Coronavirus. Le football féminin grand perdant de l’interruption des
championnats
La situation exceptionnelle liée à l’épidémie du coronavirus a grandement
fragilisé le football féminin. L’interruption de ses championnats et le report
de son Euro traduisent bien le monde qui le sépare avec le foot masculin.
Ses compétitions sont à l’arrêt, son Euro est décalé pour laisser la place aux
messieurs et le foot féminin disparaît de l’actualité : la pandémie de
coronavirus a fragilisé l’écosystème vulnérable de la discipline, dont le seul
espoir reste la fidélité des partenaires historiques.
Le foot féminin manque de reconnaissance et de l’exposition qu’il mérite en
général et là, par la force des choses, il disparaît de l’actualité, reconnaît
Olivier Blanc, responsable de la section féminine de l’Olympique Lyonnais,
quadruple championne d’Europe en titre.
Les garçons, on en parle pourquoi ? Parce que c’est la date de reprise qui
intéresse tout le monde. Et on sait aussi que ce sont des charges assez lourdes
pour les clubs, constate auprès de l’AFP Noël Le Graët, le président de la
Fédération française de football.
Pas de besoin de crise sanitaire mondiale pour constater le gouffre abyssal qui
sépare les deux mondes, tant médiatiquement que financièrement. Mais la
pandémie actuelle est un bon révélateur, alors que le Mondial 2019 en France
semblait avoir créé un élan.
Ainsi l’UEFA a-t-elle repoussé sans scrupule l’Euro 2021 des dames pour faire
place à l’Euro 2020 des messieurs, reprogrammé à l’été 2021, sans prendre en
compte l’avis des joueuses. Je suis trop vieille pour un report en 2022, a
ironisé Jessica Fishlock, internationale galloise de 33 ans, sur Twitter.
« Pas mises de côté »
Côté clubs, l’arrêt des compétitions dames est survenu à une période cruciale
pour les locomotives françaises Lyon et Paris. Le leader du Championnat de
France et son dauphin allaient s’affronter dans un choc décisif pour le titre,
avant de disputer une demi-finale de Coupe de France et un quart de finale
aller de Ligue des champions.
La reprise est donc attendue avec impatience dans ces deux clubs, et peut-être
un peu plus ailleurs : les autres écuries de D1, moins bien nanties
financièrement, redoutent plus qu’eux une interruption de longue durée.
Du côté de Fleury, actuel septième de première division, les joueuses sont
toutes au chômage partiel, avec maintien de leur rémunération brute à hauteur
de 70 %.
Quand vous divisez par deux le salaire de Mbappé, il roule toujours en Ferrari.
Quand vous le faites pour le joueur de N2 (4e division masculine, N.D.L.R.) ou
pour la joueuse, cela fait beaucoup plus mal, commente le président du club de
l’Essonne, Pascal Bovis.
« Quand vous divisez par deux le salaire de Mbappé, il roule toujours en
Ferrari. »
« Quand vous divisez par deux le salaire de Mbappé, il roule toujours en
Ferrari. » | REUTERS/BENOIT TESSIER
Si l’indemnité chômage versée par l’État sera remboursée, le délai m oyen de
remboursement actuellement (est) d’un an, a appris le dirigeant, ce qui
l’obligera à demander un prêt-relais.
Autre souci pour Pascal Bovis : pour ses jeunes joueuses dotées de contrats
fédéraux (payées par la FFF), leur bail s’achève au 30 juin, donc il est
nécessaire de terminer le Championnat à ce moment-là.
La Fédération assure pour sa part que le foot féminin, dont elle a la
responsabilité, restera une priorité.
Les filles sont traitées comme les garçons, notamment d’un point de vue
financier. S’il y a des avances à faire, on va le faire. Les clubs seront
payés, avance le président Le Graët. Qu’il y ait des difficultés dans les mois
qui viennent, je vous l’accorde. Mais, ajoute-t-il, on n’a pas mis les filles
de côté, bien au contraire.
« Sponsors fidèles » mais touchés
L’économie du foot féminin sera quoi qu’il arrive durement touchée. La crainte
que les clubs et les sponsors réduisent la voilure la saison prochaine est
réelle, même si les acteurs refusent de dramatiser.
Les clubs ayant une section professionnelle chez les dames et les messieurs
couperont automatiquement sur le budget du foot féminin, c’est certain car
actuellement la D1 féminine n’est pas rentable, anticipe le président de Fleury.
À Lyon, cela ne sera sûrement pas le cas. D’autant que les partenaires
historiques de l’équipe féminine la plus titrée d’Europe ne quitteront pas le
navire.
Nous avons des sponsors fidèles sur des contrats de longue durée, nuance M.
Blanc pour l’OL.
À Fleury, M. Bovis sait aussi que les sponsors, avec qui il s’est entretenu,
vont rester. Mais il ajoute une nuance de taille : Tous vont donner, mais ils
vont donner moins.
Si le budget de la saison en cours devrait être tenu, l’équation financière
sera plus ardue l’an prochain. Dans le meilleur scénario, il baisse de 30 %
(par rapport à cette saison) ; dans le moins bon, de 50 %, selon ses calculs.
Source Ouest-france :
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