OL - FCGB : l'efficacité au secours de la création
À défaut d’être brillants, ces Lyonnais savent gagner. Au cours d’un match
souvent joué sur un rythme lent, vite harcelés par le pressing haut des
Bordelais, les joueurs de l’OL ont eu toutes les peines du monde à se montrer
dangereux dans le jeu. L’occasion semble idéale pour tenter de chercher ce qui
peut encore pécher dans le jeu lyonnais, entre un milieu souvent très timide,
et une attaque en panne d’inspiration. Décryptage d’une soirée propice à
trouver des axes d’amélioration.
L’une des grandes forces lyonnaises du derby avait été le contrôle du milieu de
terrain, par ce trio renouvelé vendredi soir Guimaraes-Mendes-Caqueret. Les
conditions de jeu n’ont toutefois, ce week-end, pas été les mêmes pour
s’exprimer pleinement.
Ainsi, le trident de l’entrejeu avait bénéficié d’un surnombre quasi-constant
face aux Verts, permettant notamment à Mendes de déployer son jeu long, et
valorisant les points forts de Caqueret dans le harcèlement et le déplacement.
Toutefois le Mendes de Lyon est un joueur qui a besoin d’espace pour rayonner :
il n’est jamais aussi bon que face au jeu, face aux appels, pour distribuer
efficacement. Le haut pressing bordelais a placé la sentinelle lyonnaise dans
des conditions qui lui sont peu favorables : premier relais des relances
courtes, cerné par plusieurs adversaires, dos au jeu. On a donc retrouvé trop
souvent le Mendes un peu fade de la saison dernière, se cantonnant à des passes
latérales, et faisant preuve d’un déchet technique trop important dès qu’une
passe apte à casser les lignes se présentait.
Dans ce contexte, Bruno Guimaraes a donc souvent pris la responsabilité de la
relance, Mendes évoluant au lancement des actions un cran plus haut pour sortir
d’une densité qui ne le mettait pas en valeur.
En réalité, les profils de Houssem Aouar et Lucas Paqueta, très à l’aise pour
sortir de la pression et faire remonter le bloc, auraient semblé plus
pertinents face à l’approche bordelaise. Cette dernière était en effet
concentrée dans l’axe du terrain pour éviter, d’une part, de s’exposer aux
déviations de Depay, et d’autre part, pour mettre en lumière les carences du
milieu adverse.
Un trio en difficulté face à l’organisation bordelaise
L’approche bordelaise a pu paraître pour beaucoup surprenante : annoncés dans
leur 4-2-3-1 habituel, les joueurs de Gasset ont vu ce dernier proposer un
3-4-3 inédit. Ainsi, sur les rares opportunités lyonnaises de contre en
première période, les Bordelais se sont toujours retrouvés au moins en égalité
numérique, offrant peu de solutions de passe aux Lyonnais, et ralentissant la
force des Rhodaniens en transition.
Face à cette approche, Kadewere est ressorti comme l’offensif lyonnais le plus
en difficulté : choix défaillants, déchet technique, impossibilité de percuter
résument sa performance, sûrement sa moins bonne depuis son arrivée entre Saône
et Rhône. À l’image de son jeune ailier droit, le trio offensif lyonnais n’a
jamais su faire parler son tranchant, l’ancien joueur du Havre étant complété
par un Toko-Ekambi souvent trop axial, et un Depay redescendant trop bas pour
apporter des réelles solutions devant. On peut là encore évoquer les profils de
Aouar et Paqueta, dont la capacité à maîtriser le tempo et à conserver le
ballon auraient pu, dans une première période au rythme des Bordelais,
permettre à l’OL de poser, contrôler, et mieux piquer.
Coups de pied arrêtés, coup de pompe dans le jeu
L’OL a su pourtant trouver les clés de la victoire, et les stats semblent
illustrer une efficacité assez nette : aux xG (expected goals, soit le nombre
de buts « qu’aurait dû marquer » l’OL), ce sont nos Gones qui sont devant :
1.30 contre 0.73 pour les Bordelais. Si ces derniers ont longtemps semblé
dominer le temps, leur première période a plus annulé les velléités lyonnaises
qu’elle n’a vraiment fait peser un danger sur la cage d’Antho Lopes. Preuve de
cette efficacité : le but de Karl Toko-Ekambi à la suite d’un corner confirmant
une nouvelle force inattendue en cette nouvelle année, d’autant que l’OL n’a
toujours pas encaissé de but sur phase arrêtée depuis le début de la saison.
Enfin, difficile de ne pas toucher un mot de l’incroyable reprise du décidément
très en jambes Léo Dubois, sans doute le joueur à mettre en valeur sur ce
match. Son but (0.02 xG !) vient d’ailleurs, mais au-delà de cet exploit
spatial (que la NASA a salué sur Twitter), le latéral droit fut le deuxième
joueur à toucher le plus de ballon, confirmant sa bonne dynamique initiée dans
le derby.
On dit souvent que le foot voit triompher « le plus efficace dans les deux
surfaces » : rien n’a semblé plus vrai vendredi. Si l’OL a pâti dans la
construction d’un milieu en difficulté, et a parfois plié face au bon match de
ses adversaires, la grosse perf de Lopes, la capacité de Marcelo à défendre sa
surface, et la belle réussite lors des rares incursions dangereuses ont permis
la victoire finale. Une vraie gueule de champion ?
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