[OLplus] /HISTOIRE/"Je pars en sélection, je ne reviendrai pas à Lyon": le jour où le destin de l’OL a failli basculer (Eurosport)

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  • Date: Sat, 9 May 2020 07:27:59 +0200 (CEST)

"Je pars en sélection, je ne reviendrai pas à Lyon": le jour où le destin de 
l’OL a failli basculer

Edmilson le 21 février 2001 sous le maillot de l'OL lors du match contre 
Arsenal en Ligue des championsEdmilson le 21 février 2001 sous le maillot de 
l'OL lors du match contre Arsenal en Ligue des champions

Edmilson le 21 février 2001 sous le maillot de l'OL lors du match contre 
Arsenal en Ligue des champions

Crédits Getty Images
ParVincent Guiraud
il y a 7 heures | Mis à jour il y a 7 heures
@vincentguiraud
A l'été 2000 l'Olympique Lyonnais enregistre l'arrivée d'un jeune défenseur 
brésilien de 24 ans. Edmilson est le premier joueur venu du Brésil à poser ses 
valises entre Rhône et Saône. Depuis, de nombreux auriverdes, à l'image de 
Bruno Guimarães, arrivé en janvier à l'OL, se sont inscrits dans l'histoire de 
l'OL. Mais l'histoire du club avec ces recrues brésiliennes aurait pu être bien 
différente.

Octobre 2000. Vingt ans avant l'arrivée de Bruno Guimarães à l'OL, dernier 
brésilien à avoir posé ses valises à Lyon, en janvier dernier, et moins de deux 
mois après sa signature à l'Olympique Lyonnais, Edmilson s'apprête à rejoindre 
la sélection brésilienne de l'autre côté de l'Atlantique. Il est 22h30, 
Isabelle Dias, traductrice embauchée cet été-là par l'OL, reçoit un coup de 
téléphone : "Bonjour Isabelle, c'est Edmi. Je t'appelle car je voulais te 
remercier pour ton soutien depuis mon arrivée. Tu as été mon seul rayon de 
soleil depuis deux mois que je suis là. Je pars demain en sélection et je ne 
reviendrai pas à Lyon." "A ce moment-là, je me suis décomposée" raconte 
Isabelle Dias. Recrutée à l'été 2000 pour donner des cours de Français aux 
lusophones présents dans l'effectif de l'OL, le destin de cette 
franco-portugaise va basculer après ce coup de fil.

"Isabelle débutait sa mission avec nous" se remémore Olivier Blanc, directeur 
général adjoint de l'OL à cette époque-là. "C'était la première fois qu'on 
faisait appel à une personne extérieure pour faciliter l'intégration des 
joueurs, surtout des étrangers, qui arrivaient à Lyon. Avant Isabelle, c'était 
des choses que j'étais amené à faire en interne mais de manière ponctuelle" 
précise-t-il.
La C1 maintenue en août ? "Ce serait un carnage sportif pour les clubs français"
Ligue des champions
La C1 maintenue en août ? "Ce serait un carnage sportif pour les clubs français"
IL Y A 13 HEURES

"Je suis arrivée au club en même temps qu'Edmilson, explique Isabelle Dias. A 
l'époque, j'étais formatrice en langue, je travaillais avec les étrangers 
d'origine portugaise et brésilienne qui voulaient s'installer dans la région 
lyonnaise. Lorsque Edmilson est arrivé, le club cherchait une personne bilingue 
portugais-français, ils sont tombés sur moi." Pour cette fan de l'OL, abonnée 
avec son papa dans la tribune Jean-Bouin du stade de Gerland, les premiers pas 
auprès des joueurs ressemblent à un rêve éveillé. "Le premier cours que j'ai 
donné à Sonny Anderson (arrivé l'été précédent à l'OL en provenance du FC 
Barcelone) et à Edmilson, c'était très particulier" se rappelle Isabelle Dias. 
"Les deux joueurs ne savaient pas si le club était parvenu à trouver une 
personne bilingue pour leur donner des cours. Quand ils sont arrivés dans la 
salle, pensant que je ne les comprenais pas, ils discutaient entre eux. 
Edmilson disait à Sonny : 'Je ne veux pas retourn
 er à l'école, je veux rester avec toi. Ҫa fait 10 ans que je n'ai pas mis les 
pieds dans une école'".

