[cedar] FW: Nîmes

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  • Date: Fri, 30 Aug 2002 00:57:11 +0200

Déprimantes et honteuses nouvelles en provenance de Nîmes !
Pour plus de détail, lire ce texte publié sur le site internet de la revue
Mouvement.







ch.Opérettes, toros et... peinture figurative L'Ecole des Beaux-Arts de
Nîmes dans le collimateur


Brutal changement de cap aux Beaux-Arts de Nîmes ! Par courrier recommandé,
la municipalité nîmoise (chiraquienne) se sépare du directeur de l'Ecole des
Beaux-Arts et le remplace par un peintre « épiphanique ».

La centaine d'étudiants qui s'apprêtent à intégrer, mi-octobre, l'Ecole des
Beaux-Arts de Nîmes, vont avoir une sacrée surprise : la formation qu'ils
vont suivre ne sera pas celle pour laquelle ils avaient postulé ! La
municipalité nîmoise a en effet averti, par lettre recommandée en date du 12
août, l'actuel directeur, René Denizot, que son contrat ne sera pas
renouvelé. Et ce n'est pas un simple changement de direction, mais une
véritable charrette : plusieurs enseignants réguliers à l'Ecole des
Beaux-Arts de Nîmes ont été prévenus, de même, qu'ils étaient indésirables.
Parmi eux, selon nos informations : le nîmois Hans Birkemeyer, ancien
diplomé de l'école, Véronique Joumard, professeur de peinture, Frédéric
Delpech, professeur de photographie, et Jeff Ryan, professeur de culture
anglo-saxonne. 
L'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes, jadis fermée par la municipalité de Jean
Bousquet (droite), puis réouverte par l'ancienne municipalité de gauche,
avait reconquis ces dernières années, une excellente réputation. René
Denizot, philosophe et critique d'art qui la dirigeait depuis trois ans,
avait développé un projet d'école à la fois contemporain et ouvert sur la
ville. Des initiatives qui n'étaient sans doute pas du goût de la nouvelle
municipalité nîmoise du RPR Jean-Paul Fournier. Son adjoint «à la culture et
à la tauromachie», Daniel-Jean Valade, s'était déjà signalé en jugeant la
programmation du Théâtre de Nîmes pas assez conforme au goût de ses
administrés: «Les Nîmois réclament plus d'opérettes et de variétés. Nous en
tiendrons compte».
Le changement de tête à l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes pourrait bien, sur
le même modèle, dissimuler un acte de censure à l'encontre d'une culture
jugée trop «contemporaine». Le successeur pressenti de René Denizot à la
direction de l'Ecole est en effet Dominique Gutherz, un peintre figuratif
nîmois de 56 ans, ancien Prix de Rome, dont le site internet nous apprend
que «sa peinture est comme son journal intime. Ses sujets quasi exclusifs,
sa femme, ses filles, son atelier et les paysages de Provence ont subi avec
le temps une lente mais profonde métamorphose. L'émotion, au travers de
l'huile et de l'aquarelle, a poussé le dessin à la stylisation et les
couleurs sont devenues plus intenses»!
Joint par téléphone, ce samedi 24 août, Dominique Gutherz nous a confirmé
(en l'absence de toute communication officielle de la Ville de Nîmes) sa
prochaine nomination, par détachement, sans le moindre appel à candidature.
«J'ai éprouvé le besoin de prendre mes responsabilités», nous a déclaré
Dominique Gutherz : «Cette école a traversé pas mal de crises. Depuis sept
ans, elle avait pris une orientation qui privilégiait l'art minimal,
conceptuel. Ce qui manque, c'est l'enseignement de la peinture». Le poète
Yves Bonnefoy, qui compare Dominique Gutherz à Cézanne, Degas, Kleist et
Giacometti (rien de moins!), écrit de sa peinture : «Un travail de cette
sorte, c'est la perpétuation en cette fin du XX° siècle de ce que tentèrent
les maîtres-peintres, sculpteurs, architectes - de l'art que j'appellerai
épiphanique, celui par les voies duquel l'être se dégage de la chose, se
fait l'apparaître qui troue le voile de l'apparence»!
On ne sait pas si le futur diplôme de l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes sera
lui aussi «épiphanique», mais on peut s'inquiéter de la dérive de la
municipalité nîmoise, plus soucieuse de traditions et de tauromachie que de
création (la première décision culturelle de l'équipe de Jean-Paul Fournier
aura été de mettre en chantier un Musée des cultures taurines!). Plus grave
: si l'Ecole des Beaux-Arts est sous régie municipale, une partie de son
financement provient de la Direction régionale des affaires culturelles, et
il appartient au ministère de la Culture de valider les programmes et les
diplômes. Or, en l'espèce, la Ville de Nîmes décide seule d'un changement de
direction qui laisse augurer d'un sérieux retour à l'académisme des contenus
de formation. A notre connaissance, le ministère de la Culture n'a pas été
consulté... On attend avec impatience la réaction de Jean-Jacques Aillagon,
ne serait-ce que par respect pour l'actuel directeur et les enseignants,
prévenus du non-renouvellement de leur contrat à quelques semaines de la
rentrée, et par respect pour les étudiants qui, eux, n'ont pas été prévenus
du tout !

Jean-Marc Adolphe


Jean-Marc ADOLPHE  .24-08-2002

Ce document provient du site mouvement.net <http://www.mouvement.net>



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