[locobonobo] Re: [locobonobo] Re: [locobonobo] Fwd: Noel à Luikotal

  • From: bernard vallat <b.vallat87@xxxxxxxxx>
  • To: locobonobo@xxxxxxxxxxxxx
  • Date: Wed, 3 Jan 2018 09:31:25 +0100

Salut Alexis

Pour commencer je te présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année
qui sera probablement, te concernant très riche en découverte.

Je te souhaite plein de courage pour t'habituer à ce climat qui me paraît
bien difficile à supporter. J'avais passé 1 mois au Sénégal en 1997 ( tu
n'étais qu'un nourrisson et moi encore 'jeune', oui je sais cela te demande
un travail d'imagination)  et c'est à cette époque où j'ai compris qu'il
valait mieux me rapprocher des pôles plutôt que de l'équateur !

Ici c'est la routine avec un temps Kerguelien depuis quelques temps, les
perturbations venteuses se succèdent et ça va continuer toute la semaine.
Le 1er janvier, 1ère tempête de l'année avec la pluie qui venait s'abattre
contre les vitres...comme au bon vieux temps, ça fait un peu vétéran.

Plus sérieusement, bravo pour tes talents de narrateur, tes news sont très
plaisantes à lire... au plaisir de te suivre tout au long de cette année.

Des bisous
Bernard


Le 1 janvier 2018 à 20:20, Rou <mpargaud@xxxxxxxxxxx> a écrit :

Bonne année petit cousin! Je te souhaite de belles aventures ! Bise
stéphanoise !!!

Envoyé de mon iPad

Le 29 déc. 2017 à 15:21, Alexis LOUAT <alexis.louat@xxxxxxxxx> a écrit :















-----Message d'origine-----
De : Field Luikotal Pactor [mailto:lk_pactor@xxxxxxxxxx ;
<lk_pactor@xxxxxxxxxx>]
Envoyé : mercredi 27 décembre 2017 09:07

Bonjour à tous,

Apparemment le mail précédent a atterri pour beaucoup dans les spams, 
j’espère que celui-ci trouvera le bon chemin jusqu’à votre boîte aux lettres 
numérique.