    L'OL était un peu novice dans l'accueil des étrangers

Finalement les deux joueurs sont vite rassurés par Isabelle qui parle portugais 
couramment. "Edmilson n'avait pas été scolarisé longtemps dans sa vie. Il 
appréhendait énormément de prendre ces cours de langue avec moi" détaille la 
traductrice devenue rapidement bien plus que cela au sein du club. Car pendant 
plusieurs années la filière brésilienne va marcher à plein régime du côté de 
Tola Vologe et du stade de Gerland. Claudio Caçapa posera ses valises l'hiver 
suivant, rapidement suivi par des joueurs qui ont, pour certains, marqués 
l'histoire de l'OL : Juninho, Cris, Nilmar, Fred, Elber, Fabio Santos, Cleber 
Anderson, Ederson... Dernier brésilien en date à avoir rejoint Lyon, en janvier 
dernier, Bruno Guimarães s'inscrit dans cette longue liste de joueurs 
auriverdes à avoir fait, un jour, le bonheur des Rhodaniens.
Edmilson et Juninho (Olympique Lyonnais)

Edmilson et Juninho (Olympique Lyonnais)

Crédits Getty Images

"A l'arrivée d'Edmilson, l'OL était un peu novice dans l'accueil des étrangers. 
De faire venir Edmi c'était un pari un peu fou" estime Isabelle Dias, 20 ans 
après. Un pari fou qui s'avèrera rapidement payant. Moins de 10 mois après son 
arrivée et ses débuts en Ligue 1 face au rival stéphanois, le 5 mai 2001, 
l'Olympique Lyonnais remporte la Coupe de la Ligue au dépend de l'AS Monaco, 
remportant ainsi son premier titre depuis 1973.

Que ce serait-il alors passé si, quelques mois plus tôt, le défenseur auriverde 
avait quitté son nouveau club, à peine arrivé en Europe ? Si personne ne le 
saura jamais, la stratégie de l'OL de miser sur des extracommunautaires aurait 
certainement pris un coup dans l'aile. Echaudé par cet épisode, l'OL aurait-il 
alors pris le risque de faire venir Caçapa à l'hiver 2001 ou encore le milieu 
de terrain de Vasco de Gama, Juninho Pernambucano, inconnu du grand public, 
l'été suivant ?

    On a jamais imaginé le pire, même quand les choses étaient compliquées au 
début de l'aventure d'Edmilson à Lyon

Olivier Blanc tente d'apporter quelques réponses à ces questions. S'il 
considère, 20 ans après, le faux-départ d'Edmilson comme un "non-évènement, car 
Edmilson est finalement resté quatre saisons à l'OL", ce qu'il s'est passé avec 
le défenseur et milieu de terrain brésilien a permis à l'OL d'avancer et 
d'apprendre. "Je ne sais pas du tout ce qui aurait pu changer pour le club en 
cas de départ d'Edmi. On a jamais vraiment été dans l'état d'esprit que ça 
pouvait mal finir. Même quand les choses étaient compliqués au début de son 
aventure à Lyon. Je pense que c'est l'une des raisons qui ont fait que ça s'est 
finalement bien terminé avec Edmilson. C'est souvent quand vous pensez au pire 
que ça arrive..." souligne l'ancien directeur général adjoint en charge de la 
communication, arrivé au club à l'été 1989.

"Ҫa nous a tout simplement permis de rapidement nous rendre compte à quel point 
l'intégration d'un joueur dans son nouvel environnement était important" 
conclut Olivier Blanc. "Et puis on savait qu'on allait en avoir de plus en plus 
besoin avec l'arrivée de plusieurs brésiliens au club les années suivantes."
Sony Anderson et Edmilson soulève la Coupe de la Ligue le 5 mai 2001, premier 
titre de l'OL depuis 1973

C'est, en partie, sur ces joueurs venus du Brésil, que l'OL a ensuite construit 
sa domination lui permettant de régner sur la France du football durant près 
d'une décennie, remportant sept titres consécutifs entre 2002 et 2008. Lors de 
ses sept sacres nationaux, à chaque fois, les Gones de Jean-Michel Aulas 
étaient emmenés par un capitaine brésilien (Sony Anderson, Caçapa puis Juninho).

De quoi, quelques années plus tard, comprendre à quel point l'information que 
vient d'avoir Isabelle Dias en ce soir d'octobre 2000 est importante pour le 
futur du club rhodanien. "Avant de recevoir cet appel, je ne pouvais même pas 
imaginer qu'un joueur de football se sente si mal. On ne se rend pas compte de 
la solitude d'un footballeur" explique-t-elle. "Il faut bien se mettre à la 
place d'un joueur de 20 ans qui vient du Brésil. Il traverse l'Atlantique et 
débarque dans un pays qu'il ne connait pas, découvre une nouvelle langue, une 
nouvelle culture" détaille Olivier Blanc. "Au club on s'est tout simplement 
demandé ce qu'on aimerait qu'on fasse si on était à la place de ces jeunes 
joueurs brésiliens." L'OL va alors, dans les années suivantes, 
institutionnaliser le rôle d'Isabelle. "Ҫa venait en complément de ce qu'un 
coach ou un président pouvait apporter. Isabelle n'était pas là pour parler 
technique, elle était là pour parler humain."

