« Je n’hésitais pas à bousculer les garçons », raconte la jeune latérale
australienne Ellie Carpenter
INTERVIEW Recrutée l’été dernier par l’OL pour succéder à Lucy Bronze dans le
couloir droit, l’Australienne de 20 ans revient sur ses saisons disputées, à
l’adolescence, dans un championnat masculin
Propos recueillis par Jérémy Laugier
Actuel deuxième du championnat à un point du PSG, l’OL doit l’emporter
samedi (21 heures) contre son rival historique afin de filer vers un 15e titre
consécutif en D1.
20 Minutes a rencontré avant ce choc la latérale droite australienne Ellie
Carpenter (20 ans), qui s’est vite acclimatée à l’OL.
Plus jeune joueuse à avoir participé aux JO et au championnat américain,
elle nous explique en quoi évoluer à l’adolescence avec des garçons l’a «
beaucoup aidée à grandir ».
Le 15e sacre consécutif en D1 va-t-il échapper à l’OL ? Poussées dans leurs
retranchements comme jamais depuis le début de leur règne, les Lyonnaises
doivent absolument battre le PSG, samedi (21 heures) au Parc OL, pour reprendre
la tête du championnat. « On ne veut plus vivre cette sensation de défaite »,
insiste Ellie Carpenter, marquée par le revers (1-0) à l’aller au Parc des
Princes. Bluffante de précocité, à l’image de sa participation aux Jeux
olympiques de Rio en 2016, la latérale droite australienne de 20 ans s’est
confiée à 20 Minutes avant cette véritable « finale » de D1.
A la lutte avec l'attaquante parisienne Marie-Antoinette Katoto, Ellie
Carpenter a mal vécu la défaite (1-0) à l'aller au Parc des Princes.
A la lutte avec l'attaquante parisienne Marie-Antoinette Katoto, Ellie
Carpenter a mal vécu la défaite (1-0) à l'aller au Parc des Princes. - FRANCK
FIFE / AFP
Dans votre plan de carrière, vous imaginiez-vous rejoindre Lyon, seulement deux
ans après votre arrivée dans le championnat américain ?
Non, j’avais signé un contrat de quatre ans avec Portland donc je ne pensais
pas venir aussi tôt dans ma carrière en Europe. Mais quand en début d’année
2020, mon agent m’a fait savoir qu’il y avait un intérêt de Lyon. Je ne voulais
pas laisser passer cette opportunité. D’autant que la Ligue américaine n’a pas
pu avoir lieu la saison passée, et que l’avenir du football semblait plus
incertain aux Etats-Unis qu’ici, ça a pu jouer dans ma décision.
Était-il acté, au moment de votre signature, que vous alliez prendre la
succession de Lucy Bronze, même si elle restait pour le Final 8 de Ligue des
champions en août ?
Oui, j’étais quasiment sûre qu’elle allait partir. Je pense que nous avions un
accord avec le club sur ce point-là. C’était bien pour moi de côtoyer pendant
quelques mois une joueuse aussi incroyable que Lucy, afin de bien observer
comment elle s’entraîne.
Durant le Final 8 en Espagne, avez-vous vraiment eu la sensation de devenir
championne d’Europe, même si vous n’avez participé à aucun des trois matchs ?
C’était un timing étrange pour moi avec cette situation de Covid-19. Je ne me
suis pas sentie vraiment légitime pour fêter ce titre. Je venais d’arriver, je
n’ai pas joué, mais c’était une bonne introduction pour moi afin de découvrir
comment l’équipe joue. Là, je me sens forcément plus impliquée dans cette
nouvelle édition. Au début, j’étais un peu nerveuse, puis je me suis vite
connectée avec les filles sur le terrain.
Le premier tournant de votre carrière semble se situer à l’âge de 12 ans,
lorsque vous déménagez avec votre famille à Sydney pour fréquenter la
Westfields Sports High School…
Oui, j’ai alors dû faire un choix difficile entre le football et l’athlétisme.
J’étais à fond sur l’athlétisme aussi, je participais aux championnats
nationaux en sprint. Mais je suis contente d’avoir opté pour le football, et ma
vitesse m’aide toujours dans le foot, surtout à mon poste de latérale.
Comment avez-vous pu être prête, dès l’âge de 15 ans, à devenir professionnelle
et à intégrer la W-League australienne ?
Avant ce premier contrat pro, je ne voulais pas évoluer à un niveau moyen dans
les catégories jeunes, au sein d’une équipe entièrement féminine. J’ai donc
tenu à me dépasser en jouant contre les garçons. Il a fallu faire une
exception, et toutes les équipes ont dû donner leur accord, pour que je puisse
être inscrite dans le championnat masculin. J’étais la seule fille de mon
équipe, et même de tout le championnat donc, et j’adorais ça !
Comment êtes-vous parvenue à vous imposer au milieu d’eux ?
Tu dois prouver aux gars que tu es assez bonne footballeuse pour mériter d’être
là. Je crois que j’ai obtenu leur respect, et mes partenaires sont même devenus
de vrais frères pour moi. C’était drôle car dans les équipes adverses,
j’entendais souvent dire « Qui va marquer la fille ? ». Mais en fait, j’étais
plus costaude que la plupart des garçons et je n’hésitais pas à les bousculer.
C’était un peu pour leur signaler : « Les gars, une fille peut aussi jouer au
foot ». Me confronter en permanence aux garçons m’a beaucoup aidée à grandir.
Et à exploser des records de précocité, en devenant la plus jeune footballeuse
de l’histoire à participer à des Jeux olympiques (à 16 ans aux JO-2016 à Rio),
puis au championnat américain (à 18 ans aux Portland Thorns)…
Tout est allé très vite pour moi. Quand je repense à mes débuts professionnels,
je me dis que j’étais toute petite et extrêmement jeune. J’ai la sensation
d’avoir tellement pris en maturité en cinq ans. Quand je me suis retrouvée aux
JO, j’ai senti que je devais grandir rapidement car mes coéquipières avaient 10
ou 15 ans de plus que moi. En une semaine, je suis passée d’une ado allant à
l’école tous les jours à une athlète participant aux JO, c’était fou !
Quand on rejoint un club qui a remporté les 14 derniers titres en D1 et les
cinq dernières Ligues des champions, n’a-t-on pas la crainte d’être celle qui
sera dans l’équipe qui voit cette série se stopper ?
C’est une pression qu’on peut un peu ressentir. Mais en venant ici, on sait
qu’on va chercher à gagner et à bien jouer tout le temps. Devoir rechercher en
permanence la performance est une bonne pression. Personnellement, j’adore
disputer de gros matchs.
Vous allez être servie samedi…
Bien sûr, nous sommes conscientes que c’est la finale du championnat (il
restera six journées de D1 derrière). La défaite à l’aller (1-0 le 20 novembre
à Paris) était évidemment une grosse déception pour nous, mais ça nous donne
encore plus d’appétit en vue de la manche retour. On ne veut plus vivre cette
sensation de défaite. On sait qu’on n’a pas d’autre choix que de l’emporter
samedi. Nous avons la meilleure équipe du monde et nous avons toutes en nous
une mentalité de gagnante
Source 20 Minutes :
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