Le natif de Rio est devenu un vrai Gone en quelques
mois. A Lyon, il apprécie "tout" de la ville qu’il "connaî(t) déjà bien". Il
"aime beaucoup le parc de la Tête d’Or" mais aussi, et c’est essentiel entre
Rhône et Saône, "manger au restaurant". Celui de Paul Bocuse, classique des
classiques locaux, est son préféré. Il cite aussi "un italien du centre-ville"
dont il a oublié le nom. Et son visage s’éclaire un peu plus avec un mot:
fromages. "J’ai toujours aimé ça et il y en a beaucoup de différents ici,
sourit-il. Manger une raclette, c’est quelque chose qu’il n’y a pas au Brésil
alors que c’est très, très bon."
Bruno Guimaraes n’a pas seulement découvert un nouveau club à Lyon. Il a
embrassé un art de vivre local. Une ville. Qu’il porte déjà un peu sur la peau
avec un tatouage clin d’œil représentant une lionne et ses deux petits. "C’est
mon animal préféré et ça faisait longtemps que je rêvais de le faire car
j’avais déjà d’autres tatouages, raconte-t-il. Et quand je suis arrivé ici, je
me suis dit que c’était le bon moment et je l’ai fait." L’intégration se
conjugue aussi, surtout, au sportif. A peine arrivé, tout de suite adopté. Les
Sud-Américains sont réputés pour mettre du temps à s’adapter à l’Europe? Lui
fait taire le cliché.
L’encre de la signature de son contrat de quatre ans et demi – transfert à 20
millions d’euros et intéressement de 20% sur une future revente – à peine
séchée, et après avoir terminé le tournoi pré-olympique pour Tokyo à Bogota
(Colombie), le capitaine de l’équipe olympique du Brésil (cinq sélections U23)
fait des premiers pas intéressants à Metz, le 21 février (victoire 0-2), avant
de signer des performances de premier ordre lors du huitième de finale aller de
Ligue des champions contre la Juventus Turin (victoire 1-0) puis du derby
contre Saint-Etienne en Ligue 1 (victoire 2-0). Une défaite à Lille (1-0) plus
tard et c’est l’heure du confinement.
Mais la greffe a déjà pris, facilitée par un projet qui lui a plu d’entrée.
"C’est le fait de jouer pour une grande équipe, la confiance du président et de
tous ceux qui travaillent ici, énumère-t-il pour expliquer la chose. C’est
aussi pour la sélection: je rêve de jouer les Jeux Olympiques et dans la
Seleçao principale, et pour ça je sais que j’ai besoin de bien jouer." Comme
tous les apprentis footballeurs de son pays, ou presque, Bruno Guimaraes avait
depuis longtemps l’objectif de "sortir du Brésil et venir dans un grand club
européen". "Le football brésilien est bon mais le football européen est
meilleur, constate-t-il. Et jouer la Ligue des champions est une chose à
laquelle j’ai rêvé toute ma vie."
Alors quand le directeur sportif lyonnais Juninho, idole et modèle, est au bout
du fil, l’envie se mue en réalité pour le vingtième brésilien de l’histoire du
club. Même quand l’Atletico de Madrid, entre autres, se montre intéressé.
"Juninho a été très important dans ma venue. J’étais très content quand il m’a
appelé. C’était difficile car il y avait d’autres clubs qui me sollicitaient
mais il m’a présenté un grand projet, il a aussi parlé avec mes parents, et je
suis venu pour tout ça. Juni, c’est comme un père pour moi. Il aide beaucoup ma
famille, mon agent et moi. Quand j’ai parlé avec lui pour la première fois, il
a gagné ma confiance totale. Il m’a tout raconté, la ville, les supporters, le
club, et même le rôle d’Isabelle. Il a gagné ma confiance avec ça et je crois
dans ce projet, cette équipe, ce club."
Le coach Rudi Garcia et les supporters l’ont eux aussi mis en confiance "dès
(s)on arrivée" dans ce qu'il considère comme "une bonne équipe avec beaucoup de
jeunes joueurs qui ont faim". De quoi lui donner envie de "créer (s)on
histoire" à l’OL. Et tant mieux si elle suit la trajectoire de celui qui l’a
convaincu de venir, icône du club. "Je veux que mon histoire à Lyon soit
marquante, confie-t-il. Que tout le monde dise: 'Bruno, c’est pareil que
Juninho'. Je veux faire la même chose. J’ai envie de faire de grands matches,
de passer les cent matches avec le club car c’est quelque chose de très
difficile à faire dans le football aujourd’hui, de gagner des trophées."
Le Brésilien Bruno Guimaraes (en bleu) au duel avec le Colombien Jaime Alvarado
lors du tournoi pré-olympique pour Tokyo en février 2020
AFP - Le Brésilien Bruno Guimaraes (en bleu) au duel avec le Colombien Jaime
Alvarado lors du tournoi pré-olympique pour Tokyo en février 2020
Avec tout ça, les supporters sont vite dans la poche. "Les gens qui parlent
avec moi dans la rue sont très gentils et je me sens à la maison, comme au
Brésil, raconte-t-il. Ça facilite beaucoup ma vie ici. Quand ils parlent avec
moi, ils commencent en me disant 'obrigado' (merci, ndlr). Ils me disent bravo
pour mon match, mon arrivée, mon français." Un amour rendu qui permet de mieux
se sentir sur la pelouse. "Quand tu sais que les supporters aiment beaucoup ce
que tu fais, tu te sens très important, un grand joueur, et quand je rentre sur
le terrain, je sais que je dois jouer comme un supporter et donner mon maximum
pour l’équipe."