Dur de se dire que c’est Noel, je crois que c’est le premier que je passe par 
pareille chaleur, 36 degrés à l’ombre pour être plus précis. On s’y fait vite 
en réalité, il vaut mieux d’ailleurs. Et puis, c’est surtout dans la forêt 
que l’on souffre, lorsque l’humidité se fait vraiment étouffante et pas de 
petite brise pour nous rafraîchir. Le seau d’eau journalier pour se doucher 
fait un bien fou.
Et je me suis rappelé toutes ces veillées de noël à espérer trouver au réveil 
un mètre de neige comme le plus beau des cadeaux. Toujours pas cette année !!!
En respect des traditions, j’ai sorti quelques guirlandes poussiéreuses, un 
bonnet rouge et blanc bien usé et l’esprit de fête apparaissait un peu même 
si certains étaient un peu marqués par la nostalgie familiale.
Les paquets s’empilaient sur la table, chacun avait préparé son cadeau fait 
main. Pour ma part j’ai minutieusement et maladroitement gravé un couteau que 
j’avais prévu d’offrir avant de partir. Ensuite, un tirage au sort distribua 
les lots, soigneusement enveloppés dans quelques feuilles de lianes géantes. 
Pour moi ce sera une noix de coco transformée en une sorte de récipient 
refermable qui sera parfaite pour ma brosse à dent. Et le cadeau que j’avais 
imaginé pour toute l’équipe, un molki fait maison dans une vieille liane 
noueuse, aura un franc succès.
Puis je suis allé faire un peu l’équilibriste, en grimpant à l’arbre auquel 
est accroché notre antenne radio. Plusieurs branches devenues trop gênantes, 
devaient être coupées pour améliorer notre connexion digne du début des 
années 90. La machette est ainsi devenue mon nouveau jouet ; ce qui nécessite 
une certaine technique pour être vraiment efficace, il faut l’avouer. Je m’en 
suis aussi servi pour mes premiers travaux de jardinage : taille du 
citronnier, éclaircissage des plants d’ananas qui se font dévorer par les 
porcs épics et repiquage de nouveaux plans de canne à sucre.
Enfin il était temps de vite préparer le repas de noël avec quelques extras 
pour briser cette relative monotonie alimentaire qui en fait souffrir plus 
d’un. Au menu, noix de coco grillée au gout de pop-corn, chutney 
ananas-papaye, bananes plantain frites, poisson du jour fumé, les classiques 
légumes locaux et n’oublions pas la vitale portion de riz. Pour ma part je me 
suis occupé d’un dessert tout en donnant un cours de français à Attila le 
hongrois, fraîchement arrivé. Les ingrédients à disposition sont simples et 
naturels : citrons verts pour le parfum, banane pour remplacer les œufs, jus 
de canne à sucre fraîche. Franchement, Il n’y a vraiment pas de quoi se 
plaindre.
Le camp est rudimentaire mais très fonctionnel. Il est séparé en deux parties 
: une pour les internationaux et une autre pour les Congolais qui souhaitent 
préserver leur indépendance. Ils ont donc quelques matelas avec 
moustiquaires, un espace pour manger, une hutte où le cuisinier fait la 
vaisselle et une autre où il cuisine ses plats qui mijotent sur d’énormes 
bûches dont sortent en permanence des termites repoussés par la chaleur. Les 
travailleurs passent une grande partie de leur temps autour du feu, à 
discuter et à fumer du tabac local. De notre côté, il y a plusieurs cabanes 
où se trouvent nos tentes, un espace repas et un pour la détente où 
généralement on lit autour du feu, un bureau où se trouve le système 
électrique, d’autres cabanes de stockage d’équipements et de denrées 
alimentaires. Celles-ci doivent être en permanence protégées des souris et de 
l’humidité dans des bidons bleus (appelés touques dans le langage taafien des 
terres australes). En sortant un peu, se trouvent les douches et les 
toilettes (de simples trous dans le sol où une quantité inimaginable de vers 
se délectent de cette matière première).
Les chemins les plus empruntés dans la forêt sont aussi de bons terrains pour 
courir, se défouler et évacuer les tensions du camp. Mais rares sont les 
sentiers non humides, il faut bien choisir, éviter les arbres morts, tombés 
au milieu du passage. Les arbres sont ici merveilleux. Les anciens se 
dressent, imposants, tels de vrais géants figés dans cet enchevêtrement de 
lianes. Ils semblent avoir tant d’histoires à raconter. Les plus jeunes, au 
tronc fin, cherchent la lumière en prenant de la hauteur dans une verticalité 
presque parfaite. Le sol étant tellement riche de feuilles en décomposition 
et autre matière organique que les racines sont plutôt en surface. Cela rend 
l’accroche terrestre fragile et on entend régulièrement des arbres tomber, 
principalement lorsqu’il pleut fortement où cela devient dangereux de se 
trouver en forêt.
C’est lors d’une balade que j’ai rencontré mon premier serpent local, des 
remous dans les fourrés puis une onde noire et véloce qui traverse ma route, 
alertée par le bruit sourd de mes foulées.  J’aurais aimé chronométrer le 
sprint provoqué par la décharge d’adrénaline.
Dans cette zone équatoriale, seulement 2 degrés au Sud pour être précis, les 
orages sont localisés. Souvent, il est possible d’entendre les nuages de 
pluie arriver plusieurs minutes avant et celle-ci se déversera seulement sur 
quelques centaines de mètres carrés. Ils sont aussi très réguliers et 
principalement nocturnes, sûrement à cause des différences de température. En 
moins d’un mois, avec de terribles éclats d’orages, j’ai probablement vu le 
ciel s’illuminer, plus de fois que durant toute ma vie. Les Congolais sont un 
peu effrayés par la pluie et ces tempêtes furieuses et alors que je me levais 
contempler le spectacle, je les ai retrouvés plusieurs fois autour du feu, 
qu’ils protègent toujours sérieusement de l’eau.
Les insectes sont ici rois et j’étais loin de m’imaginer que cela me 
fascinerait autant d’observer cette diversité, notamment de papillons et 
d’autres objets volants non identifiés. En plein repas, un combat entre une 
mante religieuse gigantesque et un lézard se termine même dans mon assiette. 
Bon la partie moins drôle pourrait être les vers de peau aux pieds d’Ed, à 
force de marcher dans l’eau ; ces moustiques qui donnent l’impression que la 
malaria est contagieuse de proche en proche, les nuées de guêpes qui viennent 
se délecter de votre transpiration, les mouches tsé-tsé aux piqures 
douloureuses, les termites voraces qui détruisent tout à une vitesse 
stupéfiante…
Non non, en fait véritablement les maîtres de tout ici, ce sont les fourmis. 
Incroyables créatures qui malgré leur taille sont dotées d’une force 
incroyable et par leur nombre font le cauchemar du marcheur en sandale. Elles 
forment des coulées de milliers d’individus qui traversent la forêt en tous 
sens, vous grimpent dessus si rapidement, se dispersent partout sur votre 
corps et vous assaille de piqûres. Il y a réellement de quoi devenir dingue 
quand on passe dix minutes à essayer de se débarrasser de ces petits démons 
gorgés d’acide formique.
Ai-je déjà dit qu’elle était hostile cette forêt ?`

Je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année et de profiter de 
l’hiver.
En principe nous passerons le nouvel an au village où l’alcool de maïs et le 
vin de palmier seront à l’honneur, au rythme de musique locale et de danses 
traditionnelles.
Belle expérience culturelle en vue.

Des bisous.
Alexis






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