[cedar] Re: Communiqué: Bugs et virus au SCAN

  • From: douglas edric stanley <destanley@xxxxxxx>
  • To: cedar@xxxxxxxxxxxxx
  • Date: Tue, 26 Mar 2002 01:02:08 +0100

[mes excuses pour mon mauvais Français]...

Cette histoire de SCAN bridé et réduit à portion congrue est
symptomatique de la considération dans la quelle on tient la
recherche en art dans les écoles (et ailleurs aussi). L'étau se
ressert, serrons nous les coudes pour faire front et montrer qu'il
existe une culture réellement politique et qui ne singe pas la
politique contemporaine dont la culture est plus que lacunaire et la
"politique" soumise à ce qui fait force de loi.

Je crois qu'il y a deux choses bien séparés, qu'il ne faut pas mélanger :


1) une vraie politique de marginalisation, de minimisation, de
délegitimsation de ce qu'on appelle "l'art contemporain". Se trouve
dans ce mouvement tous les petits acteurs sans importance mais qui
tiennent les clés de quelques postes politiques (et budgets) d'ici et
là (mairies, régions, etc). Ce mouvement, disons plutôt une
"méfiance" vis-à-vis de l'illisibilité de l'art contemporain, existe
depuis longtemps, que ce soit chez Jean Clair ou chez ceux qui
proposent de "vendre" des collections des divers DRACs et FRACs.
C'est tout simplement du petit esprit, du populairisme débile, et
tout ce que vous voulez. Mais c'est réel et ils sont là pour la
durée. Il faut s'y faire. Et quelques uns de leurs arguments tiennent
la route si vous les écoutiez (mais peu de gens concernés écoutent,
et c'est là où on va avoir de vrais emmerdes).

2) une méfiance à l'intérieur du monde de l'art contemporain
vis-à-vis tout ce qui est "technologie". Pinceau contre Souris.
"Concept Art" contre "code|art". Peur du gadget qui remplacera
l'autonomie de l'objet d'art, peur de la mondialisation (oui, oui, on
nous prends pour des Bill Gates de l'art), peur des déplacements du
territoire politique (déjà si fragile - voir #1), peur de la
"laideur" du pixel, etc, etc. Avant tout, ce qui fait peur, c'est que
les machines, l'email, l'interactivité, les robots, sont *partout*
autour de nous, et beaucoup, voire 90% du monde de l'art de comprend
strictement rien de tout cela. L'intérêt, avant tout.

Le problème, c'est que les gens de la catégorie #1 sont évidemment
l'ennemi, alors que les gens de la catégorie #2 auraient du être les
alliés, et se trouvent bizarrement en train de nous tirer dessus de
notre côté de la barrière, d'où le problème au SCAN.

Alors qu'est-ce que cela veut dire? Que la catégorie #1 n'a peut-être
pas si tort?

[...]

Au dernier SCAN, Paul Devautour a suggéré qu'il était dangéreux de
séparer l'art éléctronique de ce qu'on pourrait appeler (pour aller
vite) l'art contemporain, et que ce croisement avait du sens. Samuel
Bianchini lui a repondu que Paul pouvait tenir un tel discours parce
qu'il arrivait lui, justemment, à faire ce passage...

De plus en plus, je me rends compte que l'ennemi (vous avez compris,
j'aime bien ce mot), ce sont *à la fois* les imbéciles de la
catégorie #1 et ceux de la catégorie #2. Je les mets dans le même
sac. Mais les deux problèmes restent différents.

Je crois qu'il faut 1) d'abord tirer un trait dans le sable, de
mannière plus ou moins radicale vis-à-vis du modèle avant-garde et
autonome de l'art contemporain, quitte à 2) rejoindre l'histoire et
les personnes de ce courrant du 20ème siècle mais de mannière
intélligente. J'ai vu assez de CD-Roms de "peintres", de sites de
"musées virtuelles" et de mondes de réalité virtuelle faits par des
sculpteurs pour comprendre que ce n'est que de la démagogie qui
existe pour faire peur à personne.

Il faut de temps en temps faire peur. Sinon, et surtout en France, on
ne vous jettera que des miettes, comme on fait en ce moment à Jerome.
A quel risque? De se faire jeter, bien sûr. Mais au moins les choses
seront clair.

Ce serait douleureux une telle action, mais je crois que le
communiqué de Jerome montre qu'il y a encore des gens qui ont le
courage d'affronter cette situation ridicule, quelque soit les
conséquences. Sa solution semble plus mesuré que ce que je suggère
ici, il croit encore à un vrai dialogue derrière tout cela. J'espère
qu'il a raison...

--
Douglas Edric Stanley
destanley@xxxxxxx

http://www.abstractmachine.net

Professor of Digital Arts, School of Fine Arts, Aix-en-provence
Artist/Researcher, Interactive Aesthetics Lab (LEI), University of Paris 8

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