Rebonjour! Je crois que Philippe est déjà dans la liste, non? Un petit commentaire: dans mon message, je me suis bien gardé de dire, à la fin, que je ne croyais pas que les exemples suggérés soient adéquats. J'ai parlé de la disparition totale de certains "petits" ministères (dont Culture, Communications et Condition féminine, Immigration et Communautés culturelles, Relations internationales, Travail). Mais je ne vois pas cela comme étant une piste de solution valable. Et je rajoute deux points. Premier point. Au Canada, fédéral et provinces confondus, pour chaque 1$ collecté par l'impôt sur le revenu, ou collecte 0,26$ via les taxes sur les biens et services. Selon moi, un rééquilibrage doit être fait. Comme en Europe. Pourquoi taxer davantage la consommation? - une TPS (ou TVQ, ou TVO, TVH etc.) ne décourage pas l'épargne. - une TPS est infiniment plus facile (et moins dispendieuse) à gérer qu'un impôt sur le revenu. - une TPS est neutre, en terme de décision de travailler ou de ne pas travailler (ou de faire ou non du temps supplémentaire), ce qui n'est pas le cas de l'impôt sur le revenu. - l'évitement fiscal, avec une TPS, est très rare, peu importe le revenu. Il est facile de ne pas déclarer le bon revenu. Il est plus difficile de se soustraire à la TPS (à part quelques exceptions). - pour le gouvernement, les revenus de TPS sont stables et prévisibles. - à 13%, nous avons le deuxième taux le plus bas des pays de l'OCDE (après les ÉU). La TPS ne tient pas compte du revenu me direz-vous. Vrai et faux. Vrai car le taux de 15% (10% ou 20%, peu importe) demeure le même pour tous. Faux parce que le loyer, l'alimentation et encore quelques certains biens de base ne sont pas taxés. En plus, il y a un crédit d'impôt remboursable pour les faibles revenus. Faux aussi parce que, comme les dépenses de consommation deviennent proportionnellement plus élevées à mesure que le revenu augmente, on se retrouve, de facto, avec une taxation progressive. D'ailleurs, je parle de rééquilibrage entre ces deux types de taxation. L'impôt sur le revenu doit continuer d'exister. Mais je crois qu'on est allé au bout de cette avenue. À ce stade-ci, on devrait dorénavant se tourner vers les taxes de ventes. En plus, une TPS, ça se module aussi. Peut-être pas en fonction du consommateur, mais en fonction du produit. Personne n'a jamais dit que le même taux devait s'appliquer à tous les produits. Deuxième point. L'impôt sur les entreprises. Je trouve qu'il y a ici une incompréhension de la réalité. Les compagnies, qui sont des personnes morales, ne paient pas d'impôt, n'ont jamais payé d'impôt, et ne paieront jamais d'impôt. Ultimement, seules les personnes physiques paient de l'impôt. Alors, il est important de différencier l'entreprise et son propriétaire. On augmente l'impôt des entreprises? D'accord. L'entreprise, comme personne morale, s'en fiche pas mal. Pour arriver dans ses livres, elle a trois options: - elle augmente ses ses revenus (ses prix) et transfère cette nouvelle charge sur les consommateurs; - elle réduit ses dépenses (par exemple, la masse salariale) et transfère cette nouvelle charge sur les travailleurs. Ou encore elle met de la pression sur les fournisseurs, trouve de nouveaux fournisseurs délocalisés, et elle transfère cette nouvelle charge sur les travailleurs de ces entreprises; - ou finalement, l'entreprise absorbe cette nouvelle charge en diminuant ses gains. Donc, on fait payer les investisseurs (les proprios, les actionnaires, peu importe). Comme les décisions sont prises par les propriétaires, il y a peu de chances que cette avenue ne soit explorée. Pourquoi je dis tout ça? Ce n'est pas une question d'hécatombe ou de délocalisation ou de productivité. C'est simplement pour amener une distinction entre les intentions et les résultats. On suggère souvent d'augmenter l'impôt des entreprises pour faire contribuer davantage les riches. C'est noble; chacun participe à la hauteur de ses capacités. C'est beau, sur papier. Mais la réalité est autre: en imposant davantage les entreprises, on vise les proprios, mais on atteint les employés et les consommateurs. Si on veut aller chercher l'argent des riches propriétaires d'entreprises, imposons davantage ces riches, pas les personnes morales que sont les entreprises. Encore une fois, je ne suggère pas d'abolir l'impôt sur les entreprises. Je veux simplement souligner qu'une modification à l'impôt des entreprises affecte... les gens. Souvent les consommateurs. Parfois les employés. Rarement les propriétaires. En encore une fois, avant de me traiter de tous les noms, différencions intentions et résultats. Est-ce que je trouve scandaleux les profits des banques et des compagnies de pétrole (qui demeurent toutefois, ne l'oublions pas, des exceptions)? Évidemment. Mais rediriger (légalement) cet argent vers les coffres de l'état sans que les consommateurs ou les travailleurs ne soient affectés n'est pas si simple que cela. Aussi, un autre point. On pense à l'entreprise comme étant une panacée. Au Québec, il y a environ 450 000 entreprises. 