[mes excuses pour mon mauvais Français]...
Cette histoire de SCAN bridé et réduit à portion congrue est symptomatique de la considération dans la quelle on tient la recherche en art dans les écoles (et ailleurs aussi). L'étau se ressert, serrons nous les coudes pour faire front et montrer qu'il existe une culture réellement politique et qui ne singe pas la politique contemporaine dont la culture est plus que lacunaire et la "politique" soumise à ce qui fait force de loi.
1) une vraie politique de marginalisation, de minimisation, de délegitimsation de ce qu'on appelle "l'art contemporain". Se trouve dans ce mouvement tous les petits acteurs sans importance mais qui tiennent les clés de quelques postes politiques (et budgets) d'ici et là (mairies, régions, etc). Ce mouvement, disons plutôt une "méfiance" vis-à-vis de l'illisibilité de l'art contemporain, existe depuis longtemps, que ce soit chez Jean Clair ou chez ceux qui proposent de "vendre" des collections des divers DRACs et FRACs. C'est tout simplement du petit esprit, du populairisme débile, et tout ce que vous voulez. Mais c'est réel et ils sont là pour la durée. Il faut s'y faire. Et quelques uns de leurs arguments tiennent la route si vous les écoutiez (mais peu de gens concernés écoutent, et c'est là où on va avoir de vrais emmerdes).
2) une méfiance à l'intérieur du monde de l'art contemporain vis-à-vis tout ce qui est "technologie". Pinceau contre Souris. "Concept Art" contre "code|art". Peur du gadget qui remplacera l'autonomie de l'objet d'art, peur de la mondialisation (oui, oui, on nous prends pour des Bill Gates de l'art), peur des déplacements du territoire politique (déjà si fragile - voir #1), peur de la "laideur" du pixel, etc, etc. Avant tout, ce qui fait peur, c'est que les machines, l'email, l'interactivité, les robots, sont *partout* autour de nous, et beaucoup, voire 90% du monde de l'art de comprend strictement rien de tout cela. L'intérêt, avant tout.
Le problème, c'est que les gens de la catégorie #1 sont évidemment l'ennemi, alors que les gens de la catégorie #2 auraient du être les alliés, et se trouvent bizarrement en train de nous tirer dessus de notre côté de la barrière, d'où le problème au SCAN.
Alors qu'est-ce que cela veut dire? Que la catégorie #1 n'a peut-être pas si tort?
Au dernier SCAN, Paul Devautour a suggéré qu'il était dangéreux de séparer l'art éléctronique de ce qu'on pourrait appeler (pour aller vite) l'art contemporain, et que ce croisement avait du sens. Samuel Bianchini lui a repondu que Paul pouvait tenir un tel discours parce qu'il arrivait lui, justemment, à faire ce passage...
De plus en plus, je me rends compte que l'ennemi (vous avez compris, j'aime bien ce mot), ce sont *à la fois* les imbéciles de la catégorie #1 et ceux de la catégorie #2. Je les mets dans le même sac. Mais les deux problèmes restent différents.
Je crois qu'il faut 1) d'abord tirer un trait dans le sable, de mannière plus ou moins radicale vis-à-vis du modèle avant-garde et autonome de l'art contemporain, quitte à 2) rejoindre l'histoire et les personnes de ce courrant du 20ème siècle mais de mannière intélligente. J'ai vu assez de CD-Roms de "peintres", de sites de "musées virtuelles" et de mondes de réalité virtuelle faits par des sculpteurs pour comprendre que ce n'est que de la démagogie qui existe pour faire peur à personne.
Il faut de temps en temps faire peur. Sinon, et surtout en France, on ne vous jettera que des miettes, comme on fait en ce moment à Jerome. A quel risque? De se faire jeter, bien sûr. Mais au moins les choses seront clair.
Ce serait douleureux une telle action, mais je crois que le communiqué de Jerome montre qu'il y a encore des gens qui ont le courage d'affronter cette situation ridicule, quelque soit les conséquences. Sa solution semble plus mesuré que ce que je suggère ici, il croit encore à un vrai dialogue derrière tout cela. J'espère qu'il a raison...
-- Douglas Edric Stanley destanley@xxxxxxx
Professor of Digital Arts, School of Fine Arts, Aix-en-provence Artist/Researcher, Interactive Aesthetics Lab (LEI), University of Paris 8