Les fidèles des Gones apprécieront le message. Ils adoreront surtout
l’ambition. Quand on lui parle objectifs sportifs, Bruno Guimaraes répète un
message en boucle: retrouver le trône de la Ligue 1. "Le plan, c’est que Lyon
regagne le championnat de France, que Lyon retourne en Ligue des champions pour
aller loin comme la saison dernière, avance-t-il. L’objectif de ma vie, c’est
gagner la Ligue des champions et je pense que pour Lyon aussi. On est en train
de travailler pour ça. Mais en ce moment, on pense seulement à regagner le
championnat de France, c’est le plus important pour le club."
Et dès cette saison si possible. "Cette saison sans Europe, c’est dur et triste
pour nous, poursuit-il. La dernière fois, c’était en 1997, l’année de ma
naissance. La saison dernière s’est terminée alors qu’il y avait encore 30
points à prendre. On n’a rien pu y faire. C’est pour ça qu’on a besoin de
gagner, l’obligation de faire un grand championnat. On va jouer seulement le
week-end et on aura beaucoup de temps pour travailler dans la semaine. Quand
Lyon a-t-il été champion pour la dernière fois? 2008? Cela fait longtemps. Mais
cette année, je pense que nous pouvons gagner le championnat."
Pour conquérir le Graal national, il faudra garder le groupe le plus compétitif
possible. Compliqué dans un mercato plutôt placé sous le signe des départs du
côté de Lyon. Mais Bruno Guimaraes veut croire à la cohésion née d’un Final 8
européen réussi, à cette envie de continuer à gagner ensemble. "Je ne sais pas
ce qui va se passer avec les autres joueurs. Mais j’espère que tout le monde va
rester pour faire un grand championnat. Avec notre demi-finale de Ligue des
champions, je pense que beaucoup de joueurs vont rester et que beaucoup veulent
venir. C’est pour ça que je pense que nous pouvons gagner le championnat."
Avec un impératif: trouver cette régularité qui a trop fait défaut aux Gones
ces derniers mois, capables du meilleur face aux "gros" comme du pire face aux
"petits". Surtout à domicile. "La saison dernière, on a perdu beaucoup de
points à la maison, rappelle le milieu brésilien. On en a parlé entre nous pour
cette saison car nous ne pouvons pas revivre ça. On a besoin de gagner tous les
matches chez nous. Contre Dijon (victoire 4-1 fin août, ndlr), on a d’abord été
mené mais tout s’est bien passé. On voyait qu’on jouait bien, qu’on faisait les
choses qu’on avait travaillées à l’entraînement, et que nous pouvions gagner le
match. C’est presque obligé de gagner en jouant comme ça."
Celui qui revendique aimer "passer du temps avec le ballon, avoir plus la
possession que l’adversaire" tentera de la faire à Lyon avec le numéro 39 sur
le dos, hommage au "numéro de taxi de (s)on père". L’homme à qui il compte
dédier son premier but lyonnais. "Je suis impatient de marquer avec Lyon car je
veux faire une célébration spéciale en son honneur. Quand je suis arrivé à
l’Athletico Paranaense (7 buts en 84 matches entre 2017 et 2020 après une
formation à l’Audax Rio et un passage de deux ans au Gremio Osasco Audax,
ndlr), il m’a dit de demander ce numéro car il allait m’apporter de la chance.
C’est ce que j’ai fait et là-bas, j’ai beaucoup gagné (notamment la Copa
Sudamaricana 2018 et la Coupe du Brésil 2019, ndlr), j’ai connu une grande
histoire. Je veux continuer avec le 39 toute ma vie. Je l’ai demandé à Juninho
avant d’arriver. Je ne savais pas si je pouvais car j’avais vu que les numéros
n’allaient que jusqu’à 30 en Fra
nce. Juninho a demandé aux instances et il m’a appelé pour me dire que
j’allais jouer avec le 39. C’est là que je lui ai dit: 'Envoyez-moi l’avion
s’il-vous-plaît!' (Rires.)"
Le père en inspiration du numéro, et bien plus encore. "Mon père a travaillé
plus de vingt ans dans les taxis et l’argent qu’il a fallu pour que je puisse
m’entraîner ne venait que de lui. Il arrêtait de travailler pour venir avec moi
à l’entraînement. Il ne m’a jamais dit: 'Bruno, je n’ai pas d’argent pour que
tu puisses t’entraîner'. Je lui dis tout. Mes parents ont tout fait pour moi.
Ils ont arrêté de travailler et ils sont venus avec moi en France. Ils sont
aussi en train d’apprendre le français, on se parle pour s’entraîner. Après les
matches, je demande toujours au club de m’envoyer la vidéo pour que je puisse
la regarder avec eux. Ils me disent ce qu’ils pensent que je dois faire pour
m’améliorer." En mars, cela aurait pu le mener à la Seleçao, la grande et plus
la version U23. Partie remise. "C’est vraiment mon objectif. J’espère être dans
la prochaine liste." Le jour où il verra son nom sur l’écran, Bruno Guimaraes
lâch
era sans doute un "ouf".
Alexandre HERBINET (@LexaB) avec Edward JAY (@EDWARDJAY73)
Source RMC :
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