"Edmilson n'était pas bien du tout quand il m'a passé son coup de fil, ça se 
sentait." souligne la prof de langue. Déraciné de son Brésil natal, avec pour 
seul point de repère entre Rhône et Saône sa jeune compagne de 19 ans, Edmilson 
n'est pas heureux à Lyon. Le jeune Brésilien est touché par la saudade un 
sentiment de nostalgie, propre au lusophone, intraduisible et devenu depuis sa 
première utilisation au XIIIe siècle un mot-clé dans la culture portugaise, 
mais surtout un sentiment incontournable.

    Il faut que vous nous aidiez à convaincre Edmilson de rester

"Comme j'étais supportrice et que je suivais l'actualité du club avant même de 
travailler pour eux, je connaissais l'investissement que représentait Edmi pour 
l'OL. Je connaissais les tenants et les aboutissements de ce dossier. Avec 
cette information que j'avais entre les mains, je ne savais pas quoi faire". 
Isabelle décide alors d'appeler Olivier Blanc. "20 ans après, très honnêtement, 
je ne peux pas dire que cette histoire m'a particulièrement marqué" avoue 
Olivier Blanc. Retraité depuis l'été dernier, celui qui fut pendant 31 ans 
directeur général adjoint à l'OL ne voit qu'une solution pour convaincre 
Edmilson de rester à l'OL. Et décide alors de s'en remettre à celle qui vient 
de lui annoncer la nouvelle.
Isabelle Dias et Caçapa le 6 février 2018 dans les tribunes du centre 
d'entrainement de l'Olympique Lyonnais à Décines

Isabelle Dias et Caçapa le 6 février 2018 dans les tribunes du centre 
d'entrainement de l'Olympique Lyonnais à Décines

Crédits AFP

"Il m'a dit : 'Vous faites quoi demain à 6h ?'. Je lui ai répondu que j'avais 
cours toute la journée, que je n'étais pas disponible" raconte Isabelle Dias. 
"Vous annulez vos cours, je vous paye votre matinée. Je vous veux à l'aéroport 
demain matin à 6h. ll vous fait confiance, il faut que vous nous aidiez à 
convaincre Edmilson de rester." Le lendemain matin, le joueur brésilien est 
surpris de voir Isabelle Dias à l'aéroport. "Je lui ai parlé quelques minutes 
en lui disant de partir au Brésil l'esprit tranquille et que quand il 
reviendrait j'aurais trouvé une solution et j'aurais mis des choses en place 
pour qu'il se sente bien à Lyon. On s'est alors mis au travail pour broder 
quelque chose autour de lui, pour être présent pour lui et sa compagne. C'est 
comme ça que mon vrai job a démarré."

Après cet épisode, Isabelle Dias va prendre de plus en plus de poids à l'OL. Si 
elle continuera à donner des cours de français aux étrangers et de servir, de 
temps en temps, de traductrice en conférence de presse, le club de Jean-Michel 
Aulas va l'installer, à temps plein, dans un bureau de Tola Vologe. Son but : 
être présent auprès des nouveaux arrivants pour les aider à s'installer et 
ensuite à se sentir bien dans leur nouvelle vie. Aujourd'hui installée depuis 
20 ans à l'OL, le rôle d'Isabelle Dias est très bien défini. "Je suis là pour 
les joueurs et leur famille, pour que tout se passe bien et pour qu'ils 
puissent se concentrer à 100% sur le terrain" explique-t-elle.
4 saisons, 5 titres et plus de 150 matches avec l'OL

De cette belle histoire d'octobre 2000, elle gardera un lien particulier avec 
Edmilson, champion du monde en 2002 avec le Brésil, qui fera les beaux jours de 
l'OL jusqu'en 2004 avant de s'envoler en Espagne, à Barcelone puis Villarreal. 
"Encore aujourd'hui on s'écrit régulièrement. Il y a quelques semaines je lui 
ai parlé alors qu'il était à Paris. On s'est remémoré la première fois qu'il 
avait vu la Tour Eiffel. Il m'avait payé le billet de TGV Lyon-Paris car il 
voulait que je l'accompagne à la capitale. On est resté au moins deux heures 
devant la tour Eiffel pour attendre qu'il fasse nuit et qu'elle s'allume. 
C'était son rêve. On se gelait mais j'étais heureuse de voir qu'enfin il se 
sentait bien en France, loin de chez lui", se souvient Isabelle Dias.

Le passage de celui qui est devenu l'été dernier ambassadeur de Ligue 1, 
marquera à jamais l'OL. Et coïncidera avec le début de l'hégémonie lyonnaise 
sur le championnat de France. Edmilson disputera, en quatre saisons, plus de 
150 matches sous les couleurs de l'OL, remportant au passage cinq titres (trois 
championnats, un trophée des champions et une Coupe de la Ligue), participant 
grandement à la plus belle période que le club ait connu dans son histoire. Une 
histoire qui aurait pu être bien différente si en ce mois d'octobre 2000 le 
natif de Taguaritinga avait décidé de rentrer au pays.


Source Eurosport : 
https://olplus.fr/BCbXF
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