Déprimantes et honteuses nouvelles en provenance de Nîmes ! Pour plus de détail, lire ce texte publié sur le site internet de la revue Mouvement. ch.Opérettes, toros et... peinture figurative L'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes dans le collimateur Brutal changement de cap aux Beaux-Arts de Nîmes ! Par courrier recommandé, la municipalité nîmoise (chiraquienne) se sépare du directeur de l'Ecole des Beaux-Arts et le remplace par un peintre « épiphanique ». La centaine d'étudiants qui s'apprêtent à intégrer, mi-octobre, l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes, vont avoir une sacrée surprise : la formation qu'ils vont suivre ne sera pas celle pour laquelle ils avaient postulé ! La municipalité nîmoise a en effet averti, par lettre recommandée en date du 12 août, l'actuel directeur, René Denizot, que son contrat ne sera pas renouvelé. Et ce n'est pas un simple changement de direction, mais une véritable charrette : plusieurs enseignants réguliers à l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes ont été prévenus, de même, qu'ils étaient indésirables. Parmi eux, selon nos informations : le nîmois Hans Birkemeyer, ancien diplomé de l'école, Véronique Joumard, professeur de peinture, Frédéric Delpech, professeur de photographie, et Jeff Ryan, professeur de culture anglo-saxonne. L'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes, jadis fermée par la municipalité de Jean Bousquet (droite), puis réouverte par l'ancienne municipalité de gauche, avait reconquis ces dernières années, une excellente réputation. René Denizot, philosophe et critique d'art qui la dirigeait depuis trois ans, avait développé un projet d'école à la fois contemporain et ouvert sur la ville. Des initiatives qui n'étaient sans doute pas du goût de la nouvelle municipalité nîmoise du RPR Jean-Paul Fournier. Son adjoint «à la culture et à la tauromachie», Daniel-Jean Valade, s'était déjà signalé en jugeant la programmation du Théâtre de Nîmes pas assez conforme au goût de ses administrés: «Les Nîmois réclament plus d'opérettes et de variétés. Nous en tiendrons compte». Le changement de tête à l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes pourrait bien, sur le même modèle, dissimuler un acte de censure à l'encontre d'une culture jugée trop «contemporaine». Le successeur pressenti de René Denizot à la direction de l'Ecole est en effet Dominique Gutherz, un peintre figuratif nîmois de 56 ans, ancien Prix de Rome, dont le site internet nous apprend que «sa peinture est comme son journal intime. Ses sujets quasi exclusifs, sa femme, ses filles, son atelier et les paysages de Provence ont subi avec le temps une lente mais profonde métamorphose. L'émotion, au travers de l'huile et de l'aquarelle, a poussé le dessin à la stylisation et les couleurs sont devenues plus intenses»! Joint par téléphone, ce samedi 24 août, Dominique Gutherz nous a confirmé (en l'absence de toute communication officielle de la Ville de Nîmes) sa prochaine nomination, par détachement, sans le moindre appel à candidature. «J'ai éprouvé le besoin de prendre mes responsabilités», nous a déclaré Dominique Gutherz : «Cette école a traversé pas mal de crises. Depuis sept ans, elle avait pris une orientation qui privilégiait l'art minimal, conceptuel. Ce qui manque, c'est l'enseignement de la peinture». Le poète Yves Bonnefoy, qui compare Dominique Gutherz à Cézanne, Degas, Kleist et Giacometti (rien de moins!), écrit de sa peinture : «Un travail de cette sorte, c'est la perpétuation en cette fin du XX° siècle de ce que tentèrent les maîtres-peintres, sculpteurs, architectes - de l'art que j'appellerai épiphanique, celui par les voies duquel l'être se dégage de la chose, se fait l'apparaître qui troue le voile de l'apparence»! On ne sait pas si le futur diplôme de l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes sera lui aussi «épiphanique», mais on peut s'inquiéter de la dérive de la municipalité nîmoise, plus soucieuse de traditions et de tauromachie que de création (la première décision culturelle de l'équipe de Jean-Paul Fournier aura été de mettre en chantier un Musée des cultures taurines!). Plus grave : si l'Ecole des Beaux-Arts est sous régie municipale, une partie de son financement provient de la Direction régionale des affaires culturelles, et il appartient au ministère de la Culture de valider les programmes et les diplômes. Or, en l'espèce, la Ville de Nîmes décide seule d'un changement de direction qui laisse augurer d'un sérieux retour à l'académisme des contenus de formation. A notre connaissance, le ministère de la Culture n'a pas été consulté... On attend avec impatience la réaction de Jean-Jacques Aillagon, ne serait-ce que par respect pour l'actuel directeur et les enseignants, prévenus du non-renouvellement de leur contrat à quelques semaines de la rentrée, et par respect pour les étudiants qui, eux, n'ont pas été prévenus du tout ! Jean-Marc Adolphe Jean-Marc ADOLPHE .24-08-2002 Ce document provient du site mouvement.net <http://www.mouvement.net>