5 mai 2001, OL-Monaco (2-1 ap) : 2001, l’odyssée de l’espoir (1/3)
Par Thomas Lacondemine
ÉPHÉMÉRIDE. La date est peut-être moins mythique que celle du 4 mai 2002, mais
le souvenir de ce jour est tout autant gravé dans les mémoires des supporters
lyonnais que celui du premier titre de champion de France. 364 jours plus tôt,
l’OL soulevait en effet au Stade de France le trophée de la Coupe de la Ligue
et mettait fin à une longue disette. Une journée historique à revivre dans une
saga en trois parties.
Mai 2001. Les tours jumelles du World Trade Center toisent encore solidement
New-York et le monde. Jacques Chirac est encore président de la République et
Lionel Jospin son Premier ministre. L’équipe de France est championne du monde
et d’Europe, s’apprête à remporter la Coupe des confédérations au Japon et en
Corée du Sud, et fait figure de grande favorite pour la Coupe du monde prévue
en Asie un an plus tard.
L’OL, tout frais quinquagénaire, lui, n’affiche aucun titre de champion de
France à son palmarès. Il n’a même pas glané le moindre trophée tout court
depuis vingt-huit ans (exception faite de ceux de deuxième division ou de coupe
Intertoto, maigres consolations). Le 5 mai 2001, la finale de la Coupe de la
Ligue au Stade de France devant 40 000 Lyonnais va tout changer. Philippe
Violeau n’a (presque) rien oublié. « C’est vraiment un très grand souvenir.
Pour moi, déjà, c’était la découverte de ce stade fabuleux qu’est le Stade de
France. Je n’y étais jamais allé. Et puis, c’était un trophée que l’OL
attendait depuis si longtemps… »
« Bernard, c’est maintenant qu’on va gagner »
Malgré son armoire à trophées poussiéreuse, l’OL donne pourtant déjà à l’époque
la sensation qu’il va être le grand club français des années 2000. Les deux
saisons précédentes se sont terminées sur le podium (à la troisième place à
chaque fois) et la montée en puissance financière de l’OL est illustrée par
l’arrivée en provenance du Barça de la star brésilienne Sonny Anderson à l’été
1999.
Bernard Lacombe se souviendra d’ailleurs « toujours de cette prédiction que
[lui] avait faite José Broissart, un matin. » L’ancien buteur a entraîné l’OL
d’octobre 1996 à juin 2000, avec Broissart en bras droit. « Épuisés » par ces
quatre saisons, ils ont décidé de se retirer et de laisser la place à Jacques
Santini, qui occupait depuis trois saisons le poste de directeur sportif. «
[Broissart] m’avait dit ‘Bernard, tu vois, tu n’aurais pas dû arrêter, parce
que c’est maintenant qu’on va gagner.’ »
Quand ils se présentent au Stade de France ce samedi 5 mai, les joueurs de l’OL
ont un futur à conquérir, mais aussi un passé à effacer et une malédiction à
briser. Dans la soucoupe volante posée au bord de l’A86 à Saint-Denis, c’est
2001, l’odyssée de l’espoir que s’apprêtent à jouer les Gones.
« À événement exceptionnel, préparation exceptionnelle »
Depuis plusieurs jours, déjà, ils en ont pris conscience. « On est parti se
préparer deux jours avant, en région parisienne. La mise au vert était un peu
plus longue que pour un match ordinaire. Le fait de monter à Paris et pour un
grand événement, c’était une ambiance un peu particulière », se remémore
Jean-Marc Chanelet.
« À événement exceptionnel, préparation exceptionnelle. Mais on n’avait pas
pour habitude de se prendre la tête », souligne Violeau. « Tout le monde est
resté très calme. On savait qu’il y avait un engouement important à Lyon.