75% de 4 employés et moins. Et 0,1% de 500 employés et plus. Le Québec est une économie de PME. Et, pendant que j'y pense: un autre aspect problématique de l'impôt sur les sociétés, c'est l'extrême variabilité de cette source de revenus (étant donné que les entreprises sont principalement imposées sur leurs profits). Un gouvernement ne pourra jamais utiliser l'impôt sur les sociétés que comme un revenu d'appoint (l'année dernière: 9,5% des revenus totaux Canada et provinces confondus, un peu plus pour le fédéral, un peu moins pour le QC). Ça, c'était le côté "revenus". Je n'ai pas beaucoup à dire du côté des "dépenses", pour l'instant du moins. Je suis convaincu qu'il y a un problème structurel qui peut être résolu. Il y a aussi des absurdités dans l'appareil gouvernemental. Et du bois mort, oui il y en a. Peut-être que le ministère des relations internationales (0,2% des dépenses) ou celui du revenu (1,6%) ne sont pas si pertinents au regard de leur coût. Mais la question va au-delà de cela: qu'est-ce qu'on veut comme état et, c'est là où le bât blesse, sommes-nous prêts, collectivement, à payer pour. Voilà! P.s.: Il y a une chose toutefois: l'avenir est à l'éducation ou, en langage d'économiste, au capital humain. Maintenant, à savoir si cela doit se faire en mettant plus d'argent, en réformant, en valorisant, en séduisant, je ne sais pas trop. Un peu de tout j'imagine. Mais c'est incontournable. Notre capacité, demain, à se payer les services que l'on souhaite dépend de ça. Plus que la santé, plus que les garderies à 7$ et même plus que la dette. -----Message d'origine----- De : debats-bounce@xxxxxxxxxxxxx [mailto:debats-bounce@xxxxxxxxxxxxx] De la part de Alexandre Pérusse Envoyé : 23 juillet 2010 10:05 À : debats@xxxxxxxxxxxxx Objet : RE: Les Finances du Québec Prière d'ajouter phil à cette liste. Personnellement, je crois qu'une hausse des impôts commerciaux et particuliers est la solution la plus honnête du côté des revenus. Entendons nous, plutôt que de créer de ridicule frais obligatoires (santé, garderies et autres) qui sont des impôts sous d'autres noms, implantons-nous nous mêmes une paire de couilles et appelons ça ce que c'est, un impôt. -Augmenter la taxe sur l'essence: bien en concept, mais en pratique beaucoup de gens et ou d'employés dépendent du carburant pour leur travail, ce qui pousserait inévitablement à demander une myriade d'exemptions au gouvernement (camionneurs, représentants, chauffeurs de taxi) qui feraient diminuer les montants obtenus par cette taxe. Même chose pour le transport en commun: soit on augmente pour couvrir l'augmentation du carburant et tous sont pénalisés (de facto identique à l'impôt) ou on n'augmente pas et l'effet est dilué. - Tabac: consommation en baisse, effet mineur. - À ceux qui s'opposent à l'impôt sur les sociétés, j'aimerais un: que l'on me démontre que les entreprises vont "sacrer" le camp (menace traditionnelle). deux: que l'on discute de l'impact sur la productivité qu'aurait la croissance uniquement du fardeau fiscal des particuliers, i.e. la propenton à travailler. Si seuls les particuliers portent ce fardeau, il me semble qu'il y aura, en bonne économique libérale, un désintérêt à travailler qui nuira à la productivité des sociétés, ce qui n'est donc pas plus dans leur intérêt qu'une hausse des impôts. Du côté des dépenses: c'est difficile. Le problème, c'est la maudite démocratie libérale :) Chaque groupe social imaginable a ses intérêts représentés dans la tarte budgétaire: en conséquence, les coupures qui sont pours ces uns un désastre sont pour ces autres une bénédiction. Je crois qu'on s'excite aussi beaucoup le poil des jambes avec la réorganisation. Pas qu'il n'y a rien à couper, mais plutôt que ça fait 150 ans qu'on essaye de limiter la taille de l'état dans les démocraties libérales et ça ne fonctionne pas. Il doit y avoir donc d'autres raisons que 1. les maudits syndicats 2. les politiciens corrompus/pas de couilles 3. le maudit socialisme. Le fait est que c'est difficile. Mais je suis d'accord sur un gros point avec David, c'est que le Québec du PQ a sacrifié beaucoup de $$$ à notre "identité" par des programmes gouvernementaux, i.e. Relations Internationales, Ministère du Revenu, et j'en passe, qui sont des tâches que, contre tout bon sens, on se sent incapable de contracter ou d'abandonner au fédéral sous peur de perdre le pouvoir (lire ici "control freak"). Toutes les provinces canadiennes font collecter leurs impôts par Revenu Canada... sont elles pour autant enchaînées? Le noeud du problème est selon moi la confiance abusive et le rôle prépondérant qu'accorde la culturale sociopolitique du Québec à l'État comme unique moteur de changement sociétal. Nous sommes "progressistes" et voulons que les femmes puissent rester en emploi (énorme jugement prescriptif, ici...)