Malgré tout, on a essayé de relativiser et de rester concentrés sur notre
objectif. Santini préparait très bien les avant-matchs, tout était géré avec
une certaine décontraction pour ne pas nous mettre une pression supplémentaire »
« A l’entraînement, tout le monde était très appliqué, mais ce n’était pas
tendu non plus », abonde Chanelet. « Il y avait de la concentration et en même
temps la joie de vivre un événement important. » « Il ne nous restait plus qu’à
répondre présent », reprend l’ancien Auxerrois. « On jouait contre Monaco, pas
une petite équipe, donc on se devait d’être vraiment présent dans tous les
domaines, physiquement, mentalement. Tout en étant sereins, on était concentrés
là-dessus. »
Titulaire or not titulaire ?
L’échéance approchant, une certaine forme d’appréhension se lit tout de même
sur plusieurs visages. La veille du jour J, alors que le groupe lyonnais prend
ses quartiers au Sofitel Saint-Jacques, dans le 14e arrondissement de Paris,
plusieurs joueurs ne savent pas encore s’ils débuteront le match. C’est le cas
de Claudio Caçapa. « Je l’ai su pendant la causerie. Jusque-là, on ne savait
pas trop l’équipe que Santini allait aligner. Quelques cadres savaient qu’ils
allaient jouer, bien sûr, mais moi je n’étais pas sûr du tout de commencer
cette rencontre, parce qu’il y avait Edmilson et Patrick Müller. On savait
qu’Edmilson allait jouer, mais entre Patrick et moi, on ne savait pas. »
C’est le cas, également, de Chanelet, en concurrence, durant toute la saison,
avec le Belge Eric Deflandre au poste de latéral droit : « Je ne me rappelle
plus trop à quel moment j’ai appris ma titularisation. Avant cela, je ne savais
pas réellement si j’allais jouer. Cela a été une petite satisfaction et puis je
me disais que le vieil adage « jamais 2 sans 3 » allait se répéter, moi qui
disputais ma 3e finale consécutive [après celles de Coupe de France remportées
en 1999 et 2000 avec Nantes]. Donc, il y avait de l’appréhension comme avant
chaque match, mais pas une appréhension qui inhibe. »
Titulaire et performant toute la saison, malgré les débuts en trombe de Sidney
Govou, Steve Marlet, lui, ne se pose pas la question de sa titularisation. Mais
cela ne l’empêche pas de « faire le match 50 000 fois dans ma tête. » Avec,
bien entendu, « un scénario toujours favorable ! » Car l’attaquant qui vit sa
seule saison complète à Lyon (il partira à Fulham après avoir disputé cinq
matchs en début de saison suivante) le sent, l’OL peut s’appuyer sur sa «
dynamique positive. » « On était vraiment en confiance. On sortait de bons
résultats en championnat et on avait effectué un beau parcours en Ligue des
Champions. Le contexte était idéal »
« On était prêts ! »
En championnat, l’OL est en effet invaincu depuis onze matchs. Mieux, il reste
même sur cinq victoires consécutives, dont la dernière, à Lille, dans les
arrêts de jeu (2-1 sur un but de Christophe Delmotte). Les Olympiens ont aussi
fait sensation en Europe. Non contents d’avoir franchi la première phase de
poule pour leur première vraie saison en Ligue des Champions (après le crash de
Maribor l’année précédente), ils ont fait trembler jusqu’au bout Arsenal et,
surtout, le Bayern Munich (futur vainqueur de l’épreuve) lors de la deuxième
phase.
Si l’aventure s’est arrêtée de façon abrupte en Coupe de France (défaite 3-0 à
Strasbourg en quarts de finale), le parcours en Coupe de la Ligue a lui été
parfait jusque-là. Les Gones se sont imposés sans trembler à Sedan (1-2), à
Lens (1-3) et à Amiens (0-2), avant de sortir Nantes, le futur champion de
France, dans une demi-finale épique à Gerland où ils ont été menés deux fois au
score (3-2). Bref, au moment de pénétrer dans l’enceinte du Stade de France
vers 19 heures ce samedi 5 mai, Philippe Violeau et tous les Lyonnais sont sûrs
de leur force : « On était prêts ! »
À suivre…
Source Libéro Lyon :
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