? Garderies à 7$. D'autres exemples me manquent pour l'instant, mais l'État québécois trouve difficile d'encourager des comportements autrement qu'en prenant action lui-même. Dans un milieu de travail, cela équivaut à du mauvais leadership: l'employé ne comprend pas la tâche? Plutôt que de lui expliquer, on la fait à sa place. Résultat? Zéro modification de comportement, aucun incitatif, aucun changement à long terme. Bon j'ai écrit ça un peu sur "un coin table" entre deux rendez-vous au bureau, mais essentiellement, je crois qu'il faudra augmenter légèrement les impôts, et des particuliers et des sociétés (quand même, on est fortement impôsés, surtout dans les familles à un revenu) et imaginer un gel absolu dans la croissance et le développement des programmes. Il faudra aussi mettre un prix sur notre "identité culturelle" et en débattre publiquement, ce qui nécessitera l'appui du PQ (pensez-y donc même pas)... à moins bien sûr qu'on se réveille demain matin et qu'on se rende compte que tous ces ministères d'extra ne contribuent pas du tout au renforcement de ntore identité et que leur disparition est aussi menaçante qu'une fourmi gambadant sur votre patio. Commentaires? ________________________________ Subject: Les Finances du Québec Date: Thu, 22 Jul 2010 17:24:56 -0400 From: David.Bard@xxxxxxxxxxxxx To: debats@xxxxxxxxxxxxx Bonjour à tous, Alors, je me lance pour un premier débat. On a beaucoup parlé du dernier budget du gouvernement du Québec. Peu de gens l'ont aimé, peu importe l'allégeance politique ou économique. Mais, si l'on considère que l'endettement du Québec est problématique, ce qui est généralement admis, il est raisonnable d'espérer une solution à ce problème. Mais laquelle? Voici (dans le tableau excel joint), les chiffres de revenus et de dépenses du gouvernement du Québec pour l'année 2009-10 (avant le budget). Ma question: que feriez-vous? <<Revenus et dépenses 2009-10 QC.xls>> Est-ce qu'on travaille du côté des revenus? - On fait passer la taxe sur l'essence de 15,2¢ à 54,1¢ (et on suppose que la consommation demeure la même malgré tout). - On augmente la taxe sur le tabac de 650% (idem). - On augmente l'impôt des particuliers de 24,4%. - On triple l'impôt des sociétés. - Etc. Ou est-ce qu'on travaille du côté des dépenses: - On coupe toutes les dépenses de programmes (les intérêts sur la dette étant incompressible) de 7%. Mais attention, environ 65% des dépenses du gouvernement du Québec vont en salaire. Alors, difficile de couper les dépenses de programmes sans couper les salaires. Est-ce vraiment ce que l'on veut? - On élimine les ministères suivants: Agriculture, Pêcheries et Alimentation, Culture, Communications et Condition féminine, Développement durable, Environnement et Parcs, Immigration et Communautés culturelles, Relations internationales, Ressources naturelles et Faune, Tourisme, Travail. Et on a 71% du travail de fait. - On élimine aussi le ministère du revenu (et on fait comme dans le reste du Canada, on demande à Revenu Canada de collecter nos impôts). De cette façon, on est rendu à 96% de l'objectif. Et dans tout ça, on ne parle pas encore d'amélioration des services (qui en ont grand besoin: éducation, santé, culture), ni de vieillissement de la population, ni d'allègement de la dette. Pour tout ça, il faut encore plus d'argent! Ou encore, on considère que le problème n'en est pas un de revenus, ni de dépenses, mais de fonctionnement. Alors là, on parle de réformes. Lesquelles? Bref, c'est le genre de sujet sur lesquelles on entend beaucoup de critiques, mais où les solutions ne sont pas simples. David P.s.: en passant, pour les augmentations de revenus ou les diminutions de dépenses, je ne fais que donner des exemples simplistes pour exprimer un ordre de grandeur. Je ne pense aucunement qu'il s'agit là de solutions possibles et encore moins adéquates. ________________________________ Jeux Messenger : mettez vos amis au défi! Jeux Messenger! <http://go.microsoft.com/?linkid=9734391>